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La marche forcée de l'Iran vers l'arme nucléaire

La marche forcée de l'Iran vers l'arme nucléaire (011906/21) [Analyse]

Par Jean Claude Zerbib © Metula News Agency

 

Le dossier actualisé du problème du nucléaire iranien. Où en est Téhéran, que fait la communauté internationale, et comment se comportera Israël (réservé aux abonnés) ?

 

Avec Olivier Katz et Stéphane Juffa

 

Le 8 mai 2019, l'Iran publiait une déclaration selon laquelle il cessait d'appliquer, à compter de cette date, certaines mesures prises au titre de l'accord PAGC (Plan d'Action Global Commun) du 14 juillet 2015, traduction en français de l'acronyme JCPoA (Joint Comprehensive Plan of Action ). Lequel accord était censé contrôler le programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions économiques appliquées à l'Iran.

 

On sait maintenant de source sûre, notamment depuis la révélation dans la presse par le Conseil National de la Résistance Iranienne (CNRI), une organisation d'opposition au régime de Téhéran, le 14 août 2002, qu'une usine d'enrichissement de l'uranium à Natanz ainsi qu'un réacteur à eau lourde à Arak sont les maillons forts du programme nucléaire iranien. Quatre installations nucléaires non déclarées à l'Agence Internationale pour l'Energie Atomique [AIEA] ont été en outre signalées par le CNRI.

 

On sait, par exemple, que l'enrichissement de l'uranium naturel en isotope 235, le seul des trois isotopes de l'uranium qui permet de construire une arme nucléaire, était effectué dans la partie du complexe de Natanz qui héberge un site souterrain et clandestin.

 

L'AIEA ne put que souligner à l'époque que "de nombreux aspects des activités et des expériences ayant trait au cycle du combustible nucléaire de l'Iran, notamment dans les domaines de l'enrichissement et de la conversion d'uranium, ainsi que de la recherche concernant le plutonium, n'ont pas été déclarés à l'Agence, contrairement aux obligations de l'Iran en vertu de l'accord. La politique de dissimulation de l'Iran a entraîné de nombreux manquements à son obligation de respecter celui-ci".

 

L'Iran : combien de centrifugeuses ?

 

L'accord PAGC de 2015 prévoyait que le stock total d'uranium sous forme d'UF6 ne devait pas dépasser les 300 kg, avec un enrichissement maximum de 3,67%, qui correspond à la teneur en usage dans les combustibles des réacteurs électronucléaires civils.

 

En fait, l'Iran avait atteint, au moment même de sa déclaration de mai 2019, des teneurs de 20% en uranium 235, une étape importante dans la construction d'une arme.

 

Le 7 juillet 2019, l'Iran annonce qu'il reprendra l'enrichissement de son uranium au taux de 4,5 % (prohibé par l'accord de 2015) ; mais ce pourcentage demeurait inférieur au taux nécessaire à la fabrication d'une bombe. Ce projet est rapidement devenu une réalité. Chaque jour, le stock d'uranium faiblement enrichi augmente de 5 kg et serait, d'après l'AIEA, en novembre 2019, d'environ 551 kg. L'Iran aurait repris l'enrichissement à Fordo et aurait remis en route 1 000 centrifugeuses, en supplément des 5 060 autorisées, ce qui représente un saut qualitatif [source : Désarmement et démantèlement dans le domaine militaire, Jean-Claude Amiard 2021 ISTE-UK].

 

Le nombre de centrifugeuses iraniennes "IR-1" de première génération, développées à partir du modèle pakistanais "P1" (avec des rotors de 2 m de haut), présentes au moment de l'accord PAGC devait être figé1. Mais la question se pose de la création d'autres sites secrets, équipés de centrifugeuses IR-1 mais aussi d'IR-2, conçues en Iran avec un rotor deux fois moins long, en fibres de carbone, pouvant tourner plus vite que les IR-1, ou de machines encore plus récentes (IR-6 et IR-9).

 

Le gain d'enrichissement d'une centrifugeuse est très faible. Pour élever le taux d'enrichissement, il faut augmenter la longueur du rotor et/ou la vitesse de rotation, ce qui pose de sérieux problèmes technologiques, car, par exemple, avec un rotor de 20 cm de diamètre et 70 000 tours par minute, la vitesse périphérique est de 2 640 km/h, soit 2,2 fois la vitesse du son dans l'air.

 

Les matériaux sont donc soumis à des sollicitations mécaniques très fortes et un déséquilibre insignifiant peut devenir, à de telles vitesses de rotation, fatal pour le rotor.

