Bonne chance Monsieurt Valls :
Parmi les images très fortes qu’il nous a été donné de voir à la télé durant ces deux journées historiques que nous venons de vivre depuis dimanche, une m’a particulièrement frappé et ému, celle du visage triste et digne de l’ancien premier-ministre prenant avec son épouse le TGV pour rentrer chez lui à Nantes, assumant à lui seul et payant des erreurs et un échec qui sont loin d’être uniquement les siens.
Et l’on peut se demander si face au tsunami qu’il a subi dimanche dernier, François Hollande a trouvé les bonnes réponses.
En répudiant sans ménagement Jean-Marc-Ayrault et en nommant premier-ministre Manuel Valls pour lequel il n’éprouverait pas à ce que l’on dit un amour fou, a-t-il répondu aux attentes des Français ?
A-t-il sauvé son quinquennat, la république et son parti ?
Difficile à dire au vu de l’ampleur de l’abstention et de l’ampleur du recul socialiste.
Le désenchantement et la rancœur d’une partie de l’électorat de gauche pour lequel le gouvernement n’a pas été suffisamment à gauche, rejoignent le rejet de ceux qui au contraire pensent qu’il faut aller vers davantage de libéralisme.
Deux colères, deux revendications, qui s’opposent.
C’est-à-dire que le nouveau premier ministre va se trouver écartelé entre ceux qui veulent une politique sociale de plus en plus engagée et la mise en œuvre rapide du pacte de solidarité promis lundi soir par François Hollande et ceux qui regardent davantage vers le pacte de responsabilité et souhaitent une marge de manoeuvre encore plus grande pour les entreprises.
On ne voit pas très bien comment il pourra contenter tout le monde.
Et ce ne sont pas les propos du président de la république au lendemain de son désastre électoral qui permettent d’envisager l’avenir immédiat avec optimisme.
S’il faut réduire les charges sociales, diminuer les impôts et faire plus de justice sociale on se demande où le nouveau gouvernement quelque soient son habileté et sa compétence ira trouver les 50 milliards ou plus dont il va avoir besoin.
D’autant que c’est dans sa majorité, voire même face au président que Manuel Valls rencontrera des difficultés.
Les verts prennent déjà leurs distances et refusent de faire partie du nouveau gouvernement malgré des propositions alléchantes. L’ultra gauche rue dans les brancards.
On peut alors se demander naïvement si l’attitude la plus pertinente, la mieux adaptée pour s’en sortir n’aurait pas été pour François Hollande de dissoudre l’Assemblée Nationale avec le risque calculé et assumé d’aller vers une cohabitation.
Vu la gravité de la situation économique, le taux de chômage, la désaffection d’une partie importante de la population pour la classe politique, la poussée du front national, ne risque-t-on pas de voir un jour la contestation se manifester avec violence dans la rue.
Une dissolution sauverait probablement le parti socialiste du suicide que lui prédit un Jean-Luc Mélanchon apparemment sonné par les évènements et ferait porter sur une droite, pas encore prête pour la relève la responsabilité d’un éventuel échec avant les prochaines présidentielles.
Mais imaginer une telle décision suppose beaucoup d’audace, d’autant qu’elle se heurterait aux intérêts de députés peu empressés de perdre leurs places et de retourner devant leurs électeurs.
De plus, outre le choc psychologique qu’elle entrainerait, elle permettrait de rééquilibrer des pouvoirs dont le maintien actuel dans les mains des seuls socialistes ne correspond plus à la réalité du terrain.
Enfin !… Les choses étant ce qu’elles sont, il faut souhaiter bonne chance à Manuel Valls, dont le succès dans la mission périlleuse qui lui a été confiée serait aussi le nôtre.
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