L’ACTE DE CONVERSION OU LE CHOIX D‘ETRE JUIF
Un acte de conversion comprend invariablement : résolution, circoncision, immersion et engagement en présence de trois personnes pour un homme, et la cérémonie homologue pour une femme. Après tous ces actes préparatoires, la personne concernée sera juive, pour toujours.
Le Rav F.D.Soloweitchik nous explique dans « Le Croyant Solitaire » que les enfants d’Israël ont été convertis au Judaïsme, au moment de la sortie d’Egypte… Après le douloureux esclavage, les plaies, et la sortie mouvementée, eux, les descendants de Jacob, qui attendaient ce message depuis la mort de Joseph, eux, devaient encore confirmer qu’ils étaient juif…
Les femmes, nous explique-t-il, ont été converties en Egypte. Les hommes, exceptés, les descendants de Lévy, devaient être circoncis, car seule la tribu de Lévi avait continué à observer cette Mitsva. La circoncision a eu lieu en Egypte. L’immersion pendant les trois jours de préparation au Don de la Thora. Après seulement, au pied du Sinaï, les enfants d’Israël, forts de cette longue préparation ont pu consciencieusement recevoir La Thora.
Sans acceptation consciente des Mitsvot, il n’y a pas de vraie conversion… Ceci est valable dans tous les cas. Ramban est d’avis comme les Tossafot que cette acceptation doit être prononcée devant un tribunal. Pour Rambam, les actes de circoncision et d’immersion sont déjà la preuve de l’intention de l’intéressé d’observer Thora et Mitsvot.
Il est probable qu’un tel acte de validation de notre identité puisse nous être redemandé…un jour ?
Le Sefer Hassidim explique qu’une personne ayant décidé de se convertir : d’observer les commandements positifs et négatifs n’est plus considérer comme pouvoir recevoir de la nourriture non cachère (viande tréfa).
En attendant les juifs sont responsables de leur attitude vis-à-vis des non-juifs. A propos de l’obligation de rapporter des objets trouvés, le Semag (Sefer Litsvot Gadol de Rabbi M de Coucy) insiste sur la nécessité de relations correctes avec les non-juifs, afin que le Nom divin soit sanctifié (Kidouch Hachem), et que par voie de conséquence, les non-juifs puissent envisager de se joindre au peuple juif en se convertissant, l’exil en sera plus court ! Si les juifs sont honnêtes et scrupuleux, alors les non-juifs voudront adhérer à ce peuple. Un des sens de l’exil est de ramener les âmes qui le souhaitent vers le Judaïsme ou le Noahisme (Sept Lois de Noé édictées à Noé). Dans les Chiltré Giborim du Rif, nous lisons que les Prophètes et les Hagiographes peuvent être enseignés aux non-juifs, en raison du message moral qu’ils contiennent.
Ainsi nous avons un rôle moral à transmettre, un rôle à jouer, en direction des hommes en général, à nous de l’envisager et de le mettre en actes.
Ce Message peut traverser le temps et l’espace si sa formulation est actuelle, et ses objectifs clairement explicités. Des hommes et des femmes de tous âges ont pu y adhérer et se diriger vers le Noahisme et parfois, rarement le Judaïsme.
Extrait du Livre « Essai sur la Conversion » de Liliane Ackermann
Citons quelques conversions :
Néron, un gouverneur des légions romaines, fut délégué par l’Empereur contre le peuple juif, cet homme envoya une flèche vers le ciel dans les quatre directions et à chaque fois la flèche retomba sur Jérusalem. Il s’adresse alors à un enfant : « Répète-moi le dernier verset que tu as appris ? L’enfant répond : « Je confierai le soin de ma vengeance contre Edom à la main de Mon peuple Israël ». Néron s’écria : « Le Saint Béni soit-Il veut détruire Sa maison et m’en faire porter la responsabilité ! » Il prit alors la fuite, et se convertit, Rabbi Meir fut l’un de ses descendants.
Flavius Clément, neveu de l’Empereur, Domitien s’est converti.
Les Khazars, royaume important entre le VII ° et X° siècle, au Sud de la Russie, entre la Mer Caspienne et la Mer Noire suivirent leur Roi et les nobles dans leur conversion En l’an 740.
Joseph de Paytan (chantre) est un Ger du 12° siècle.
Le Guer Tsedek nommé Obadia est connu grâce à sa correspondance avec Rambam, Maïmonide, qui le félicite de vouloir être le disciple d »Abraham et de marcher dans sa rectitude.
Les Temps Modernes :
Abraham Ben Abraham appelé aussi selon son titre de noblesse Le Graf Valentine.
Pototski, était un de ces hommes assoiffés de vérité, converti à l’âge adulte. Dénoncé et poursuivi par l’Eglise, il termina ses jours sur l’échafaud, à Vilna, au temps du Gaon de Vilna, le second jour de Chavouot 1746.
Une Association de convertis, s’est occupée d’impressions de livres à Amsterdam puis Salonique et Constantinople.
Volznitzin Alexander Artemyevich , officier dans la marine Russe grâce à son ami Baruch ben Leib. Les deux amis convoqués au Bureau des Investigations Secrètes de Saint-Pétersbourg furent condamnés et brûlés sur ordre de la Tsarine, après un procès, 1738.
Lord Georges Gordon, anglais du 18° siècle circoncis en 1787 et converti priait avec un Minian chez lui. Il a été emprisonné à New Gate, enterré dans le caveau familial.
Le Village de San Nicandro est l’exemple d’une conversion d’abord personnelle de Donato Mandouzio, puis collective en 1931, de tout ce village des Pouilles au sommet des Apennins.
Emmanuel Eydoux rapporte ces faits, dans ses dossiers sur les Temps Messianiques. Le livre de E. Cassin est une étude Détaillée de « L’Histoire d’une conversion.
Pour le Judaïsme, La Conversion demeure un choix individuel et délibéré difficile à assumer, une option de vie avec des contraintes qui demande une étude des textes fondateurs et rituels auxquels le converti doit adhérer dans un contexte de partage collectif spirituel et altruiste fondé sur le lois Ethiques que recouvrent les Dix Paroles de la Révélation.
C’est pourquoi Israël n’a jamais été un peuple de prosélytes qui force à la conversion ou offre des solutions faciles à la conversion.
Mais il n’empêche qu’à toutes les époques le problème de conversion reste récurrent pour tous ceux en recherche d’un « Au delà de soi-même » comme le rappelle Le Grand Rabbin Gilles Bernheim dans l’introduction du livre de Liliane Ackermann.
Alice Benchimol