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Guide de perfection pour moutons casablancais

Guide de perfection pour moutons casablancais

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NDLS : Je voulais élargir au mouton marocain, mais je me suis souvenue que les spécificités casablancaises ne s’appliquent pas dans les montagnes où les rapports humains sont vus d’un autre angle. Ni même à Rabat, où les gens roulent en dessous de la vitesse règlementaire.

La célibataire casablancaise, brushée, manucurée, voilée ou non, elle a une certaine idée de la perfection masculine. Une idée extrêmement précise, un portrait robot de réussite sociale. C’est un fin limier, elle cherche un individu qui répond à des critères si bien codifiés que même la DST y perdrait son expertise. Celle-là, choisis bien où tu comptes l’emmener pour un dîner, parce que Chawarma, mon pote, ça va pas passer. Même de luxe. Faut la conduire, je dis bien conduire, car gare à toi si tu supposes que vous allez vous y rejoindre, dans un resto où limite le serveur fait des saltos pour emmener le plat. Avec une addition qui fera faire des saltos à ton banquier, évidemment. La perfection masculine ne passe pas par des notions floues de « il doit être gentil, intelligent, tendre, me comprendre, m’écouter » mais par un pragmatisme visant un objectif à long terme : la sécurité. Pas l’amour. Ne crois pas, bélier en quête de frisée, qu’elle recherche un flic, mais bien un gardien de la paix. Sa paix à elle. Financière. Je vous vois déjà fulminer, brebis outrées, derrière votre écran « pour qui elle se prend cette p***** de rédactrice à nous traiter de matérialiste ?!!! ». Je ne traite pas, je constate, et sur une majorité. Ce n’est ni à dénigrer ni à fustiger, à déplorer peut-être. Le résultat d’une société patriarcale, où la femme peine à se hisser socialement seule, ou à prétendre au même salaire qu’un homologue à boules à faciès. La réussite sociale de la nana, c’est son mariage. C’est le Graal le mariage. Pas avec n’importe qui évidemment, sinon c’est la loose. On s’illustre à travers le statut de Mme, alors le choix du patronyme est crucial, tu comprends. Si il existe des femmes qui ont envie de s’amuser, comprendre vivre tranquille une relation sans s’immoler par le feu la nuit en rêvant d’une Cartier, d’autres poursuivent un idéal dicté par une société d’apparat et du culte du bien né.

Ci-après, guide pour réussir à déjouer les pièges de la casablancaise et être sûr que son iPhone 6 va répondre à tes whatsapp post-premier rendez-vous.

1. L’appart. Où vis-tu ? Si c’est Aïn borja, déjà ça va être extrêmement compliqué pour toi. Bourgogne, Gauthier, CIL, Aïn Diab (le gros lot), Triangle d’Or, géographiquement tu es déjà favorisé. Le quartier en dit long sur ton loyer, et donc sur ton salaire.

2. Le job. Directeur c’est bien. De quoi ? On s’en fout. Directeur de quelque chose, même si c’est d’une boîte à chaussures. Le statut de dirigeant impressionne même si la seule personne que tu diriges c’est toi-même dans le couloir et c’est déjà pas mal.

 3. La voiture. 103 n’est pas une voiture, une Dacia non plus. Un truc qui sonne allemand, les françaises n’ont plus la cote. Plus y a de chiffre dans le V, mieux c’est. Un truc puissant, qui donne de l’assurance et montre que vous êtes un warrior du bitume en costume. Un golden boy qui a pris 76 ans de crédit pour payer son bolide, mais eh… t’as le bolide, c’est ce qui compte. On détermine le sexyness à l’ampleur de l’empreinte carbone.

4. Tu dois connaître les endroits « à la mode ». Avec tous les restos qui ouvrent chaque semaine à Casa, t’as pas intérêt à l’emmener se sustenter à Aladdin. Un truc sushi croisé thaï croisé italien comme à New York c’est le minimum. Tu passes la prendre, tu payes, tu la raccompagnes, et tu ne tentes rien après le dessert. Tu dois payer une autre fois d’abord, dans un autre resto, ou un bar trendy où les nanas font semblant de danser parce que danser vraiment ça fait fille légère. L’expo ça marche aussi, mais paye le gardien. Important, faut payer un truc.

5. Tes hobbies. Tu dois faire du sport, parce que tu es dynamique. Un jeune cadre dynamique. Donc, tu vas à la salle de sport. Un truc comme Sport Plazza, parce que c’est à Californie. Le vélo, c’est trop écolo, le surf c’est trop hippie. Tu peux aimer l’art, mais que dans les vernissages des galeries à la mode. La photo, c’est tendance.

6. Tes amis. Ils sont tous aussi directeurs de quelque chose. Ça fait bien d’avoir des amis connectés. Haut placés. Haut responsable, comme pour Valencia. Ils ont étudié à l’étranger, Montréal ou les US, parce que la France (mis à part Paris) c’est has been.

7. Tes vacances. Tu as un visa Schengen. Le Maroc c’est bien, mais le Nord et seulement à une période précise. Le reste c’est Espagne, le ski dans une station au nom de gâteau, New York, les îles, et la Turquie. La Turquie ça fait je me cultive sur le monde musulman plus évolué.

8. Tu es beau. Normalement tu l’es déjà avec les critères précédents. La beauté intérieure. Celle du portefeuille donc. Mais beau, dans le sens soigné. Bien habillé, douché, coiffé, la base. Avec un peu d’Armani vaporisé dans le cou.

9. Tu as des valeurs. Boursières. Valeurs masculines comme responsabilité, famille, déjeuner dominical chez les grands-parents. Un ensemble de signes qui montrent que tu seras un mari rêvant de stabilité et de merveilleux dîners préparés par une cuisinière sénégalaise sans papiers.

10. Tu es courtisé. A savoir, si tu ne l’es pas vraiment, faire croire que si. Ne pas être disponible tout le temps, donner l’impression que mille bent’nass hurlent ton nom au pas de ta porte. Faut être un trophée qui fera baver ses copines et mieux, ses ennemies.

http://nssnss.ma/

 

 

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