PUBLIÉ PAR GILLES WILLIAM GOLDNADEL
Cette question juive qui s’invite et cette question juive que l’on évite.
Il est peu d’écrire que j’ai peu apprécié le déplacement spectacle d’Emmanuel Macron au Mémorial de la déportation, dimanche.
Exactement pour les mêmes raisons qu’Alain Finkielkraut, en tant que descendant de déportés, cette visite médiatique m’a choqué.
Une bonne partie de mes écrits portent sur la focalisation névrotique autour de la Shoah et ses effets pervers au plan sociétal et politique.
Dans ce cadre éminemment hystérique, il n’est pas inutile d’écrire d’où je parle. J’ai fait condamner le révisionniste Roger Garaudy. J’ai fait condamner l’humoriste Dieudonné. Et je poursuis aujourd’hui au nom du Congrès Juif Européen, Jean-Marie Le Pen pour ses propos dégoûtants sur la «fournée». Je rappelle au passage qu’Alain Finkielkraut, auteur de l’incontournable Avenir d’une négation* a également peu de leçons à recevoir en matière de lutte contre le négationnisme.
Je suis hanté par la disparition de la yiddishkeit européenne dont je reste inconsolable. Je n’en dirai pas plus, car, à titre personnel et intime, je n’ai jamais supporté tout pathos concernant le sujet. J’ai toujours été partisan d’un deuil pudique. Lorsque j’ai eu l’honneur d’accompagner Nicolas Sarkozy à Jérusalem, j’ai été gêné du nombre de photographes qui nous pressaient à l’intérieur du sanctuaire de Yad Vashem. Le président français n’y était évidemment pour rien, mais je ressentais l’impression d’une manière de profanation qui empêchait le recueillement véritable et la communion avec ces absents au-delà du temps.
Emmanuel Macron, prononçant des déclarations faisant le lien entre la tragédie indépassable d’hier et les dangers présentés aujourd’hui par sa concurrente, a fait de la Shoah un thème électoral.
Emmanuel Macron, annonçant sa visite à l’avance, filmé à l’intérieur du Mémorial, prononçant des déclarations faisant implicitement le lien entre la tragédie indépassable d’hier et les dangers présentés aujourd’hui par sa concurrente, a choisi de faire de la Shoah un thème électoral.
Je ne le crois ni insensible ni insincère, mais je pense sincèrement qu’il n’y a rien gagné. Ni en grandeur, ni en estime, ni en voix dans les urnes. Les morts sans sépulture non plus. Pas plus que leur mémoire dont on remarquera que la trituration obsessionnelle n’a pas été, bien au contraire, bienfaisante pour la protection des juifs survivants.
J’en viens ainsi à la seconde cause de ma protestation, plus politique que la première d’ordre essentiellement symbolique.
Pendant que l’on convoquait une nouvelle fois la question juive d’hier, on prenait grand soin de ne pas évoquer celle d’aujourd’hui.
Le Juif du réel qui signe cet article a toujours affirmé que l’hommage appuyé rendu aux juifs massacrés hier était parfois une commodité pour s’épargner le coût politique d’une défense de leurs survivants, autrement plus dispendieuse.
La question juive qui me tourmente aujourd’hui, ce n’est pas le nazisme allemand défait, c’est l’islamo-nazisme conquérant.
La question juive qui me tourmente aujourd’hui et qui est soigneusement évitée dans le débat pour ne pas déplaire à certains, ce n’est pas le nazisme allemand défait, c’est l’islamo-nazisme conquérant. C’est celui qui a fait des morts à Toulouse ou à Paris et en fera encore demain.
Ainsi, n’est-il pas éclairant, qu’il y a peu, tandis que la communauté nationale philosophait sur la responsabilité pendant l’occupation de la France ou de l’État français, l’idéologie de l’occultation passait sous un silence de mort la défenestration par un musulman radical de Sarah Halimi, dont j’assiste aujourd’hui la sœur éplorée.
Plutôt que de tourmenter Marine Le Pen fantasmatiquement sur sa responsabilité génétique, il eût été plus bénéfique de lui demander de s’expliquer sur certains membres de son parti qui entretiennent des intelligences avec le Hezbollah terroriste allié à l’Iran qui veut détruire Israël.
Nul n’a demandé non plus à Emmanuel Macron de s’expliquer sur le maintien dans son équipe de Mohamed Saou dont il disait au micro qu’il croyait fermé de radio Beur, que c’était «un radical mais quelqu’un de bien»
Pour écrire les choses crûment, celui qui ne votera pas pour Marine Le Pen ne pense pas non plus que la communauté juive de France organisée doive faire d’Emmanuel Macron une sorte de marqueur identitaire.
Ou alors, il faudra le partager fraternellement avec l’UOIF des Frères musulmans qui le soutiennent également.
La question juive qui me tourmente aujourd’hui et qui est soigneusement évitée dans le débat pour ne pas déplaire à certains, c’est de savoir si se poursuivra ou non la culture de la détestation d’Israël dont on sait aujourd’hui qu’elle est le premier levain de l’antisémitisme criminel qui monte. Il était plus facile d’évoquer la Shoah que cette question qui fâche le plus.
La question juive qui me tourmente aujourd’hui et qui est soigneusement évitée dans le débat pour ne pas déplaire à certains, concerne la poursuite ou non d’une immigration islamique de peuplement qui ne constitue certainement pas une chance pour la communauté juive de France.
Qu’on permette enfin à un juif français d’écrire que cette question juive exclue du débat, c’est aussi la question française.
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