Judaïsme et Féminisme : les femmes au pouvoir ?
Les femmes de confession juive entament leur petite révolution… aidées par quelques hommes. Et cela commence, comme souvent, sur Facebook, avec un groupe qui prend de l’ampleur.
L’ordination des femmes rabbins en France est un sujet de discorde depuis le 19ème siècle. C’est en effet en 1860 que des femmes de confession juive ont manifesté pour la première fois de l’intérêt pour des missions rabbiniques au sein de leur communauté. Il faudra attendre 1935 et Regina Jonas, première femme ordonnée rabbin aux États-Unis, pour voir les mentalités évoluer sur le sujet. En France, ce n’est qu’en 1990 que la communauté juive aura « sa » femme rabbin, Pauline Bebe. Suivront Delphine Horvilleur et Floriane Chinsky.
Cette réflexion sur un rôle de commandement religieux au sein de la communauté juive, elle est l’activité principale d’un groupe Facebook, « Féminisme et Judaïsme ». Cette communauté dans la communauté, en quelque sorte, est gérée par cinq administrateurs (deux hommes et trois femmes) dont la mission est de faire vivre le groupe, en suscitant constamment le débat, via des articles et des vidéos, notamment.
Le but est, in fine, d’accompagner l’évolution d’une pensée féministe juive qui conduira, de l’aveu de Sonia Sarah Lypsic, journaliste à Montréal et une des administratrices du groupe, à un accroissement significatif du nombre de femmes dans les instances dirigeantes de la communauté israélite. « Le groupe a été créé par un jeune homme, Michael Amsellem, lors de remous qu’il y a eu suite à la lecture de la Torah par des femmes lors d’une fête juive, à Neuilly-Sur-Seine. Elles avaient bénéficié d’une salle dans une synagogue, et le Consistoire (organisme chargé d’administrer le culte israélite en France, ndlr) avait très mal réagi », nous raconte Sonia Sarah Lypsic.
On apprenait, en août dernier, qu’une femme allait prendre la tête d’une « Midreshet » (« école ») à Jérusalem, et, tout aussi récemment, qu’une autre allait intégrer un tribunal rabbinique, fonction hautement hiérarchique dans la communauté juive. Ces progrès sont par ailleurs reconnus au niveau international, ils sont bien visibles, notamment en Israël et aux États-Unis, où les religieux sont dans une logique perpétuelle de recherche de la modernité.
En France, c’est beaucoup plus compliqué, comme le dit Michaël Amsellem, celui à qui on doit l’existence de « Féminisme et Judaïsme ». « Les juifs de France ne sont pas connectés avec les autres juifs du monde, ils ne sont dans aucun réseau international. Ce conservatisme appauvrit une certaine vitalité, ce qui fait que des questions principales ne sont pas posées », nous affirme le jeune trentenaire. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, des cinq administrateurs du groupe Facebook, un seul habite en France. « Sortir de ce pays permet de s’ouvrir l’esprit », affirme Michael Amsellem. Delphine Horvilleur et Floriane Chinsky, deux femmes rabbins françaises très médiatisées, contredisent légèrement le discours de Michaël Amsellem, mais force est de constater que l’évolution est lente à l’intérieur de nos frontières.
Un article de Sonia Sarah Lypsic sur le blog Judaïsmes mentionne que « la loi juive offre tous les dispositifs pour que le statut des femmes soit égalitaire. Ainsi, elles pourraient monter lire la Torah à la synagogue, étudier le Talmud, être juge rabbinique ou rabbins. Mais encore faut-il que les femmes, avec la complicité de leurs compagnons de route, connaissent bien la loi, que les communautés juives (« kahal ») souhaitent cette évolution et que, in fine, les rabbins avalisent ces orientations ». L’égalité totale dans la religion juive est, à en croire ce papier très bien documenté, pour bientôt.
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