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IL PLEURE DANS MON CŒUR COMME IL PLEUT DANS LA VILLE… par Thérèse Zrihen-Dvir

IL PLEURE DANS MON CŒUR COMME IL PLEUT DANS LA VILLE… par Thérèse Zrihen-Dvir

Il pleure dans mon cœur

Comme il pleut sur la ville ;

Quelle est cette langueur

Qui pénètre mon cœur ?

 Ô bruit doux de la pluie

Par terre et sur les toits !

Pour un cœur qui s’ennuie,

Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison

Dans ce cœur qui s’écœure.

Quoi ! nulle trahison ?…

Ce deuil est sans raison.

Seigneur de mon champ verdoyant, ils ont arraché les bourgeons de mes jeunes pousses. Ils les ont écrasées comme de vulgaires débris. Et je suis là devant ce champ dévasté, un déluge de larmes et de pluie me brouillant la vue…

Je ne vois plus rien… J’ai cessé de voir… la tristesse ne me quitte plus. Que ferais-je de mon demain lorsque le soleil brillera dans les cieux et ne réchauffera que le sable qui couvre mes pousses, mes bourgeons… mes fils et mes filles, ceux et celles qui ont offert leurs corps pour que je puisse continuer à vivre.

Mais mon cœur ne se réchauffera plus… Pas même le chant de l’oiseau sur la branche ne m’émeut.

Ils se sont sacrifiés ! Me dis-je… Ils savaient bien que c’est ce qu’ils devaient faire et ils l’ont fait sans crainte, sans hésitation, avec bravoure, avec entrain et persévérance…

Seul le regret de devoir nous quitter assombrissait leur regard. Ils ont ri de notre désarroi, de notre peine que nous nous évertuons à dissimuler, de notre crainte de ne plus pouvoir les étreindre…

Ils ont ri et ils ont crié tous à la fois, d’une même clameur « Gloire à l’Éternel qui nous a accordé le privilège de mourir pour sauver Son peuple, nos frères ».

Il faut que justice soit faite…

Il faut que la décence, la droiture et l’humanisme qui nous animent triomphent… Il faut arracher ces ronces qui pompent de leurs tentacules empoisonnées, le sang de nos germes, de nos graines, de nos vies…

C’est pour que demain, vous puissiez travailler votre terre, planter des fleurs, du blé, des orangers… fruits d’or, et de leur chair, vous vous nourrirez et vous vous perpétuerez.

Là-haut dans les cieux, nous les anges, vous observerons et votre bonheur et bien-être seront notre récompense. Ne nous pleurez plus… Nous savions tous que c’était notre devoir…

Nous ne vous quitterons jamais. Nous serons là lorsque l’enfant naîtra, lorsque vous nous ressusciterez en lui donnant notre nom… Les noms de ces héros que nous avons été et serons pour l’éternité.

Il faut que les lois du Créateur soit tenues et que Son nom soit béni…

Nous ne sommes que Ses outils

pour que la paix règne et que Son royaume devienne un Paradis… 

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