Baba Salé: l’homme des miracles
Comme tous les ans, des commémorations ont été organisées en souvenir du Rav Israël Abouhatsira zts’l, appelé respectueusement Baba Salé par ses disciples. Il s’est éteint il y a 35 ans dans la ville de Netivot.
De nombreuses hiloulot ont eu lieu pour marquer la date de sa disparition. Des fidèles en ont profité pour venir se recueillir sur sa tombe.
Le Rav Israël Abouhatsira est né le 1e Tichri 5650 (26 septembre 1889) dans la ville de Rissani, située dans la province sud-marocaine de Tafilalet. Il était le fils du Rav Massoud Abouhatsira et le petit-fils du Rav Yaakov Abouhatsira, auteur du livre Abir Yaakov.
On raconte qu’enfant déjà, il avait pris l’habitude de ne pas manger de viande, de jeûner les jours de la semaine, cela en cachette de ses parents qui lui interdisaient de s’imposer de telles restrictions en raison de son jeune âge.
Rabbi Israël acquit rapidement d’immenses connaissances en Torah, si bien que lorsque mourut son père Rabbi Massoud, Av beth-din et Rav du Tafilalet, il lui fut immédiatement proposé le poste de son père alors qu’il n’avait à l’époque que 18 ans.
Rabbi Israël commença par refuser ce grand honneur qui lui était proposé, mais devant l’insistance de la communauté, il fut forcé finalement d’accepter.
Sous sa tutelle, les Juifs de la région reconnurent qu’ils avaient affaire à un saint homme et appliquèrent scrupuleusement ses directives et conseils.
En 1920, les habitants du Tafilalet, menés par le musulman Mulai Muhamed, se révoltèrent contre l’occupant français.
Les Juifs furent accusés de collaborer avec l’ennemi, et furent perpétrés de nombreux massacres durant lesquels Rabbi David, le propre frère de Rabbi Israël, perdit la vie.
Suite à cela, Rabbi Israël et sa communauté partirent pour Bodniv. Làbas, Rabbi Israël, très affligé par la mort de son frère, entreprit un voyage d’un an en Erets Israël, où, aidé par Rabbi Yossef Chlouch, il publia les livres de son frère disparu.
A son retour à Bodniv, Rabbi Israël accepta le poste de Rav. Deux ans plus tard, Rabbi Israël partit à nouveau pour Eretz Israël, où il fut accueilli par les plus grands rabbanim séfarades de l’époque, émerveillés par son savoir et sa modestie.
Lors de son second voyage en Eretz, Rabbi Israël se rendit à Tsfat, et se dirigea vers la synagogue du Ari Hakadoch, où, à sa grande surprise, l’entrée lui fut refusée.
« Tous ceux qui ont essayé d’y pénétrer n’en sont pas ressortis vivants », lui expliqua le gardien de la synagogue. Rabbi Israël le rassura et parvint à obtenir les clefs de ce saint lieu, et devant une large foule haletante, pénétra dans la synagogue, sortit le Séfer Torah de son arche, et commença à lire à haute voix.
Un halo de lumière scintillante illumina la synagogue et Rabbi Israël déclara qu’à dater de ce jour, tout un chacun pouvait venir à sa guise prier dans ce saint lieu.
Les juifs de Tsfat s’empressèrent autour de Rabbi Israël à sa sortie de la synagogue afin de recevoir sa bénédiction. Sa réputation, déjà considérable à l’époque, ne fit que s’étendre. Lorsqu’il rentra à Bodniv, c’est la charge de grand-rabbin du Maroc qui lui est cette fois proposée, qu’il déclina d’abord à plusieurs reprises, avant de l’accepter.
Il partit alors vivre à Erfoud, dans le sud du Maroc où lui et sa famille demeurèrent jusqu’à la fin de la Seconde guerre mondiale.
Les Allemands ne parvinrent jamais jusqu’à cette région enfoncée du Maroc, protégée par le mérite de Baba Salé qui promit la vie sauve à sa communauté si elle faisait téchouva.
En 1950, alors que de nombreux juifs marocains émigraient pour Eretz Israël, Rabbi Israël prit la décision d’aller lui aussi s’y installer.
Rabbi Israël vécut d’abord à Lod, d’où il partit lorsqu’on lui proposa le poste de Rav, puis à Baka où lui fut offert le poste de grand-rabbin d’Israël, qu’il déclina également.
C’est Nétivot que choisit Baba Salé pour finir ses jours, non sans s’être d’abord assuré que cette petite ville faisait bien partie des frontières d’Eretz Israël.
Là-bas, Rabbi Israël recevra le surnom de « Baba Salé » sous lequel il reste célèbre jusqu’à ce jour, et qui signifie « prier le père », en raison des nombreux miracles qu’il effectuait par ses téfilot.
Son impact sur la communauté de Nétivot et de ses alentours fut immense, et grâce à sa présence, de nombreuses personnes s’engagèrent dans le chemin de la Torah.
Le 4 Chevat 1984, Baba Salé, très malade, mourut à Nétivot. Sa Lévaya rassembla des dizaines de milliers de personnes, anciens bénéficiaires de ses miracles ou simplement venus dire adieu à ce saint homme.