 

Ces deux paramètres, longueur et vitesse de rotation, sont très importants, car la capacité d'une centrifugeuse varie proportionnellement à sa longueur et comme la quatrième puissance de la vitesse de rotation de son rotor.

 

La recherche de matériaux légers, résistants et sans défauts permet d'augmenter la vitesse de rotation, laquelle conduit à des gains bien supérieurs à ceux dus à l'augmentation de la longueur du rotor. C'est la démarche suivie par l'Iran pour augmenter les performances de ses centrifugeuses.

 

L'enfumage de l'AIEA

 

Mais l'Iran ne se contente pas de multiplier de façon majeure ses centrifugeuses de dernière génération, il organise un parfait enfumage de l'AIEA : voici un an, le 20 juin 2020, une résolution de cette dernière dénonçait le refus de l'Iran d'accorder l'accès à deux emplacements spécifiques sur lesquels la présence de matière nucléaire avait été envisagée (pour rester diplomatique).

 

La résolution demandait notamment à l'Iran de "coopérer pleinement avec l'Agence et de répondre aux demandes de celle-ci et sans plus tarder, notamment en fournissant rapidement l'accès aux emplacements spécifiés par elle".

 

Mais Téhéran déclara le jour même qu'il ignorerait ces résolutions : "La République Islamique a subi les pressions de sanctions les plus sévères dans divers domaines, notamment l'énergie, le commerce, les transports et les services bancaires, et de telles résolutions n'ont pas un impact sérieux sur le pays", propos tenus par le Premier vice-président iranien Jahangiri [source : IRNA en français. L'Agence de presse de la République islamique].

 

En novembre 2020, les accusations se font plus précises : la quantité d'uranium faiblement enrichi a été multipliée par 12 par rapport à la limite fixée dans l'accord, et des "centrifugeuses avancées" ont été installées dans l'usine souterraine de Natanz.

 

Le 23 février 2021 Téhéran avait suspendu les autorisations de visite des installations nucléaires par les inspecteurs de l'AIEA, prévues dans le cadre du protocole additionnel à l'Accord de 2015.

 

L'Agence a alors négocié un accord temporaire de trois mois, et fin mai, un prolongement de cet arrangement ad hoc jusqu'au 24 juin 2021, mais avec un niveau d'accès réduit [source : Directeur général de l'AIEA au Conseil des gouverneurs, 7 juin 2021, Vienne].

 

En juin 2021, la délégation américaine déclarait dans un communiqué : "Depuis la dernière fois que ce conseil s'est réuni, l'Iran a également dépassé les contraintes du PAGC [l'accord de juillet 2015] en enrichissant l'uranium à 60% d'U-235".

 

Cette information a été confirmée par l'opposition au régime iranien (le Conseil national de la résistance iranienne-CNRI), qui écrivait le 5 mai 2021 : "Le régime iranien a récemment annoncé qu'il enrichissait désormais l'uranium à 60 %".

 

Les réactions de l'AIEA

 

Confrontée à ces violations flagrantes du PAGC, l'AIEA constate l'obstruction volontaire de l'Iran : le 7 juin 2021, le Directeur général, Rafael Mariano Grossi, a indiqué en termes certes diplomatiques que les réponses de l'Iran aux questions de l'AIEA empêchent l'Agence de  "certifier le caractère pacifique du programme nucléaire iranien". [source : déclaration liminaire à la réunion trimestrielle du Conseil des gouverneurs de l'AIEA].

 

M. Grossi a poursuivi son réquisitoire sur la défiance de l'Agence à propos de la découverte de traces d'uranium enrichi dans trois installations nucléaires clandestines : "La présence de multiples particules d'uranium d'origine anthropique [créées par l'homme] en trois emplacements en Iran, non déclarés à l'Agence, et de particules modifiées sur l'un de ces emplacements, est une indication claire qu'il y a eu à ces emplacements des matières nucléaires et/ou des équipements contaminés par des matières nucléaires".

 

L'Iran a donc violé très largement et simultanément la limite pondérale en uranium enrichi assignée par l'accord PAGC [il a dépassé cette limite douze fois], et la teneur en uranium 235  a été multipliée par 16.

 

L'AIEA, à son niveau et avec ses seuls moyens, se trouve dans une impossibilité totale d'arrêter l'Iran dans sa course à la bombe.

 

Les missions limitées de l'AIEA en matière de prolifération

 

Pour mettre en évidence une activité militaire nucléaire, on peut s'intéresser à l'enrichissement d'uranium, mais on a vu que l'AIEA ne pouvait progresser sans une coopération minimale de la Théocratie perse.

 

On peut également regarder du côté des autres matériels nécessaires à cette transformation militaire de l'atome civil.

