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L’âge d’or du judaïsme espagnol

L’âge d’or du judaïsme espagnol

L’âge d’or du judaïsme espagnol commence au Xème siècle et s’achève au XIIème siècle. Si cette période s’est acquise une telle image, c’est en raison de son climat de tolérance et de liberté de pensée, exceptionnel pour l’époque, qui rend pour la première fois possibles la rencontre et les échanges entre intellectuels juifs, musulmans et chrétiens. Lorsqu’ils se lancent dans la Reconquête, les souverains
chrétiens se montrent d’abord bien disposés à l’égard des juifs. Bien que la majorité d’entre eux appartiennent au petit peuple et partagent la condition modeste de leurs contemporains, relativement nombreux sont ceux qui occupent des charges importantes dans l’administration et qui assument des responsabilités dans les sphères du pouvoir.

Le déclin
Au XIIIème siècle, la pression de l’Eglise se fait plus forte et le zèle de rechristianisation impulsée par les ordres missionnaires attise les sentiments antijuifs de la population. Durant tout le XIVème siècle, la situation des juifs se dégrade et, le 4 juin 1391, le point de non-retour est atteint lors du pogrom de Séville. Cette date marque le début d’un long processus de déclin. Les violences antijuives se
propagent dans tout le pays et font des milliers de victimes. Avec les lois de Valladolid promulguées en 1412, les juifs voient leurs acquis sociaux, politiques et économiques se réduire comme peau de chagrin jusqu’à leur mise à l’écart définitive.

L’inquisition
Beaucoup choisissent la conversion. Mais ces « nouveaux chrétiens » finissent par former un groupe à part au sein de la société espagnole en raison de la suspicion qui les entoure. Ni chrétiens ni juifs, ils sont soupçonnés, à juste titre parfois, de « judaïser » en secret et de propager l’hérésie. Effectivement, nombreux sont les marranes ou crypto-juifs, c’est-à-dire les convertis qui continuent à pratiquer secrètement leur religion.

L’expulsion
Lorsque Isabelle et Ferdinand II scellent par leur mariage l’union des couronnes de Castille et d’Aragon, l’Inquisition, mise en place en 1478 pour combattre l’hérésie et s’assurer de la généalogie sans tache des familles espagnoles de vieille souche, scelle de son côté le sort des juifs. Ceux qui ont accepté le baptême doivent pouvoir prouver qu’ils sont de bons chrétiens, faute de quoi, c’est le bûcher qui les attend. Quant aux autres, ils doivent quitter l’Espagne au plus tard dans les trois mois qui suivent le décret d’expulsion générale daté du 31 mars 1492 (l’expulsion du Portugal sera décrétée en 1498).

La diaspora sépharade
Les expulsés gagnent d’abord l’Est et le Sud méditerranéens, l’Empire Ottoman et, dans une moindre mesure, l’Afrique du Nord. Avec l’arrivée des sépharades sur les rives nord-africaines, islamisées, de la Méditerranée, ces communautés en déclin connaissent un nouvel essor. Quant aux communautés sépharades d’Europe, elles sont formées, pour la plupart entre le XVIème et le XVIIIème siècle, par d’anciens marranes revenus ouvertement au judaïsme qui s’établissent là où ils espèrent jouir d’une certaine liberté religieuse : le long du littoral atlantique (Bordeaux, Anvers, Hambourg, Amsterdam, Londres) et sur la façade méditerranéenne de l’Europe (Venise, péninsule italienne, Grèce).

Source : AZRIA Régine, Le judaïsme, La Découverte, 1996

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