Israël-Palestine: trois associations LGBT françaises sur le chemin de la paix
Par Julien Bahloul
REPORTAGE. Les associations LGBT françaises des trois grandes religions sont cette semaine en voyage collectif. Le but: constater que «ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise».
À Tel Aviv
«Je suis juif religieux homosexuel d'origine française et je suis très ému de vous rencontrer», lance un adolescent israélien impressionné, kippa sur la tête, micro à la main. La scène se passe sur le toit de l’Institut français (photo) dans l’une des plus belles rues de Tel Aviv, en présence de l’ambassadeur de France Christophe Bigot. Face à lui, plusieurs dizaines de Français issus des associations Beit Haverim (juifs gays), David et Jonathan (chrétiens gays) et HM2F (homosexuels musulmans de France).
Présents en Israël et en Palestine pour une semaine, ils se sont lancés un pari: montrer que ce qui les rapproche est plus fort que ce qui les divise. Autrement dit, le fait de vivre avec une identité homosexuelle doit pouvoir réunir des hommes et des femmes de religions différentes pour prouver qu’une entente est possible.
«Venir en Israël pour des musulmans ou venir en Palestine pour des juifs, ce n’est pas une démarche évidente, mais c’est ce qui fait la force de notre voyage», explique Frank, le porte-parole de Beit Haverim. «On voulait vraiment venir sur place, pour déconstruire les préjugés, aussi bien du côté israélien que du côté palestinien», abonde dans le même sens Ludovic, fondateur de HM2F.
«C’était très émouvant»
Pour les Chrétiens de l’association David et Jonathan, être membres de cette aventure avait également une importance. Thibault, 50 ans, voit par exemple dans ses coreligionnaires un «trait d’union» entre les communautés. «Vis-à-vis de nos Eglises ou du Vatican qui ne voient en nous que des homosexuels, nous voulons leur montrer que nous pouvons jouer un rôle positif dans la recherche de la paix.» Et de rappeler que l’association HM2F est née grâce au support matériel de David et Jonathan.
Au-delà du pari de la paix, ce voyage était aussi une quête spirituelle. Parmi les participants, beaucoup sont croyants. Marcher dans les pas de Jésus, voir les lieux saints de Jérusalem est une expérience qui marque à vie.
«Je savais que ce voyage serait hors du commun», raconte Cédric, 32 ans. «Je suis venu ici un peu plus tôt. J’ai fait la connaissance de cousins de ma mère installés près de Jérusalem après leur départ d’Algérie pour la première fois de ma vie. C’était très émouvant», témoigne-t-il. Il précise aussi qu’il a pleinement profité des avantages de la Ville sainte en sortant dans le seul bar gay de Jérusalem. «J’ai même pu me balader main dans la main avec un homme dans Jérusalem en sortant de soirée», dit-il avec le sourire.
Ce qui nous rassemble
Catherine Tripon, 51 ans, athée et porte-parole de l’association L'Autre cercle qui lutte contre les discriminations homophobes dans le monde du travail, a tenu à faire partie du voyage. «Si nous, Français, nous sommes capables de nous retrouver pour montrer que ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise, alors l’espoir est possible», estime-t-elle.
«Tout amour semé, un jour fleurira», affirme même Patrick Sanguinetti, porte-parole de David et Jonathan dans une phrase qui, probablement, résume le mieux la motivation qui anime chacun des participants au voyage.
Photo: Julien Bahloul pour TÊTU.
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