L’horizon se couvre encore davantage pour les Juifs en France (info # 020206/19) [Analyse]
Par Guy Millière © Metula News Agency
Les résultats des élections européennes en France peuvent être interprétés de diverses manières. On a vu, le soir des résultats, les dirigeants du Rassemblement National et ceux de La République En Marche crier tour à tour victoire. Leur a succédé la tête de liste des Verts, qui elle aussi a crié victoire.
Chacun d’entre eux a raison : le Rassemblement National l’a effectivement emporté d’une courte tête et a donc gagné, c’est un fait, ce qui ne signifie pas que le Rassemblement National pourra gagner lors d’autres scrutins qui, eux, ne seront pas des scrutins au suffrage proportionnel.
La République En Marche finit à moins d’un point derrière le Rassemblement National et a donc limité les dégâts. Ce n’est pas du tout glorieux pour le parti du président de la République au vu de l’investissement de celui-ci dans la campagne et de l’ensemble des soutiens dont il a bénéficié, mais ce n’est pas humiliant. Et cela permettra à Emmanuel Macron de poursuivre sa politique et d’espérer gagner en 2022 face à Marine Le Pen, qui sera sans doute à nouveau son adversaire.
Les Verts, en atteignant treize pour cent, remportent un véritable triomphe et ont toutes les raisons de pavoiser.
Tout cela étant dit, il importe de regarder les choses de plus près, et si on le fait, on peut légitimement nourrir des motifs d’inquiétude.
Derrière l’émiettement des suffrages que révèle le fait qu’aucun autre parti et mouvement politique n’atteint dix pour cent des suffrages exprimés se lit un paysage politique en ruines.
Le Rassemblement National est désormais le principal parti de droite en France : le seul susceptible d’accéder à un second tour d’élection présidentielle et, au vu des réticences qu’il continue à susciter, cela signifie que la droite en France n’a quasiment plus aucune chance d’accéder au pouvoir dans le cadre d’une alternance, et ce pour très longtemps.
Quiconque désirerait parler des Républicains devrait regarder la réalité en face : Les Républicains sont un parti dont les éléments centristes sont partis en masse vers Macron et ne reviendront pas (le mouvement va sans doute se poursuivre) et dont les éléments conservateurs sont partis quant à eux vers le Rassemblement National (et le mouvement va sans doute se poursuivre aussi).
La République En Marche est désormais le principal parti de gauche en France (qu’on la désigne comme imprégné de libéralisme est grotesque et implique d’ignorer tout du libéralisme), et elle dispose de réserves de voix qui lui assurent un avenir politique, quand bien même Macron restera impopulaire et détesté par une large part de la population. Les Verts, de fait, ne peuvent que soutenir Macron (quand bien même ils le trouvent écologiquement trop timoré ils ne peuvent nier ses penchants écologiques), ce qui reste des socialistes ne pourra aussi que soutenir Macron, ne serait-ce que pour faire “barrage au Rassemblement National”. Les léninistes regroupés derrière Jean-Luc Mélenchon (qui sont eux-mêmes en plein déclin) feront également “barrage au Rassemblement National”.
Cela signifie qu’un président détesté par une large portion de la population restera sans doute au pouvoir au-delà de 2022, vraisemblablement jusqu’en 2027.
Ce n’est pas, démocratiquement parlant, une situation saine. C’est le moins que l’on puisse en dire.
Cela signifie aussi que ce président retrouvera sans doute une majorité écrasante à l’assemblée nationale, bien qu’il soit très minoritaire.
On doit ajouter que ce président n’a cessé de montrer depuis des mois qu’il est favorable à une poursuite de l’immigration en France au rythme où elle se déroule aujourd’hui ; il veut institutionnaliser davantage l’islam en France, et professe des positions nettement anti-israéliennes et “propalestiniennes”.
Il me semblé aisé, hélas, de déduire de tout cela que l’atmosphère en France ne sera pas très propice dans les années à venir pour la sécurité de la population juive, pour le philosémitisme, pour une amitié renforcée entre la France et Israël, et pour une lutte contre l’antisémitisme qui monte partout en France, mais tout particulièrement dans ce que l’on appelait voici quelques années les banlieues de l’islam.
Je sais que ce n’est pas toujours facile de prendre la décision, mais je ne peux pas effacer de ma mémoire une phrase que mon ami Sammy Ghozlan disait lors de conférences que nous avons faites ensemble en France : “Mieux vaut partir que fuir”.