Israël a gagné la guerre (info # 012301/17) [Analyse]
Par Amram Castellion © Metula News Agency
Le spectacle de l’affaissement de la conférence de Paris sur le Moyen-Orient, convoquée à Paris le 15 janvier dernier, était particulièrement suave.
L’ambition initiale, partagée par le Quai d’Orsay et par l’ancien président Obama, était de pousser encore plus loin les effets de la résolution 2334 du 23 décembre 2016 du Conseil de Sécurité de l’ONU. Cette résolution avait, entre autres infamies, déclaré « territoires occupés » plusieurs quartiers juifs de Jérusalem, prétendu décider des frontières d’un futur Etat palestinien sans passer par la moindre négociation avec Israël, et réussi l’exploit de condamner toute présence juive au-delà de la ligne imaginaire du cessez-le-feu de 1949, sans voir rien à redire à l’incitation constante à la violence de l’Autorité Palestinienne et du Hamas.
Dans les jours qui précédaient la conférence de Paris, des diplomates tout émoustillés expliquaient que cette conférence allait conduire à aller encore plus loin, à demander la création d’un Etat palestinien sur tout le territoire placé derrière la ligne imaginaire, et à faire entériner cette demande par le Conseil de Sécurité. Un créneau avait même été réservé pour cela, avec une convocation du Conseil le 17 janvier à New York.
Or, en moins de 24 heures, tout cela s’est effondré. Les mêmes gouvernants qui avaient encouragé leurs diplomates à faire passer la résolution 2334 trois semaines plus tôt, les ont pris par le col pour leur faire entendre raison.
Le Royaume-Uni avait voté la 2334. Trois semaines plus tard, il a insulté les organisateurs de la conférence en envoyant un chef de bureau pour discuter avec les chefs d’Etat et ministres des Affaires Etrangères, en refusant de signer les conclusions de la conférence, et en annonçant qu’il mettrait son veto à toute tentative de faire endosser ces conclusions par l’Union Européenne.
Le Président Hollande – qui avait, lui aussi, fait voter la 2334 – a prononcé une déclaration introductive, qui réduisait à néant l’objet même de la conférence, annonçant que le conflit ne pourrait être réglé que par la négociation directe entre Israël et les Palestiniens.
Pour les Etats-Unis, John Kerry, encore secrétaire d’Etat, a déclaré qu’il n’avait fait le voyage de Paris « que pour éviter que la résolution ne soit trop déséquilibrée en faveur d’Israël ». Il semblait soudain très préoccupé, notamment, qu’elle ne condamne que la colonisation et non l’incitation palestinienne – comme l’avait fait, par exemple, le 28 décembre précédent, un long discours d’un certain John Kerry.
Devant ce retournement politique généralisé qu’ils n’avaient pas vu venir, les diplomates n’ont pas insisté. Il ne leur restait plus qu’à rédiger un texte aussi incompréhensible que possible, à engloutir quelques petits fours et à rentrer chez eux.
On ne connaît pas encore tous les motifs qui ont conduit les sphères politiques occidentales à freiner ainsi l’ardeur de leurs fonctionnaires, mais nos sources diplomatiques mentionnent deux thèmes principaux : d’abord, l’élection de Donald Trump ; ensuite, la situation stratégique plus favorable que jamais à Israël.
L’élection de Donald Trump rend vaine, pour quatre ou huit ans, toute tentative de modifier l’ordre diplomatique international en défaveur d’Israël. Le président Trump ne s’est pas contenté d’annoncer qu’il rétablirait le veto américain contre tout projet de résolution déséquilibré. Il a ajouté à cette annonce (qui ne faisait que revenir à la pratique américaine constante des 40 dernières années, seulement abandonnée par Obama dans ses dernières semaines de présidence) deux nouvelles orientations politiques.
Tout d’abord, les Etats-Unis de Trump se sont déclarés ouverts à une coupure totale ou partielle des fonds qu’ils versent aux Nations-Unies si celles-ci se montrent trop agressives à l’encontre de l’allié hébreu. Or, l’Amérique finance à elle seule 22% du budget des Nations Unies ; et les fonctionnaires internationaux tiennent à leur confort. Venant d’un homme qui a passé une grande partie de sa carrière à imposer des réductions de coûts à des entreprises rétives, la menace est assez crédible pour calmer l’anti-israélisme des diplomates.
Ensuite et surtout, Trump a d’ores et déjà exposé les grandes lignes de la solution qu’il espère donner au conflit : une séparation entre deux entités, mais offrant aux Palestiniens bien moins que les promesses actuelles de l’Occident – qui, parce qu’elles sont trop dangereuses pour Israël, n’ont de toute manière aucune chance de voir le jour.
