On peut situer le debut du mouvement sioniste au Maroc dans les
annees 1900. Des cette epoque des rabbins prirent contact avec Herzl
pour rejoindre le mouvement. Lors du cinquieme congres sioniste en
1921, il fut annonce la creation de succursales de l’organisation
sioniste au Maroc. Il s’agissait d’une participation passive,
d’autant que les debats etaient en Yddish ou en Allemand. D’autre
part les organisations sionistes Europeennes voyaient d’un
mauvais oeil le sionisme trop religieux des organisations d’Afrique
du Nord. Jonathan Thurtz fut envoye au Maroc et fonda en 1926 le
journal de la communaute du maroc : l’Avenir Illustre. Ce journal
fut distribue dans tout le Maroc, et servit de lien entre la
communaute juive, les mouvements sionistes dans le monde et la
Palestine. Les contacts entre le judaïsme marocain et le mouvement
sioniste furent completement coupe suite au declenchement de la
seconde guerre mondiale. Ce n’est qu’apres le debarquement des
allies que des liens se renouerent et que la Aliah des juifs du
Maroc commenca a etre plus importante.
1948-1956 Aliah autorisee
Durant cette periode 92.000 juifs quitterent le Maroc pour Israel.
Suite a la creation de l’etat d’Israel en 1948 le gouvernement du
protectorat francais au Maroc autorisa l’immigration des juifs
marocains vers Israel, limitee par des quotas. Il fut stipule que
l’agence juive etait autorisee a agir uniquement sous le couvert de
l’organisation « Kadima » , organisation caritative qui existait
deja sur place.
En mai 1949, l’agence juive ouvrit un bureau « Kadima » a
Casablanca et un camp de transit a 26 kilometres de la, pres
de Mazagan. Ce camp, dirige par Amos Revel, avait une capacite de
1500 personnes et permettait le sejour temporaire des volontaires
avant leur depart pour Marseille, vers le camp d'Arenas, puis
Israel. D’autre bureaux virent le jour a Fez et Marrakech.
L’independance du Maroc le 03 Mars 1956 marqua la fin de la Aliah
officielle des juifs du Maroc. En mai 1956, sous la pression de
l’Istiqlal a l’interieur du pays et de Nasser qui etait son allie,
le roi Mohamed V, ordonna la fermeture des bureaux de Kadima et
l’evacuation vers Marseille des personnes encore dans le camp de
transit. En quelques jours 9000 personnes arriverent a Mazagan. Les
conditions sanitaires y furent vite insoutenables, manque d’hygiene
et de nourriture, plusieurs tomberent malades et certains moururent.
Les autorites bloquerent les issus afin que personne ne rentre ni ne
sorte du camp.
Apres de nombreuses negociations, le gouvernement autorisa le depart
de 6300 personnes vers Marseille. Dans les faits 12600 juifs
arriverent a prendre la fuite. Le camp fut definitivement ferme le
29 octobre 1956.A partir de cette date, plus aucun passeport ne fut
donne a aucun juif quel que soit la destination souhaitee. Ce fut le
debut de la Aliah clandestine.
Camp de Kadima
(1949-1956)
Famille en transit
dans le camp d'Arenas 1950 - Photo
Albert/Abraham
1956-1961 Aliah clandestine
Durant cette periode 30.000 juifs quitterent le Maroc pour Israel
Avec le declenchement de la lutte pour l'independance du Maroc se
posa en Israël la question de la securite des juifs au Maroc.
En Juillet 1954 le Mossad, en collaboration avec le Departement de
l'immigration de l'Agence Juive, decida d'etablir une mission au
Maroc sous le nom d’organisation juive d'auto-defense
Le reseau clandestin commenca a se mettre en place au Maroc en
ete 1955, sous le nom de Misgeret.
Le premier responsable du reseau pour le magheb fut Shlomo Havilo.
La Misgeret se divisait en 5 branches : la defense (protection du
reseau et de la communaute juive) , le renseignement, l’arriere
(relations entre les autorites locales et les institutions juives)
« ballet » (inscription des emigrants) « chorale » (evacuation des
emigrants)
Les responsables de branches etaient Israeliens. Le recrutement des
cadres et des membres du reseau se faisait au sein des mouvements de
jeunesse deja implantes sur place, mais obliges de rentrer en
clandestinite. Le DEJJ eu un role tres particulier : n’etant pas un
mouvement sioniste, ses activites etaient moins surveillees ce
qui permit a ses membres d’avoir de grandes responsabilites en
prenant moins de risques.
Les premieres communautes a partir furent les juifs des montagnes de
l’Atlas. C’etait des communautes isolees , plus menacees dans les
moments de tensions.
Les familles etaient conduites en autobus, camions ou voitures vers
Tanger. De la elles obtenaient un laisser passer espagnol ou
britannique et etaient acheminees en bateau vers Gibraltar ou
Algesiras.
En juillet 1957 les frontieres furent fermees aux juifs, le passage
clandestin s’organisa par Ceuta et Melilla avec la complicite
secrete du gouvernement espagnol.
