Israël-Maroc : les liaisons n’ont pas été affectées par la crise sécuritaire.
ISRAËL MAROC. Les liaisons politiques et économiques entre les deux pays durant la crise Israël-Gaza n’ont pas été affectées. C’est un miracle. Il y a eu une sorte « d’arrêt sur image » durant 5 jours. Chacun retenait son souffle. Ceux qui souhaitaient un arrêt des relations binationales n’ont pas gagné. Une alchimie politique existe entre les deux pays qui va bien au delà des mots. Des liens confidentiels entre le Maroc et Israël ont bien eu lieu pour échanger des informations durant les attaques de roquettes du Hamas. Les webinars Israël-Maroc prévus ont tout simplement été reportés. Les leaders politiques israéliens ont été très silencieux.
Durant les onze jours de guerre Israël-Hamas les relations Israël-Maroc ont été sur la sellette… mais de manière discrète. Au Maroc des manifestations ont eu lieu.
En effet, selon la presse marocaine : « De nombreuses voix se sont élevées au Maroc depuis le début des attaques israéliennes pour exiger l’expulsion du chef du bureau israélien de liaison à Rabat et l’annulation de l’accord de normalisation signé entre le Royaume et Israël en décembre. Mardi dernier, la Confédération démocratique du travail (CDT) a même demandé d’expulser le diplomate israélien du Maroc, et de convoquer le chef du bureau de liaison marocain à Tel Aviv, lors d’une séance à la Chambre des conseillers.
Dimanche, des manifestations ont été organisées dans une cinquantaine de villes marocaines, lors desquelles des Marocains ont condamné la normalisation des relations entre Rabat et Tel Aviv, tandis que d’autres ont brûlé le drapeau d’Israël. Le Groupe d’action nationale pour la Palestine a également annoncé l’organisation d’une marche nationale, dimanche 23 mai 2021 à Rabat, en solidarité avec le peuple palestinien et pour condamner l’accord de normalisation. A rappeler que David Govrin, chef du bureau de liaison israélien à Rabat, a quitté le Maroc. Un départ qui a donné lieu à de nombreuses spéculations, avant que le diplomate israélien n’explique, dimanche sur son compte Twitter, son départ par la nécessité de se rendre au chevet de son père hospitalisé ».
Le ministre des Affaires étrangères marocain avait en décembre dernier eu la tâche ardue de trouver les bonnes formules et les mots adaptés pour dépassionner la normalisation des relations avec Israël. « Nous avons des principes et un attachement vis-à-vis de la question palestinienne. Et nous avons des atouts et des canaux qui servent la paix dans la région : personne d’autre ne dispose de l’expérience de cohabitation entre Juifs et musulmans que nous avons. La logique qui a permis au Maroc d’abriter en 1974 le sommet de Rabat, qui a reconnu l’Organisation de libération de la Palestine [OLP], est la même que celle qui a permis au royaume chérifien d’aider les pays qui voulaient la paix dans la région, y compris l’Égypte », avait déclaré Nasser Bourita.
Deux dates qui auront marqué l’histoire récente entre le Maroc et Israël:
DATE N°1. « Mardi 22 décembre 2020. L’avion de la compagnie israélienne El Al s’est posé à Rabat, marquant le premier acte du rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays décidé douze jours plus tôt. Le gendre et conseiller du président américain sortant Donald Trump, Jared Kushner, et le conseiller à la sécurité nationale de Benyamin Nétanyahou, Meir Ben-Shabbat, se trouvaient à bord pour effectuer une visite de quelques heures dans le royaume.
A l’issue d’un entretien avec le roi Mohammed VI à huis clos dans son palais, à Rabat, les délégations israélienne et américaine ont signé six accords de coopération avec le Maroc. « Avec Israël, il s’agit principalement d’investissements dans les secteurs des ressources en eau, de l’aviation civile et bien entendu une coopération sur la question des visas dont les détenteurs de passeports diplomatiques se verront exemptés », précise un officiel à Rabat. La ministre marocaine du tourisme, Nadia Fettah Alaoui, a déclaré à la télévision israélienne que le royaume était prêt à accueillir 200 000 touristes israéliens par an, par le biais de liaisons aériennes directes.
Les Etats-Unis ont, quant à eux, signé un mémorandum d’entente concernant une aide de 3 milliards de dollars pour des projets d’investissements privés au Maroc et dans les pays d’Afrique subsaharienne. « Nous avons fait beaucoup de repérages d’investissements en coulisse au Maroc. C’est une porte vers l’Afrique, ce sont de grands alliés des Etats-Unis », a confié à l’Agence France-Presse (AFP), durant le vol, le directeur exécutif de l’agence américaine de développement DFC, Adam Boehler. »
DATE N°2. Le 20 Mai 2021. Malgré la guerre Israël-Hamas le Maroc et Israël continuent leur volonté de coopérer. Le roi du Maroc a ordonné une aide médicale d’urgence en Cisjordanie et à Gaza mais n’a pas cassé la dynamique de paix Israël-Maroc encouragée par Joe Biden.
Selon une source marocaine : « Le roi Mohammed VI, président du Comité Al-Qods, a décidé l’envoi d’une aide humanitaire d’urgence au profit de la population palestinienne en la Cisjordanie et dans la bande de Gaza ». « Le royaume du Maroc, qui place la cause palestinienne au sommet de ses préoccupations, reste fidèle à son attachement à la réalisation de la solution des deux Etats, vivant côte-à-côte dans la paix et la sécurité, passant par la création d’un Etat palestinien dans les frontières du 4 juin 1967, avec pour capitale Jérusalem Est », rappelle le ministère des Affaires étrangères dans son communiqué ».
La non rupture Israël-Maroc
Casser les initiatives de coopération israélo-marocaines? L’Algérie bien évidemment ne souhaite que cela. Il y a bien eu des manifestations anti-Israël dans plusieurs villes du Maroc.
Les cris des manifestants : « Palestine libre, sionistes dégagez » scandé par la foule alors que certains brûlaient un drapeau de l’État juif, dont la reprise des relations avec le royaume a été fustigée. A Rabat, près d’un millier de manifestants se sont rassemblés dans le centre-ville pour condamner « les violences perpétrées par Israël contre les Palestiniens », selon eux, et le rétablissement des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël.
Il est intéressant pour conclure cet article de citer Michel Taubman (telos-eu.com) : « Après le Soudan vint le tour du Maroc, autre grand pays arabe dont le roi, « Commandeur des Croyants », n’est pas un marginal dans l’islam.
La reprise des relations diplomatiques avec Israël fut annoncée par Donald Trump en personne le 10 décembre dernier. En échange, le président américain a offert au royaume chérifien un cadeau de taille : la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara Occidental.
Éloigné du front moyen-oriental, Rabat n’avait jamais coupé les ponts avec Tel-Aviv. Des bureaux de liaison entre les deux pays avaient même existé dans leurs capitales respectives entre 1994 et 2002.
Contestée par les islamistes marocains, la réconciliation actuelle repose sur un fort terreau humain : la présence en Israël de près d’un million de citoyens originaires du Maroc et le maintien dans ce pays d’une communauté de quelques milliers de juifs, qui a toujours été protégée par la monarchie.
Fait unique dans le monde arabe, l’un des membres de cette communauté, André Azoulay, est le principal conseiller depuis trois décennies des monarques successifs : Hassan II puis son fils Mohammed VI (notre photo) ».
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