 

Et là, on se rend compte que l'AIEA n'est absolument pas mandatée pour rechercher d'autres éléments indispensables à l'arme nucléaire : tels les détonateurs d'explosifs, ou missiles qui pourraient être les vecteurs [transporteurs] d'une arme atomique.

 

On l'a remarqué par exemple le 23 février 2019 lors de l'essai du missile Shahab-3, capable de transporter un engin nucléaire doté d'une charge utile de 990 kg, avec une portée allant de 1 280 à 1 930 km suivant le modèle.

 

Le 2 avril 2019 un autre essai avait lieu [source : L'Iran a lancé un missile balistique Shahab-3, par Danny Danon (voltairenet.org)].

 

Ce sont les Etats qui ont protesté : Paris, Londres et Berlin, dans une lettre adressée au Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, le 5 décembre 2019, ont reproché à Téhéran de développer des "missiles balistiques à capacité nucléaire".

 

Mais ces protestations ne modifient pas la détermination de Téhéran. Il en va de même des résolutions prises par l'AIEA.

 

L'Iran avance inexorablement vers l'arme nucléaire

 

L'Iran dispose de plans d'une arme nucléaire chinoise à uranium enrichi, achetés au Pakistan, et livrés par l'ingénieur pakistanais Abdul Kader Khan. Celui qui avait également fourni aux ayatollahs les plans des centrifugeuses pakistanaises P1 dérobées à Urenco2

Mais disposer des plans ne suffit pas.

 

En plus de l'obtention d'une quantité suffisante d'uranium hautement enrichi, il faut disposer du savoir-faire qui permet de réaliser les éléments métalliques en uranium, mais aussi avoir la maîtrise d'un système d'énergie spécifique et de sa commande, utilisés pour déclencher l'explosion nucléaire.

 

La conception des bombes n'est pas la même suivant la matière nucléaire utilisée : l'uranium enrichi utilisé pour la bombe "Little boy" lancée sur Hiroshima, ou le plutonium, mis en œuvre dans la bombe "Fat man" larguée sur la ville de Nagasaki avaient nécessité des dispositifs très différents.

 

Selon les schémas publiés de ces deux systèmes de bombes, celle à plutonium est la plus complexe à réaliser, car il faut créer une implosion au moyen d'explosifs spécifiques - des lentilles à charge creuse -, répartis de façon homogène autour de la sphère de plutonium et déclenchées de façon strictement synchrone avec des détonateurs à fil explosant.

 

Celle à uranium est apparemment moins complexe à réaliser, car la matière nucléaire est constituée de deux éléments, qui une fois assemblés vont composer la "masse critique", qui permet de réaliser l'explosion nucléaire.

 

Pour réunir les deux parties, il faut propulser au moyen d'une détonation un bloc d'uranium qui va s'insérer dans la cavité d'un autre bloc. Cet assemblage rapide permet de réaliser les conditions "critiques" qui permettent d'amorcer la "réaction en chaîne".

 

Dans la bombe à uranium Little Boy, c'est un explosif puissant qui a projeté, comme l'obus d'un canon, le bloc d'uranium pour l'insérer dans la cavité du 2ème bloc, dans un temps très court [inférieur à la milliseconde]. Une source de neutrons avait alors envoyé, de manière synchrone, dans cet assemblage une bouffée de ces particules élémentaires qui a déclenché l'explosion.

 

Le cœur de Little Boy qui était largement surdimensionné - environ 3 fois la masse critique - contenait 64,1 kg d'uranium enrichi dont un obus d'uranium de 25,6 kg - soit 40% de la masse totale -, propulsé à une vitesse de 300 m/s.

 

L'explosif était de la cordite - un mélange de deux explosifs - mis à feu par un détonateur, lui-même déclenché par un altimètre.

 

Le "canon" qui guidait l'obus d'uranium avait une longueur de plus d'un mètre, ce qui a dicté la grande taille de cette bombe (3 m de long).

 

Par comparaison avec Little Boy, la bombe chinoise dont les plans ont été obtenus par Téhéran, est miniaturisée, comportant une masse d'uranium utilisée plus proche d'une vingtaine de kilos et un système de propulsion de l'obus d'uranium différent de celui à explosif classique : l'obus est propulsé par un générateur d'onde de choc.

 

Le système peut être constitué par une lentille explosive à charge creuse, déclenchée par un détonateur à fil explosant, un fil d'or ou de platine qui se vaporise sous l'effet d'un fort courant.

 

La chute de résistance électrique du fil chauffé augmente l'intensité du courant électrique qui le traverse et produit une onde de choc qui déclenche l'explosion de la lentille. La mise en œuvre de ces éléments nécessite de réaliser de très nombreux essais.

