Bonne année 5785
David Bensoussan
Selon la tradition, le nouvel an hébraïque vient marquer la naissance de l’univers. Il constitue également un moment d’évaluation des actes de l’année écoulée et de résolutions à prendre pour la nouvelle année. Il se veut également avoir une portée collective de la destinée d’Israel et de l’humanité.
Une interprétation cosmologique
Ce début du mois de Tishri marque traditionnellement le renouveau de l’année hébraïque, mais évoque également la création du monde. Les lettres du terme Bereshit peuvent également être recomposées en alef betishri, le premier du mois de Tishri.
Du point de vue de la Bible, la Création implique l’existence d’un Créateur. Mais la création soulève la question de l’origine et donc du sens de l’existence. À ce jour, la science ne peut toujours pas formuler la Création avec des preuves scientifiques. Le consensus scientifique accepte que l'univers a commencé par un big bang, sans nécessairement fournir d'explication sur ce qui a précédé cet évènement. La théorie du Big Bang rejoint le thème de la création biblique de la lumière le premier jour. La lumière est une forme d'énergie, et la matière est également une forme d'énergie, ce qui pourrait expliquer la formation de l'univers. La séquence de la création biblique des poissons, de la végétation, des animaux et des humains correspond étonnamment à celle de l’évolution scientifique.
Le matérialisme scientifique nie l’existence d’un créateur, affirmant que la formation des étoiles et la synthèse des premiers éléments remontent à une forme d’énergie originelle, suivies par l'apparition des humains. Il n’en demeure pas moins qu’il est difficile d’admettre que la complexité de l’univers et de ses êtres serait le fruit du hasard, tout comme il serait impossible de penser que le tableau de Mona Lisa fut peint par un coup de pinceau accidentel.
Le but de la création
La théologie biblique propose un scénario où la création de l'univers a un but. Elle est accompagnée de notions essentielles de bien, de mal et d'espoir en un avenir idyllique traduit par le messianisme. En ce qui concerne le bien et le mal, les êtres humains ont la capacité de surmonter la tentation. La parole de Dieu à Caïn fut : « Si tu t’améliores, tu pourras endurer ; sinon, le péché est tapi à la porte... mais sache que tu peux le surmonter (Genèse 4-7). »
Les fêtes solennelles de Rosh Hashana et Kippour nous préparent au Yom Hadine, le jour du jugement. On distingue les relations avec autrui, qui peuvent être réparées par des initiatives appropriées, des relations avec Dieu, qui relèvent de la conscience individuelle.
Le prophète Michée résume ainsi toute l’intention biblique : « Ce que le Seigneur demande de toi ? C’est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde et que tu marches humblement avec ton Dieu (Michée 6-8). » De plus, il décrit l’idéal messianique comme un idéal de paix universelle : « De leurs épées ils forgeront des socs de charrue, de leurs lances des serpes : une nation ne lèvera plus l’épée contre une autre, et l’on n’apprendra plus la guerre (Michée 4-3). »
Dans le Midrash Raba 1-10, il est précisé que la lettre hébraïque ב (beth) qui commence le livre de la Genèse est fermée en haut, à droite et en bas et ouverte à gauche faisant face au reste du texte. Ceci vient préciser qu’il existe une infrastructure sur laquelle repose le monde et il revient aux humains d’agir et de façonner le futur. Lors de la réception des Dix Commandements au mont Sinaï, le peuple a répondu d'une voix unanime à Moïse : « Tout ce qu'a prononcé l'Éternel, nous le ferons et l’entendrons (Exode 24-7). » Le premier commandement donné à Josué successeur de Moïse fut : « Tu méditeras sur la Thora jour et nuit (Josué 1-8). » Il revient à tout un chacun doté de la faculté du libre arbitre de s’engager à comprendre les commandements divins et pas seulement à les appliquer et de méditer sur leur sens.
La dimension collective
Nul ne peut ignorer la singularité de l’histoire du peuple juif et sa rémanence en dépit des multiples vicissitudes qu’il a subi. Le monde scrute à la loupe les actions du peuple juif et au microscope celles de l’État d’Israel. Jamais au grand jamais n’aura-t-on vu autant d’obstination à chercher à prendre Israël en défaut sans même que la demande de conduite éthique de ses ennemis passe par l’esprit. Dans les médias, l’on ne fait guère cas des enfants palestiniens endoctrinés pour être prêts à se suicider en assassinant des innocents !
Devant cette attitude de mauvaise foi, Israël se doit de survivre, quitte, s'il le faut, à faire cavalier seul, tout comme le mentionne la prédiction de Balaam : « Peuple isolé qui ne prendra pas en considération les nations (Nombres 23-9). » Les évènements de l’année passée évoquent le psaume 2 qui parle de la coalition des rois contre Israël et qui conclut par un appel qui peut être traduit : Armez l’innocence. Israël est une démocratie qui peut avoir ses défauts et ne doit répondre qu’à sa propre conscience.
Pour une année de résolutions fructueuses
Commençons donc la nouvelle année par de nouvelles résolutions fructueuses. Ensemble, nous continuons de créer, de construire et de comprendre ce monde complexe dans lequel nous vivons, et ensemble nous pouvons avancer envers et contre tout avec des intentions positives.
Isaïe déclare : (56-1) : « Ainsi parle l'Éternel : observez la justice et faites le bien ; car mon secours est près de venir et mon salut de se manifester. » Les immigrants de plus de cent nations ont été motivés par l'espoir et l'idéal d'une société juste, comme préconisé par les prophètes. Les grandes réalisations découlent des visions utopiques. L'idéal de justice, de droiture et de bonté peut servir d'identité unificatrice dans les crises que traverse le monde juif aujourd’hui.
Que ces principes nous guident pour que la prédiction :« un rédempteur viendra à Sion (Isaïe 8-20) » devienne réalité.
Shana tova à tous!
Commentaires
Publier un nouveau commentaire