Le Mellah… refuge des Juifs marocains
Adam Elbaz
Les Mellahs, quartiers des Juifs, qui étaient répandus dans diverses villes du Maroc, ont contribué pendant de nombreuses années à la préservation de la mémoire et du patrimoine juifs. Mais, abandonnés par leurs propriétaires à partir des années 1950, ces espaces ont sombré dans le délabrement.
Dans les autres pays arabes, les Mellahs sont appelés « Quartiers des Juifs ». Mais ce qui caractérise le Maroc, c’est que quasiment toutes villes antiques, telles que Salé, Fès, Meknès, Marrakech, Rabat, Casablanca, Essaouira, et même Taroudant, disposent d’un Mellah.
Les chercheurs sont en désaccord au sujet de l’origine du nom « Mellah ». Certaines études indiquent qu’il s’agissait d’espaces dans lesquels le sel était stocké avant son exportation, alors que d’autres récits indiquent que ce nom remonte aux années 30 du XVe siècle, sous les Marinides, époque durant laquelle les Juifs marocains étaient chargés de saler les têtes coupées des adversaires du sultan, afin de les momifier et de les suspendre aux murs.
Le premier quartier juif, ou Mellah mis en place au Maroc, se trouvait à Fès, ancienne capitale du Maroc, et plus exactement en 1438.
Si certains chercheurs qui ont vu dans les Mellahs une sorte de «ghettos » réservés à la population juive, d’autres affirment, au contraire, que la raison véritable derrière la fondation de ses quartiers était de protéger les Juifs marocains et de leur réserver un espace pour qu’ils puissent pratiquer leurs rituels en toute sécurité.
L’écrivain marocain et professeur d’histoire Mohamed Kanbib, spécialiste en histoire des juifs marocains, a déclaré dans son livre Musulmans et juifs au Maroc … des racines jusqu’à nos jours, que « la décision de construire des quartiers pour les juifs a été prise par les Sultans marocains qui voulaient les protéger car ils constituaient une source financière importante pour la trésorerie de l’Etat. Les Juifs étaient appelés à rester entre les murs de leur quartier afin de ne pas pâtir des chaos et des affrontements qui pouvaient avoir lieu dans les villes. »
Le Mellah était un centre commercial important dans toutes les villes marocaines et son cœur battant. Il abritait de nombreux métiers de base exercés par les Juifs tels que l’orfèvrerie, la couture, la menuiserie et la cordonnerie. Le Mellah était indépendant du reste des quartiers musulmans, que ce soit au niveau de sa gestion, que de la législation qui y est en vigueur et qui n’est autre que la législation hébraïque.
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