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Je vous prie de m'excuser

 

Etre israélien, ce n'est pas seulement être citoyen d'un pays, c'est aussi l'appartenance à une nation, la possession d'une identité juive qui nous a si souvent été contestée, refusée ou niée, c'est l'adhésion à des valeurs de tolérance et d'humanisme.

C'est donc à ce titre que je me dois de faire mon autocritique. C'est la raison pour laquelle je demande à mon gouvernement d'en tirer toutes les conséquences et de prendre les mesures appropriées à l'instar de celles des pays qui ont convoqué les ambassadeurs israéliens cette semaine suite au projet de construction de 3.000 nouvelles unités de logement en zone E1.
Car, depuis ma naissance, je suis un voleur de terres et je me suis rendu partout ou presque, où sévissait l'occupation.

En effet, je vous prie de m'excuser d'être né en Belgique, un pays qui n'existe que depuis 1830. 
Etant donné les problèmes ethniques et linguistiques de cette entité, l'Onu devrait intervenir pour imposer soit un rattachement de la Flandre et de Bruxelles (sauf Uccle et Ixelles) aux Pays Bas, et de la Wallonie ainsi que des deux communes francophones de Bruxelles à la France, ou alors exiger une formule de deux Etats pour deux peuples avec Bruxelles sous contrôle européen. 

Je demande donc au gouvernement israélien de convoquer l'ambassadeur de Belgique (qui vient d'ailleurs de présenter ses lettres de créances au président Pérès cette semaine) pour lui demander de démanteler son pays afin de mettre un terme aux tensions entre les deux ethnies ennemies.

Je vous prie de m'excuser d'être aussi de nationalité française. Car je me suis rendu en Corse, en Alsace, en Bretagne, dans les DOM-TOM dont les populations vivent sous l'occupation et sur les territoires desquels des colons français construisent des logements et des villas sans se soucier des autochtones.
Par conséquent, je demande à Israël de convoquer l'ambassadeur de France (désolé, rien de personnel, Christophe Bigot est un véritable ami d'Israël) pour lui signifier la condamnation de Jérusalem et exiger la fin de la colonisation. Bien sûr, la France reste une amie, mais nous lui demandons de revenir sur les autorisations qu'elle accorde aux colons français de construire de nouvelles unités de logement qui sont de véritables provocations à l'égard des populations locales. Nous condamnons les violences des deux parties, comme par exemple celles des nationalistes corses, mais aussi celles de la présence militaire française à laquelle nous demandons de faire preuve de retenue.

Je vous prie de m'excuser d'avoir visité la Grande Bretagne, une puissance qui occupe l'Irlande du Nord (Ulster), l'Ecosse mais aussi les îles Malouines dans l'Atlantique-sud, au large des côtes argentines et Gibraltar, une terre espagnole. Si ces territoires ne sont pas occupés, comment se fait-il que l'Ulster et l'Ecosse ont des équipes de football qui concourent aux coupes d'Europe et du Monde ?
Je souhaite donc que mon gouvernement convoque l'ambassadeur britannique afin de lui signifier que cette situation est intolérable, qu'Israël est très attaché à l'émergence d'un Etat écossais, qui a existé de 843 à 1707, à l'unification de l'Irlande, au retour des Malouines à l'Argentine et de l'enclave de Gibraltar à l'Espagne.

Je demande également la convocation de l'ambassadeur américain pour l'occupation des territoires amérindiens dont New York, une terre volée par les colons aux Indiens Lénapes ou Delaware.

Comment ne pas convoquer l'ambassadeur de Russie dont le pays occupe la Tchétchénie où Moscou fait régner la terreur, où sont déployés plus de 100.000 militaires, où le bilan humain du côté de la résistance s'élève à 160.000 morts ? Nous exigeons que la Russie se conforme à la loi internationale, respecte les droits de l'homme, cesse ses provocations et retourne à la table des négociations.

Je pourrais continuer, car la liste est longue. Mais est-il vraiment nécessaire de poursuivre dans la logique grotesque ?

C'est pourtant à cette argumentation absurde qu'ont eu recours les chancelleries occidentales lorsqu'elles ont convoqué cette semaine les ambassadeurs israéliens pour les sermonner, pour "clarification", dit-on en langage diplomatique.
Il est vrai que Netanyahou aurait pu mieux s'y prendre. En faisant passer le projet de construction en zone E1 comme des représailles après la reconnaissance du statut d'Etat non membre de la Palestine à l'Onu, le Premier ministre a perdu en une seconde le crédit diplomatique qu'il avait engrangé lors de "Pilier de défense". 

S'il avait expliqué dès le début que ce projet de constructions de 3.000 unités de logements était prévu depuis longtemps mais qu'il n'est pas prêt, à court terme, à être mis en chantier, s'il avait indiqué qu'Israël ne bloquait pas 92 millions d'euros de taxe collectées pour le compte de l'Autorité palestinienne, mais qu'il transférait cette somme aux débiteurs israéliens de l'AP, comme la compagnie d'électricité, pour couvrir une partie des dettes contractées par les Palestiniens, il aurait ainsi pu justifier les mesures qu'il a prises.

Bien sûr, l'argumentation internationale est hypocrite et ne tient pas. C'est comme si aujourd'hui, la majorité de la population du département de la Seine St Denis, qui est d'origine arabo-musulmane, exigeait l'indépendance, avec les arrondissements nord et est de Paris pour capitale, et pourquoi pas une continuité territoriale jusqu' à Marseille, sans oublier Roubaix.

Si Binyamin Netanyahou n'a pas toujours le sens de la nuance pourtant nécessaire lorsqu'on est aux commandes d'un Etat comme le nôtre, les puissances occidentales ne témoignent pas non plus d'une grande subtilité.

Nous n'avons donc pas de leçons à recevoir d'un pays qui a pratiqué la torture et tué plus de 200.000 civils pendant la guerre d'Algérie pour tenter de garder ses colonies, ni d'un autre qui a commis des crimes et des horreurs au Congo, pas plus que d'un troisième, dont l'Inde, le Pakistan et le Bangladesh se rappellent des atrocités de son occupation et qui nous a mis dans la situation dans laquelle nous sommes, en traçant de quelques coups de crayon les frontières fictives du Moyen-Orient d'aujourd'hui.

Tant que je n'aurai pas fait mon "mea maxima culpa" de colonisateur européen, pourquoi ferais-je mon "mea culpa" de Juif israélien n'occupant après tout que la terre de mes ancêtres ?

Nous fêterons à partir de samedi soir le miracle de Hanoukka. J'aime particulièrement cette fête, car elle symbolise la persévérance et la pérennité de notre Peuple. Si j'avais été un des ambassadeurs convoqués par les chancelleries occidentales, j'aurais offert à mon interlocuteur un chandelier (Hannoukkia). Tel est le message d'Israël au monde.

Hanoukka Sameah à tous.

Par Marc Femsohn pour Guysen International News 

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