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Faut-il amener son enfant à la synagogue ?

Faut-il amener son enfant à la synagogue ?

 

A l’approche des fêtes avec leur cortège d’offices et de réjouissances, ou encore toute l'année à diverses occasions, l’une des grandes questions que se posent bon nombre de parents est de savoir ce qu’ils vont bien pouvoir faire de leurs enfants lorsqu’ils devront se rendre à la synagogue. Faut-il les y amener, y ont-ils leur place ? Si oui, à partir de quel âge ? Et dans quelles conditions ?

Si l’on devait brosser un tableau grossier de la situation, nous dirions qu’il est possible de diviser les parents en trois grands groupes :
- ceux qui décident que les enfants seront envoyés à la synagogue avec Papa, car Maman doit se reposer
- ceux qui décident que les enfants sont trop petits pour y aller et qu’ils resteront donc à la maison
- et enfin ceux qui pensent qu’il est bon pour les enfants de se rendre à la synagogue, afin de les habituer à prier dès petits.

Pour amorcer notre réflexion, je poserai tout d’abord une autre question : que doit représenter pour notre enfant ce lieu qu’on appelle le bet haknesset ?Est-ce un lieu où l’on retrouve ses copains, un peu comme le fait Papa ? Ou bien un lieu où l’on peut jouer à cache-cache car il y a pleins de cachettes intéressantes ? On peut aussi courir, à la synagogue. Il y a la cour, il y a les escaliers etc. Ou bien la synagogue est peut-être un lieu où l’on doit adopter un certain comportement, une certaine crainte révérencielle à l’idée de se trouver dans la maison de D.ieu. Peut-être même que ce comportement doit être adopté très tôt, faute de quoi il sera très difficile de l’acquérir plus tard…

Réfléchissons ensemble.

Un enfant n’a aucune notion de l’attitude que l’on doit adopter en pénétrant au bet haknesset et que l’on nomme le mora mikdach, à savoir la crainte inhérente à un lieu saint. Il ne s’agit pas d’une crainte liée à un quelconque châtiment, mais bien plutôt d’un sentiment fort de se trouver en un lieu où réside la Présence divine. Toute la communauté qui prie D.ieu à l’unisson ; les portes du aron hakodech s’ouvrant, laissant ainsi entrevoir les sifré Torah ; les kohanim se tenant sur l’estrade et bénissant la communauté, dont les membres détournent leur regard en signe de crainte ; tout cela crée une atmosphère unique dont il faut s’imprégner dès l’instant où l’on pénètre dans le bet haknesset, l’enfant y compris.

Or cela, le petit enfant n’est pas en mesure de le comprendre. Ces détails et tout ce qu’ils représentent échappent totalement à sa perception. Que va donc faire cet enfant qui se trouve en un lieu nouveau et qui ne saisit pas ce qui est en train de se produire autour de lui ? Tout simplement, ce que font tous les enfants dans cette situation, à savoir jouer, courir, crier, alors que la communauté essaie de se recueillir. Ainsi donc, l’on comprend qu’amener un petit enfant à la synagogue pour des motifs qui n’ont rien à voir avec la synagogue elle-même, comme de soulager la maman fatiguée ou faire prendre l’air au petit, revient à ouvrir la voie à des comportements que nous ne voudrons pas voir plus tard chez nos enfants.

Il est parfois extrêmement difficile pour certains parents d’accepter cette idée.

Ils voudraient tant habituer leur petit à apprécier la synagogue, à prier etc. Mais il s’agit non seulement d’un manque de respect pour la communauté que d’amener leurs petits, mais en plus d’une façon fort maladroite d’enseigner le mora mikdach à ces derniers. Il faut leur laisser le temps de mûrir afin d’être capables de se soumettre à certaines consignes, à faire le silence, à rester assis.

Plus on retardera le moment où l’on amènera notre enfant au bet haknesset, plus on l’aura mis en condition optimale afin qu’il respecte plus tard ce lieu saint et apprécie réellement de s’y rendre.

Rav Eliahou TOUITOU

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Ou de refuser de s'y rendre...
Un lieu saint doit être ouvert à tous sans condition.
Il faut aussi accepter qu'un enfant ne soit pas un objet immobile.
L'important pour appréhender le lieu de prière est aussi de se familiariser avec l'ambiance, les intonations, les couleurs , les copains qu'on a plaisir à y retrouver le temps de mûrir et de s'y rendre aussi pour se recueillir dans la prière lorsqu'on grandit.
Adaptons aussi notre attitude avec le monde dans lequel nos enfants s'inscrivent.
Ne demandez pas à un enfant de se soumettre à des prières solennelles qui n'ont pas beaucoup de sens pour lui et auxquelles il ne comprend rien mais dont il perçoit l'importance contrairement à ce que vous pensez et c'est cette atmosphère qui le marquera toute sa vie.

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