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Annexion, droit international et duplicité, par David Bensoussan

 

L’auteur est professeur de sciences à l’Université du Québec

Le projet d’annexion  de  la  vallée  du Jourdain suscite   de   nombreux commentaires sur la scène internationale. De quoi en retourne-t-il ? Quelques données historiques En 1967, l’Égypte chassa les Casques bleus de l’ONU stationnésà la frontière israélienne,  bloqua  le  détroit  de  Tiran  et  introduisit  des  armes  lourdes  en grande quantité au Sinaï. Au terme de la guerre des Six Jours, la péninsule du Sinaïfut  conquisepar  Israël;  il  en  allamême deshauteurs  du  Golan lesquelles avaient  servide  positions  de  tirde l’armée syrienne contre les villes et villages d’Israël. La Jordanie qui s’était jointe à la guerreperdit la Cisjordanie qu’elle occupait depuis 1948.  La  résolution 242 du  conseil  de sécurité de l’ONU prôna le retour à des frontières sures et reconnues dans le cadre d’un accord de paix.Le président Lyndon Johnson avait demandé à son état-majorde définir les frontières de sécurité d’Israël;il lui fut répondu que, mis à part les hauteurs du  Golan, les  hauteurs  de  Cisjordanie  et  la  vallée  du  Jourdain  étaient essentielles  pour  assurer  la  sécurité  d’Israël.Cetteanalyseétait  alors défenduepar  Ygal  Alon  qui  fut  un  des  leaders  de  la  gauche  israélienne. Toutefois,  le  ministre  de  la  Défense  Moshé  Dayan en décida  autrementet opta pour la conservation des territoires conquis et l’attente d’un téléphone des pays arabes. Cet appel ne vint pas et la conférence de Khartoum de 1967 se conclut avec trois non retentissants: pas de reconnaissance d’Israël, pas de négociations et pas de paix.

Il aura fallu attendre la visite de Sadate en Israëlen 1977pour conclure un accord de paix avec l’Égypte qui récupéra alors la péninsule du Sinaï. Le roi Hussein de Jordanie signa un accord de paixavec Israëlen 1994. Six ans plus tôt,   il   avait   renoncé   à   la Cisjordanie.   La   Syrie   continua  sa   politique irrédentiste envers Israël. Le Golan fut annexé par Israël; le monde a critiqué cette annexion bien que comprenant que les négociations de paix devaient nécessairement se  conclure  avec l’incorporation à  Israël des   hauteurs stratégiquesdu Golan.Il était également acceptéque la vallée du Jourdainservirait   de zone tampon  contre  la  pénétration  d’armes  lourdes  en Cisjordanie.  Rappelons qu’une distance d’une dizaine de milles sépare la Cisjordanie de la Méditerranée.La carte palestinienneLa Société des Nations est l’organisme qui a précédé l’Organisation des Nations  Unies.  La  résolution  22 de  la  SDNvotée  à  San  Remo confia  à  la Grande-Bretagne  le  mandat  sur  l’ensemble  de  la  Palestine  en  vue  d’yreconstituerle  foyer  national  juif (Article  6  du  mandat).  La  Palestine mandataire comprenait alors laTransjordanie sur la rive Est du Jourdain (la Jordanie actuelle) dont l’administrationfut  offerte en 1921 au roi d’Arabie évincé  par  la  famille  Saoud  ainsi  que  la  Cisjordanie(la  rive  Ouest  du Jourdain). La Transjordanie devint indépendante en 1946. Le partage de la Cisjordanie  fut votépar l’ONUen  1947.Israëll’accepta.  Cinq  états  arabesrefusèrent le partage etattaquèrent Israël, mais Israëlsurvécut. Unepartie de la Cisjordanie comprenant la vieille ville de Jérusalem fut occupée par la Jordaniel’année suivante. À noter qu’iln’ya jamais eu d’entité étatique palestinienne. Le représentant du Haut Comité arabe aux Nations Unies déclara en 1947 :« La «Palestine» fait  partie  de  la  province  de  Syrie.  Les  Arabes  vivant  en  Palestine  ne  sont  pas indépendants  dans  le  sens  qu’ils  ne  constituent  pas  une  entité  distincte»;  le représentant de l’Arabie Saoudite aux Nations Unies déclara en 1956 :« C’est une connaissance générale que la Palestine n’est rien d’autre que la Syrie du Sud;»pour le président syrien Hafez elAssad«Il n’y a pas de peuple palestinien, il n’y a pas d’entité palestinienne.»Il déclarasans ambages: le but est «de paver les routes arabes de crânes juifs et de saturer cette terre de sang de Juifs et jeter les Juifs à la mer.»Lorsque l’Égypte et la Jordanie occupaient la bande de Gaza et la Cisjordanie(de  1948  à  1967),il  ne  futnullement  question  de  créer  un  état  palestinien. C’est essentiellement après la guerre des Six Jours que l’on parla de la nécessité d’un état palestinien. Par ailleurs, les  réfugiés  de  Cisjordanie  ont bénéficié d’un statut privilégié par rapport aux autres réfugiés du monde, y compris les réfugiés juifs des pays arabes. Contrairement aux autres réfugiés du  monde,  le  statut  de  réfugié  se  transmet  de  père  en  filspour  les Palestiniens seulement. Depuis 1993, soit 45 ans après le conflit de 1948, les agences de l’ONU dédiées aux Palestiniens ont reçuplus de 31 milliards de dollars.Dans les faits,la question palestinienne a servi de prétexteaux dictateursde la   région pour subjuguerleurs populations,   laissant   aux   institutions internationales le soin de s’occuper de la condition des Palestiniens.La cause palestinienneL’éditeur en chef du Nouvel Observateur Jean Daniel a admis quelorsque la guerre du Vietnam fut finie, on craignaitla démobilisation de la gauche. Aussi fut-ildécidé de soutenirà la unela cause palestinienne pour conserver cette unité. C’en fut trop pour la journaliste Élizabeth Shemla qui démissionnade la rédaction du journal pour fonder lejournal en ligne Proche-Orient info. Bénéficiant de la sympathie de la gauche et du discours de martyrpéroré par les  pays  voisins  qui  se  présentent  en  victimes  deguerres qu’ils ont eux-mêmesinitiées, les Palestiniens ont excellé dans la propagande médiatique au  point  que ses  mises  en  scèneont  été  qualifiées de  Pallywood.  Le  film Décryptage de JacquesTarnero  présente unéchantillonéclairant  de  telsmontages scénographiques.

