France : Des médecins juifs, pro-vaccin, cibles d’insultes antisémites
Après Agnès Buzyn, Yves Lévy ou encore Jérôme Salomon au début de la pandémie, d’autres responsables de la santé sont toujours la cible d’attaques
Par Times of Israel Staff
« Qui ? » : derrière ce nouveau slogan ambigu ayant fait son apparition il y a peu sur des pancartes lors des manifestations d’extrême droite anti-pass sanitaire, se cache une « référence antisémite rendant les Juifs [et notamment les médecins et responsables juifs] responsables de la pandémie et de la politique vaccinale », a rapporté Libération samedi.
Dès le début de la pandémie, les Juifs dans leur ensemble ainsi qu’Israël ont été accusés d’en être à l’origine et ont été visés par des attaques antisémites – des accusations rappelant celles visant les médecins juifs au Moyen Âge, suspectés d’être des « semeurs de peste noire ».
En France, l’ancienne ministre de la Santé, Agnès Buzyn, caricaturée avec un nez crochu versant du poison dans un puits, un dessin très partagé sur les pages d’extrême droite, a été particulièrement visée. Son mari, Yves Lévy, ex-PDG de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, ou encore Jérôme Salomon, directeur-général de la Santé, avaient alors eux aussi été la cible de ces attaques.
Plus récemment, le 18 juillet dernier, Rémi Salomon, président de la commission médicale d’établissement de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, écrivait sur Twitter : « Comme tous ceux qui ont défendu publiquement la vaccination, j’ai été la cible sur les réseaux sociaux d’insultes, certaines ouvertement antisémites. J’ai jusque-là préféré ne pas répondre pour ne pas leur faire de publicité, mais ce qui s’est passé hier est juste ignoble. »
La veille, le professeur avait défendu la vaccination sur sa page Twitter et condamné explicitement les militants qui s’y opposent.
La généalogie d’Alain Fischer, responsable de la vaccination en France, a elle été « passée au crible sur quelques comptes antisémites », a rapporté Le Point dans un article consacré à l’antisémitisme médical.
Mathias Wargon, médecin urgentiste et mari de la ministre Emmanuelle Wargon, a lui témoigné sur LCI des propos antisémites qu’il avait reçus en quantité. Il précisait qu’on lui avait même proposé de le « remigrer ».
Le médecin Michel Slama, professeur en réanimation au CHU d’Amiens, a lui déposé plainte fin juillet. Après avoir publié une vidéo soutenant la vaccination le 18 juillet dernier, l’homme, de confession juive, a été la cible de nombreux messages haineux, l’accusant notamment d’être un « collabo d’un système nazi » et lui accolant une croix gammée.
« J’ai eu une attaque, peut-être des trolls, par des hackers qui m’ont envoyé de messages ignobles me traitant de médecin nazi, et qui ont placardé sur Facebook des photos de moi avec une croix gammée sur le front. Chacun peut avoir son opinion, l’exprimer, chacun peut avoir une certaine véhémence quand il exprime un point de vue. Mais de là à traiter de nazi un médecin, qui en plus est de confession juive, ça me parait encore plus grave », a-t-il condamné.
Outre ces insultes, les militants anti-pass sanitaire ont, ces derniers mois, dans une forme de révisionnisme, sans cesse détourné, instrumentalisé et banalisé l’étoile jaune, comparant leur sort à celui des Juifs pendant la Shoah.
Chaque samedi, des manifestations anti-vaccination et anti-pass sanitaire ont lieu en France, un mouvement notamment mené et représenté par Florian Philippot, ancien eurodéputé RN, l’humoriste Jean-Marie Bigard, le chanteur Francis Lalanne et l’ancien journaliste Richard Boutry.
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