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Coronavirus en Iran : des images satellite suggèrent un nombre de victimes minimisé

 

 

Coronavirus en Iran : des images satellite suggèrent un nombre de victimes minimisé

Des images publiées par le « New York Times » semblent montrer l’excavation de fosses communes dans un vaste cimetière au nord de Qom.

 

L’Iran passe à la vitesse supérieure pour endiguer la progression de la maladie : les forces de sécurité viennent de recevoir l’ordre, ce vendredi 13 mars, de « vider les magasins, les rues et les routes » dans les 24 heures. « Au cours des dix prochains jours, l’ensemble de la nation iranienne sera surveillée, soit à travers le cyberespace, soit par téléphone et si nécessaire, en personne », a affirmé, martial, le chef d’état-major Mohammad Hossein Baqeri, qui promet : « Les personnes soupçonnées d’être malades seront identifiées. »

L’Iran est officiellement le troisième pays le plus touché au monde par la pandémie de coronavirus, derrière la Chine et l’Italie, avec un dernier bilan de 11 300 cas et 514 morts. Mais des éléments permettent de douter de la vraisemblance du bilan humain annoncé par le régime. Une vingtaine de députés, mais aussi des responsables gouvernementaux et des anciens officiels ont été touchés par la maladie ; certains en sont morts. De manière exceptionnelle, l’Iran a également appelé jeudi le Fonds monétaire international à l’aide, demandant le déblocage urgent d’une enveloppe de 5 milliards de dollars.

Des tranchées à Qom

Des images satellite publiées jeudi par le « New York Times » puis par le « Washington Post » montrent l’évolution de la physionomie du principal cimetière de Qom, une ville sainte du chiisme au sud de Téhéran. Ces images montrent notamment deux tran­chées d’une longueur d’environ 100 mètres, dont l’excavation commence dès le 21 février avant de s’étendre rapidement.

A gauche, des images d’octobre dernier. A droite, des images du 1er mars montrent la présence de tranchées.

Entre le 1er et le 8 mars, l’activité humaine semble s’accroître dans l’enceinte du cimetière, avec la présence de véhicules. Un analyste de la société Maxar Technologies, basée dans le Colorado et qui a fourni ses images au « Washington Post », estime que la taille des tranchées et leur vitesse d’excavation correspondent à des pratiques d’inhumations à la va-vite. Il pointe également la présence d’un stock de chaux, matière utilisée pour accélérer la décomposition des corps.

Une vidéo partagée le 3 mars par l’antenne iranienne de la BBC et relayée par le « New York Times » et le « Washington Post » semble étayer ces hypothèses : « Voici la section des victimes du coronavirus », déclare le narrateur, alors que des hommes vêtus de combinaisons de protection bleues portent un cercueil en direction d’une tranchée.

Minimisation du bilan officiel

Fin février, un élu local avait accusé le minis­tère de la Santé de mentir sur l’am­pleur de l’épidé­mie, affir­mant que 50 décès étaient déjà à recenser dans la seule ville de Qom. A ce moment, le gouvernement déclarait que 12 personnes avaient succombé au Covid-19 dans tout le pays.

Une médecin travaillant aux urgences d’un hôpital d’une grande ville iranienne, interrogée sous couvert d’anonymat par France 24, assure que le nombre de morts est bien plus élevé que le bilan officiel : « Il a fallu attendre le 2 mars pour que le gouvernement annonce le premier décès dans notre ville. Pourtant, nous avons eu des décès de patients atteints du coronavirus dès la mi-février dans notre ville. »
« Les hôpitaux dissimulent des décès dus au Covid-19, en mentant dans leurs comptes rendus. Dans notre hôpital, nos responsables nous ont dit d’indiquer “pneumonie”, “tuberculose” ou encore “arrêt cardiaque” comme causes des décès liés au coronavirus. »

Amir Afkhami, chercheur associé à l’université George Washington, critique auprès du « Guardian » l’imprudence du régime iranien dans sa gestion de l’épidémie : « Parce que la Chine est son principal partenaire commercial, le gouvernement iranien a adopté des mesures préventives inadéquates dans la restriction et le contrôle des arrivées de Chine », déplore-t-il. « Par la suite, le manque de transparence de Téhéran et la réticence du régime à adopter des mesures fortes de confinement et de quarantaine ont contribué à propager le virus ».

Timothée Vilars

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