Il  se  trouve  que  la  cause palestinienneest  défendue  par  de  nombreuses personnes qui refusent systématiquement de critiquer les abus des droits de la personne du Hamas ou de l’Autorité palestinienne et restent aveugles devant l’enseignement de la haine non moins systématique et la glorification des assassinats suicides. L’anémie de la paixDepuis l’échec des accords d’Osloratifiés en 1993, la gauche israélienne est en  baisse  régulière,  aprèsque les offres de paix furent suivies d’une série d’assassinats  suicidecontre  des  civils  israéliens.  Quand  bien  même  la barrièrede séparation heurterait la sensibilité d’âmes libérales, il demeure que son érection a fait cesser ces assassinats. Pour  de  nombreux Israéliens,  le  matraquage  insensé  d’Israëldans  les instances  internationales,  tout  comme  l’enseignement  de  la  haine  quasi systématique dans  les  médias  et  les  institutions  éducatives  palestiniens (souvent  financées  par des  institutions européennes) sont  autant  de  clous dans  le cercueil de la paix. Comment faire confiance à ceux qui parlent de paix  à  l’extérieur,   demandent   des   concessions   territoriales –noter l’expérience de l’évacuation de Gaza qui devint une base de missiles iraniens -tout en soumettant leur population àun lavage de cerveau de haine ?Cet état  de  choses  n’est  pas  étranger  à  la  motivation de  nombreux  jeunes israéliens les poussant à s’installer dans les collines dénudées de Judée et de Samarie.

Le monde a donné beaucoup d’importance à ce conflit qui se déroule en terre biblique. Les tentatives de plansde paix se sont succédé sans fin: Conférence de Madrid, Accords d’Oslo,  Wye  River,  Sharm  el  Sheikh,  Camp  David (2000), Taba, feuille de route du Quartet, rencontres d’Aqaba, d’Annapolis, plan de Trump... Les refus palestiniens font rétrécirleurs opportunités telle une peau de chagrin,car ils restentfidèles à la devise de ne jamais manquer une opportunitéde manquer une opportunité. Fait nouveau: des premiers signes d’insatisfaction des refus palestiniens se font entendre dans les pays du Golfe et même en Arabie.Le plan de paix de Tabaprévoyait un arrangement bien plus avantageux que ce  que  les Palestiniens réclamaient,  avec  des  arrangements  territoriaux bipartites. Or, le leadership palestinien a très mal interprété le retrait d’Israël du Liban en 2000; longtemps obnubilé par les harangues téléphoniques des états  limitrophes  promettant  l’extinction  de  l’État  juif,  éperonné  par  la propagande iranienne, le leadership palestinien a pratiquement voté pour le statu quo qu’il déplore officiellement.La duplicité onusienneLe timing de l’annexion  peut  être  maladroit: s’agirait-il  de  rendre  service aux chances électorales du président Trump qui s’appuie sur un électorat évangéliste ?  Mettrait-on en danger le dégel des relations avec les pays du Golfe  ? Donnerait-on  dans  les  mains  de  la  Turquie et à l’Iran un outil de propagande  inespéré  ?  Remettrait-t-on  en  cause  les  accords  de  paix  avec l’Égypte  et  la  Jordanie  ?S’aliénerait-on  une  partie  du  parti  démocrate américain ?Les  cris  d’alarme  sont  nombreux,  notamment  de  la  part  d’instances internationales  qui  ne  cessent  de  victimiser  Israël  tout  en  se  réclamant  du droit  international  qu’ils  bafouent  à  longueur  d’annéeen  ignorant  les multiples  misères  de  la  planète  pour  s’encaserner  dans  des  partis  pris obsessionnels.Par  contre,  l’annexion est  un  désaveu  de l’ONU et met en veilleuse la résolution 242 du conseil de sécurité de l’ONU qui prévoyait une évacuation à des frontières sures et reconnues -mais non encore définies -dans le cadre d’une paix. Une réforme de l’ONU qui est une curée de votes anti-israéliens automatiques serait un des éléments de solution du conflit. La cessation de l’enseignement de la haine est également primordiale pour créer un climat propice aux concessions réciproques.

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