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Entre Paradis Perdu et Terre Promise ( film documentaire de David Assouline, 60 mn)

J’ai décidé enfin de mettre en partage mon film « Entre Paradis Perdu et Terre Promise », diffusé en 1997 sur ARTE dans « Les mercredis de l’histoire ». Il raconte l’histoire contemporaine des juifs du Maroc à travers celle de ceux de Sefrou où je suis né il y a 60 ans, leur vie ancestrale commune avec les berbères et arabes, puis leur exode. Ce film peut permettre aux nouvelles générations de découvrir ou de mieux connaître une histoire, qui mérite vérité et lucidité autant que nuance et bienveillance, si souvent occultée ou falsifiée par les propagateurs de haine. Je le commençais par ses mots : « Depuis mon plus jeune âge quand je remplis des papiers pour indiquer mon lieu de naissance, j’écris Sefrou avec la mention « Maroc » parce que personne ne connaît. Colette, fascinée par ce petit coin du Moyen-Atlas perché à 800 m d’altitude au sud est de Fès, écrivait ceci : « le paradis terrestre à peu près tel que nous l’imaginons si nous l’imaginons oriental, peuplé, et restreint. Sefrou est une terre fertile, juteuse, toute frémissante du rire de l’eau .

Les garçons sont beaux, les jeunes juives lisses, étincelantes d’yeux et de dents.Tapi dans des souvenirs d’enfance, Sefrou est resté en moi comme une douce blessure, une mémoire enfantine enveloppée d’une pudique nostalgie. Je suis un des derniers David né à Sefrou qui en a vu naître tant d’autres. Si la ville, quoique transformée, subsiste, le monde dont je suis issu n’y existe plus. La petite Jérusalem du Maroc ne compte plus un seul juif. Pourtant ils commencèrent à s’y installer il y a plus de deux milles ans, avant l’arrivée des arabes et de l’islam, ils furent même au moins aussi nombreux que les musulmans de la ville dans un Maroc où ont vécu 300 000 juifs. Alors que j’interrogeais un ancien il me confia des bobines vieilles d’un demi-siècle gardées dans son grenier depuis. Je découvrais des images proches et lointaines, étranges est familières, d’un monde qui n’est plus mais dont les acteurs vivent ailleurs. Pris dans le tourbillon de l’histoire : protectorat français, création de l’État d’Israël, Indépendance du Maroc, ils sont tous partis, certains en France, d’autres au Canada ou ailleurs, la majorité en Israël. »