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Antisémitisme dans les facs américaines: toute une institution gangrénée

Antisémitisme dans les facs américaines: toute une institution gangrénée

 

Une séquence suscite d’intenses réactions. Elle s’est déroulée mardi, aux Etats Unis, à la chambre des représentants. Trois présidentes d’universités témoignaient de la façon dont elles gèrent les résurgences antisémites sur leurs campus depuis le 7 octobre.

On a là les présidentes des Universités de Harvard, de Pennsylvanie et du MIT, des universités parmi les plus prestigieuses des États-Unis où l’on constate une forte hausse des manifestations antisémites, et à qui on reproche leur laxisme. À ces trois présidentes, on pose la même question. « Appeler au génocide des Juifs constitue-t-il, selon les règles de votre université, de l’intimidation et du harcèlement ? Â»

 

Et elles ont du mal à répondre clairement.

Elles ont du mal à dire clairement que, oui, appeler au génocide des Juifs relève de la menace et du harcèlement selon les standards pourtant stricts de lutte contre les discriminations de leurs établissements. A vrai dire, elles n’y parviennent pas.

L’une d’elles explique : « Nous sommes attachés à la liberté d’expression, même pour les opinions répréhensibles, scandaleuses et offensantes ; si les mots se transforment en actes, on agit Â». Une autre estime que, pour qu’un appel au génocide relève de la menace, il faut bien évaluer le « contexte Â». Il y aurait donc un contexte universitaire où il est acceptable de menacer les Juifs d’extermination.

La question est posée plusieurs fois, elle donne lieu à des contorsions rhétoriques interminables où l’on sent la patte des avocats. L’ensemble laisse un sentiment de malaise.

Qu’est-ce que révèle cette séquence ?

Que la vague antisémite qui resurgit sur les campus américains ne touche pas seulement étudiants et enseignants. Elle trouve une complicité dans l’encadrement académique.

Mais la liberté d’expression qui est mise en avant, c’est un principe constitutionnel.

Un faux nez. Cette liberté d’expression est inconcevable sur les campus dès qu’un propos est suspecté de racisme, de sexisme, d’homophobie, de transphobie. Les universités expulsent alors sans sourciller. Elles prêtent l’oreille à des communautés qui se sentent agressées en permanence par des mots, des pronoms personnels mal utilisés, des auteurs antiques. C’est pour elles qu’ont été édictées les politiques anti-discrimination. Le fameux « contexte Â» qui permet de minimiser l’appel au génocide antisémite, c’est celui-là.

Les dispositifs de protection ne concernent pas les Juifs.

Non. Il faut lire, dans les colonnes de l’Opinion ce jour, l’interview réalisée par Lola Ovarlez d’un enseignant Juif de l’Université de Columbia, qui résume l’hypocrisie : « Les Américains voient les juifs comme des blancs, donc, des privilégiés, pas comme une communauté qui a besoin d’être protégée. Â»

Ce que les universités américaines, travaillées par des minorités revendicatives, leur disent, c’est que l’appel au génocide les concernant fait partie des désagréments que le « privilège » (pour reprendre une expression qui leur est chère) blanc doit aider à supporter en silence. Pour expier le racisme systémique, l’existence d’un antisémitisme académique institutionnalisé est devenue possible.

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