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Sommes-nous réellement libres? Par Rav Ouri Cherky

 

Lorsque nous parlons de liberté, du fait que chaque individu sur terre est libre, qu’entendons-nous ? La liberté est une notion juridique. Elle est définie dans la déclaration universelle des droits de l’homme, proclamant que chaque individu est libre… tant que sa liberté ne porte pas atteinte à la liberté de son prochain.

Néanmoins, cette définition légale ne dit rien sur la personnalité de chacun. Pourquoi est-ce que je choisis ce que je choisis ? Suis-je conditionné par des forces indépendantes de ma volonté à agir tel que je le fais ? De manière paradoxale, la légalisation de la liberté est rendue nécessaire du fait qu’il est difficile de considérer que l’homme soit véritablement libre, de sorte qu’il serait injuste d’exiger de lui un comportement différemment de son conditionnement.

L’approche niant la liberté de l’homme est appelée déterminisme. Le déterminisme a des formes diverses:

  • l’astrologie, qui considère que le destin de l’homme est prédéterminé par la position des astres à la naissance
  • le déterminisme biologique qui fait tout dépendre du profil génétique
  • le fatalisme grec antique considérant que le destin est aveugle
  • le déterminisme de l’islam prétendant que tout est décidé d’avance par Dieu
  • le déterminisme psychanalytique qui recherche les causes du comportement dans les traumatismes fondamentaux de l’enfance
  • le déterminisme historique de Marx, rattachant tout à la lutte des classes
  • enfin, aussi ceux qui font dépendre le comportement des influences sociales, de l’éducation, etc.

Le judaïsme s’élève avec audace contre cette vision et soutient que l’homme est absolument libre de choisir le bien ou le mal. Maïmonide (huitième des « Huit Chapitres ») fonde cette position sur quatre arguments :

  1. l’existence même des Mitsvot sous-entend la possibilité de fauter
  2. la rétribution des actes (récompense et châtiment) serait injuste sans le libre arbitre
  3. l’étude et l’acquisition des connaissances
  4. les activités préventives de l’homme seraient inutiles si tout était prédéterminé.

Il reste toujours une question fondamentale. Notre naissance ne nous est-elle pas imposée? Un passage du Talmud nous permettra de compléter le tableau : « toutes les œuvres de l’Eternel furent crées avec leur accord – Il leur demanda si elles désiraient être créées, et elles acquiescèrent » (TB Roch Hachana 11a, Rachi ad loc.). C’est-à-dire que chaque créature a choisi ses conditions de vie et l’espace dans lequel elle pourra exprimer son libre arbitre avant même d’être créée, à un stade où la différence entre sa volonté et la Volonté divine n’étaient pas encore établie. Elle choisit même sa nation, qu’il s’agisse d’Israël ou d’une autre nation du monde.

Cette idée est sous-entendue par la maxime des Pères (4, 29) : « c’est malgré toi que tu es formé, malgré toi que tu vis et malgré toi que tu meurs, c’est malgré toi que tu auras à rendre compte devant le Roi des rois, le Saint béni Soit-Il ». Cet engrenage inévitable débute à la « formation », le stade de développement atteint quarante jours après la fécondation (TB Sanhédrin 91b), c’est alors que débute la nécessité biologique de l’existence, pas avant.

 

Rav Ouri Cherky

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