C’est un exilé récent que me présente Bernard Schalscha, cet ancien trotskiste qui, au sein de La Règle du jeu, rassemble, depuis huit mois, les informations sorties de Syrie et attestant la sauvagerie de la répression à Homs, Hama ou Qousseir. L’homme nous raconte les torturés. Les mitraillés. Les enterrements dont profitent les miliciens pour être bien certains de faire des cartons. Et ces nuages de fumée faisant comme un voile de crêpe noir au-dessus des têtes qui, même alors, refusent de plier. Pour lui, la cause est entendue. Un pouvoir qui se conduit ainsi, un pouvoir aussi méthodiquement assassin, un pouvoir qui vous plonge la tête dans le sang, votre sang, quand vous osez la relever, est un pouvoir à l’agonie, fini, aux abois, condamné – question de jours, question de semaines, mais condamné.