Les lignes d’un partage futur devront correspondre à la réalité démographique, et non à la ligne imaginaire de 1949. Partout où les Juifs détiennent une majorité démographique sur des territoires suffisants et contigus avec l’Israël d’avant 1967, Israël devra en garder le contrôle. C’est le cas pour ce qu’on appelle les « blocs », soit Givat Zeev, les Maalot, Gush Etzion, Ariel, Maale Shomron / Emmanuel ; peut-être aussi pour la plus grande partie de la vallée du Jourdain. Le reste du territoire – après, sans doute, l’évacuation de petites implantations indéfendables et très idéologiques qui le parsèment – pourra être transféré à une entité qui aura ou non, selon le progrès des négociations, le statut d’un Etat.
Cette politique, qui devrait être celle que poursuivront les Etats-Unis dans les années à venir, est une nette rupture avec les déclarations diplomatiques des cinquante dernières années ; mais elle a l’intérêt, contrairement à ces déclarations, de permettre un partage de la terre à la fois techniquement réalisable (on ne doit évacuer que quelques milliers de personnes et non plusieurs centaines de milliers) et sans danger existentiel pour Israël. Cela ne suffit pas pour dire qu’elle réussira : pour cela, il faudrait que les Palestiniens acceptent d’obtenir quelque chose plutôt que rien. Mais il est absolument certain que les demandes actuelles de l’Occident ne peuvent pas réussir. Le changement de paradigme que Trump veut introduire a, au moins, l’avantage d’obliger les diplomates à raisonner dans un cadre moins fantasmagorique.
Au-delà de Trump, l’épuisement des tentatives diplomatiques d’isoler Israël a une autre raison, plus structurelle : l’ancienne guerre israélo-arabe, qui semblait définir le Moyen-Orient depuis la création de l’Etat hébreu, est aujourd’hui terminée – et Israël a gagné. Il n’y a plus aujourd’hui de menace existentielle sur l’Etat. Au contraire, Israël est devenu, pour la plus grande partie des puissances du monde, un Etat indispensable dont elles ne peuvent pas se permettre de se passer.
L’illustration la plus frappante de la victoire d’Israël réside dans la supériorité absolue que le pays a obtenue sur ses ennemis en matière d’armements.
Les Hébreux sont désormais en mesure de frapper toutes les cibles qu’ils souhaitent dans la région, en se jouant à la fois des missiles sol-air et des systèmes de brouillage, grâce à la gamme de missiles Spike (Tamuz).
Ils sont en train d’apporter la dernière main à la mise en place d’une superposition de systèmes anti-missiles (Flèche 3, Fronde de David et Dôme de Fer) qui rend entièrement vain l’investissement de dizaines de milliards d’euros effectué par l’Iran et ses alliés pour multiplier les missiles menaçant les Juifs.
Les drones israéliens améliorent chaque jour leurs capacités et le type de missions qu’ils peuvent accomplir. Les avions du Khe’l Avir sont équipés de diverses innovations qui améliorent systématiquement les modèles américains d’origine. En matière de renseignement militaire, Israël a acquis sur ses ennemis, en quelques décennies, une supériorité technologique équivalente à plusieurs siècles de développement. En matière de ressources humaines, le système israélien de conscription permet aux meilleurs talents de servir l’Armée au meilleur endroit possible.
Enfin, l’Armée israélienne peut désormais compter sur une véritable alliance stratégique avec l’Arabie Saoudite, engagée avec Israël dans une coopération de sécurité si étroite que toute guerre entre les deux Etats est devenue techniquement impossible. C’est à se demander si le développement impressionnant des systèmes d’armements hébreux, qui a certainement exigé des budgets gigantesques, ne doit pas une partie de ses succès à de discrets financements issus du pétrole de la péninsule.
Quoi qu’il en soit, la supériorité israélienne en matière d’armements et d’équipements militaire est désormais si écrasante qu’elle a des effets non seulement pour les ennemis d’Israël – dont les chances de victoire sont désormais réduites à zéro – mais aussi pour ses alliés et pour les puissances rivales. Il n’y a presque plus une seule puissance qui compte sur la planète et qui n’ait pas besoin, pour sa propre sécurité, d’une compétence israélienne. La Russie, qui a déjà acquis des drones israéliens, espère profiter d’éléments de technologie anti-missile. L’Amérique a besoin d’informations sur la situation au Moyen-Orient, et d’ingénierie israélienne pour développer les modèles qu’elle vend aux Hébreux. L’Europe a un urgent besoin d’aide israélienne pour la lutte contre le terrorisme.
La tension entre la fiction diplomatique – celle d’un Israël éternel coupable, dénoncé par la communauté internationale – et la réalité stratégique d’un Israël indispensable à la sécurité du monde, ne pouvait pas durer éternellement. Or, entre le mythe et la réalité, c’est toujours la réalité qui finit par l’emporter. L’effondrement de la Conférence de Paris n’est que la première étape de l’inévitable reconnaissance internationale de la victoire d’Israël.
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