A partir de 1958 , a cause des arrestations de plus en plus
nombreuses et de la degradation des relations entre l’Espagne et le
Maroc, Shlomo Havilio mit en place le transport des emigrants au
moyen de barques de pecheurs appartenant a des contrebandiers.
En 1959, les relations postales entre le Maroc et Israel furent
interrompues. Les juifs du Maroc se sentirent prisonniers du pays, a
la merci de n’importe qui pouvant les accuser de sionisme et les
envoyer en prison.
Fin 1959, Isser Harel decida de mettre en place un laboratoire de
faux passeports a Casablanca.
Debut 1960 un service de poste parallele, s’organisa via la France.
Face aux difficultes croissantes, les tensions monterent entre Isser
Harel et Shlomo Havilio. Ce dernier fut limoge et remplace par
Ephraim Rouelle. Alex Gatmon, nouveau responsable de la Misgeret au
Maroc prit ses fonctions en decembre 1960.
A partir de l’ete 1960, une ancienne vedette de la royal air force
fut louee par la Misgueret afin de ne plus dependre de
contrebandiers. Il fut baptise le Pisces. Egoz .
Mais le 11 janvier 1961 le bateau coula pres des cotes d’Alhoceima (voir
article sur le site)
Cet evenement, en devoilant au monde le secret de l'exode des juifs
marocains, souleva une emotion considerable et suscita la colere des
autorites marocaines.. Une campagne d’affichage de tracts de la
Misgeret demandant aux juifs du Maroc de respecter une minute
de silence a la memoire des disparus, appelee operation Bazak,
envenima la situation. De nombreuses personnes furent arretees et
les activites de la Misgeret quasiment stoppees.
Le 26 Fevrier 1961, le roi Mohamed V mouru et son fils Hassan II
acceda au trone. Les negociations reprirent sur de nouvelles bases
avec le nouveau roi. Apres de difficiles tractations, un accord fut
etablit, sous condition que les juifs partent pour toutes
destinations autres qu’Israel dans le cadre d’organisations non
sionistes, que les departs s’effectuent discretement et surtout
qu’une indemnite financiere soit versee. Israel accepta le contrat
et un montant de 50 dollards fut fixe pour chaque personne.
Camp d'Arenas a
Marseille (1946-1966)
Famille en transit
dans le camp d'Arenas 1956 - Photo Elie Cohen
1961-1964 Passeports collectifs, Operation Yakhin
Durant cette periode 80.000 juifs quitterent le Maroc pour Israel
L’accord officieux entre Israel et le roi du Maroc marqua le debut
de l’operation Yakhin.
Fin septembre 1961, les juifs commencerent a recevoir les passeports
qu’ils attendaient depuis des annees.
Le Mossad decida que la Hias servirait de couverture pour la aliah
des juifs vers Israel. Cette association (Hebrew Immigration
associated service) etait une association humanitaire etablie a New
York dont les bureaux au Maroc avaient ferme en 1956. Raphael
Spanien fut nomme a la tete de la Haias pour cette mission.
Mohammed Oufkir (responsable du service de la surete a l'epoque) et
le reseau mirent en place le principe de passeports collectifs
pour faciliter les procedures administratives. Cette idee avait
germe la premiere fois a l’occasion de l’operation murale lors de
l’ete 1961, alors que l’emigration vers Israel etait totalement
paralysee (voir
article sur le site)
27 Novembre 1961, Oufkir signa le premier passeport collectif. Le 28
Novembre 1961 le premier convoi partait vers Israel.. Les voyages
s’organiserent de nuit, par avion ou bateau. Les emigrants etaient
achemines vers le camp de transit Arenas pres de Marseille, puis un
autre bateau les amenaient vers Israel.
A la fin de l’annee 1964 il ne restait plus au maroc que 90 000
juifs. La pluspart des familles isolees avaient emigrees en Israel
ou avaient rejoint les grandes agglomerations. La pluspart des
cadres partirent vers Isrel. Alex Gatmon quitta le Maroc en 1963 et
Ephraim Ronelle quitta Paris en 1964. Les bureaux de la Haias
continuerent a fonctionner mais le reseau diminua ses activites.
Auteur : Arielle.B - tous droits reserves
QUELQUES
NOMS
1948-1956 : Kadima
Amos Revel : directeur de Kadima
Arie Abrahami : charge des relations avec le ministere de la sante
Mendel Vilner : prepose aux contacts avec lea police des des
frontieres
Yaacov Hassan
1956-1961 : La Misgeret
Isser Harel responsable du mossad
Shlomo Havilio responsable du reseau pour le maghreb
Shlomo Yehezquiely premier responsable au maroc
Itzhak Ber prepose aux explosifs
Hagai Lev dirige la branche du renseignement
Yona Zabin responsable de l’entrainement
Carmela Zabin responsable des transmissions
Moche Kadosh, Michel Knafo, Raphael Ouaknine, Menahem
Krief : premiers responsables locaux recrutes au maroc
1961-1964 : Operation Yakhin
Ephraim Ronnelle responsable du reseau pour le maghreb
Alex Gatmon responsable du reseau au maroc
Raphael Spanien responsable des bureau de la Haias
Auteur : Arielle.B - tous droits reserves
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