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L'écrivain algérien Boualem Sansal imagine l’islamisme au pouvoir en 2084

L'écrivain algérien Boualem Sansal imagine l’islamisme au pouvoir en 2084

 

 

Le nouveau roman de Boualem Sansal, "2084" sort jeudi dans les librairies françaises. L’écrivain algérien y dépeint un monde dans lequel une mondialisation excessive a conduit l'islamisme au pouvoir.

Inspiré de "1984", le chef d'œuvre de George Orwell, le nouveau roman de Boualem Sansal, "2084", sort le jeudi 20 août en librairie. Il y décrit un pays, l'Abistan, soumis à la cruelle loi d'un Dieu qu'on prie neuf fois par jour et où les principales activités sont d'interminables pèlerinages et le spectacle de châtiments publics.

Selon l'écrivain de 66 ans qui réside dans la petite ville côtière de Boumerdès, à une cinquantaine de kilomètres à l'est d'Alger, "les trois totalitarismes imaginés par Orwell [l'Océania, l'Eurasia et l'Estasia] se confondent aujourd'hui dans un seul système totalitaire qu'on peut appeler la mondialisation". "Nous sommes gouvernés par Wall Street", résume Boualem Sansal.

Mais "ce système totalitaire qui a écrasé toutes les cultures sur son chemin a rencontré quelque chose de totalement inattendu : la résurrection de l'islam", analyse l'écrivain qui se dit "non croyant".

"Dans mon analyse, c'est le totalitarisme islamique qui va l'emporter parce qu'il s'appuie sur une divinité et une jeunesse qui n'a pas peur de la mort, alors que la mondialisation s'appuie sur l'argent, le confort, des choses futiles et périssables", juge le créateur de "Abi" (père), le "Big Brother" islamique, délégué de "Yölah", le Dieu du roman, sur terre.

Si "2084" est une œuvre de pure invention, Boualem Sansal estime que "la dynamique de la mondialisation musulmane se met en place".

"Le terrain à observer est l'Europe. Après le monde arabe et l'Afrique, l'islamisme se propage aussi en Occident avec une présence physique de plus en plus visible de barbus, de femmes voilées et de commerces halal", décrit-il.

"L’autocensure tue le débat"

L'écrivain Michel Houellebecq, souligne-t-il, a "fait" la même analyse dans son roman "Soumission", où il imagine la France de 2022 gouvernée par un parti musulman.

Pour l'auteur du "Serment des barbares", les Européens "se trompent sur l'islamisme comme ils se sont trompés sur le communisme" et sous-estiment la menace.

Notamment à cause de l'autocensure sur la montée de l'islamisme, qui "tue le débat" alors que "le débat c'est comme une plante : si on ne l'arrose pas par la contradiction, il disparaît".

Boualem Sansal laisse cependant poindre une note d'espoir en soulignant que "tous les systèmes totalitaires s'effondrent". "Après le règne de l'islamisme, il y aura une nouvelle mondialisation mais je ne sais pas sous quelle forme", présume-t-il.

Imaginant le sort de son propre pays en 2084, il reste sombre. "Je ne sais même pas si l'Algérieexistera en 2084 sous la forme d'un pays moderne relativement administré" car "la fin du pétrole va la conduire dans une situation indescriptible".

L'écrivain, honni tant par les islamistes que par le régime, juge par ailleurs "terrifiant" le flux des migrants algériens vers l'Europe et l'Amérique du Nord. "L'émigration est un vrai drame. Elle touche les riches, les hyper-diplômés. Quand elle atteint un certain seuil en volume cela veut dire que le pays ne peut être sauvé".

Boualem Sansal est jusqu'à présent resté en Algérie, où cet économiste a mené une longue carrière de fonctionnaire, en se souvenant que son pays "était très agréable à vivre" lorsqu'il avait lui-même "entre 20 et 30 ans".

Texte par FRANCE 24 

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