 

Dès 2002-2003, l'Iran aurait procédé à 136 essais de ces pièces-clé de l'arme nucléaire, sur un site situé à Sanjarian près de Téhéran3. 2003 était l'année où l'AIEA a découvert les nombreuses activités nucléaires clandestines iraniennes conduites dans le cadre du plan AMAD, le programme d'arme nucléaire de l'Iran.

 

Selon le Times of Israel, cette activité est susceptible de se développer sur l'un des sites iraniens clandestins : "les archives nucléaires sorties clandestinement d'Iran par l'agence de Renseignement israélienne en 2018, contenaient des informations sur le rôle de Sanjarian dans les plans de production de générateurs d'ondes de choc, qui sont des composants clés de la miniaturisation des armes nucléaires".

 

Compte tenu de leur usage dans les armes nucléaires, ces matériels sont strictement réglementés aux USA et il est possible qu'ils aient été fournis aux Iraniens par le Pakistan qui a réalisé ses cinq premiers tirs du 28 au 30 mai 1998 dans désert du Baloutchistan.

 

 

L'Iran et le reste du monde

 

Vis-à-vis de l'AIEA et même de l'ONU, le régime iranien a brûlé tous les feux rouges pour obtenir sa bombe, une bombe. Ce désir obsessionnel de posséder une arme atomique qui confine maintenant au délire, est très préoccupant. Car l'envie de s'en servir pourrait être aussi forte que celle de la posséder.

 

Mais que compte en faire l'Iran exactement ? L'essayer avec un tir souterrain ? Aérien ?

 

Si c'est une copie non modifiée de la bombe pakistanaise, elle est conçue pour un essai aérien.

 

Nous sommes, rappelons-le, en présence d'un pays dont l'un des objectifs affichés reste de rayer Israël de la carte.

 

Un Etat qui non seulement enrichit de l'uranium à la barbe de l'AIEA à des taux que l'on peut qualifier de militaires, mais qui développe également des systèmes de mise à feu dont le caractère offensif ne fait aucun doute, suscitant des levées de boucliers des occidentaux.

 

Lorsque vous entendrez parler d'une explosion aérienne, ou souterraine peut-être, dont l'origine n'est pas très claire, vous saurez que la Théocratie sera passée à l'étape suivante. Et il n'en reste plus beaucoup avant la maitrise complète de l'arme atomique.

 

On peut penser comme Jacques Chirac l'avait exprimé lors d'une interview au journal Le Monde  le 1er février 2007, "que ce n'est pas tellement dangereux par le fait d'avoir une bombe nucléaire - peut-être une deuxième un peu plus tard, bon... ça n'est pas très dangereux. Mais ce qui est dangereux, c'est la prolifération. Ça veut dire que si l'Iran poursuit son chemin et maîtrise totalement la technique électronucléaire, le danger n'est pas dans la bombe qu'il va avoir, et qui ne lui servira à rien... Il va l'envoyer où, cette bombe ? Sur Israël ? Elle n'aura pas fait 200 mètres dans l'atmosphère que Téhéran sera rasée.".

 

Mais ce pari est très risqué...

 

Et maintenant, que va-t-il se passer ?

 

Comme je l'ai préalablement mentionné, des négociations sont actuellement en cours entre les 5+1 [les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité + l'Allemagne] et la Théocratie iranienne afin de relancer l'accord de 2015.

 

Ces discussions s'inscrivent dans la continuité des vœux exprimés par le nouveau Président U.S. Joe Biden avant même son élection.

 

Sauf que si Biden et son administration sont pressés d'aboutir, ce ne semble pas être les cas des ayatollahs qui font traîner les choses, domaine dans lequel ils sont passés maîtres.

 

Nous nous trouvons dès lors dans une situation contractuelle déséquilibrée dans laquelle la junte cléricale de Téhéran qui ne reconnaît plus la validité du document de 2015 fait ce qu'elle veut. Elle a notamment entrepris une véritable course à la bombe, augmentant, comme on l'a vu, à la fois la quantité et le degré d'enrichissement de son uranium.

 

Pour leur part, les 5+1, même s'ils expriment ici et là leur irritation face à la démarche des représentants de la Théocratie, et même si les responsables de l'AIEA n'arrêtent pas d'actionner toutes les sonnettes d'alarme, n'entrevoient pas sérieusement pour le moment de claquer la porte de ces pourparlers de dupes.

 

Pas d'augmentation des sanctions ni de préparation d'opération militaire en vue de la part de l'administration Biden. Du moins pas à la surface des choses visibles.

 

C'est même pire que cela : les négociations avec les Iraniens sont tenues secrètes. On ignore ainsi exactement où elles se déroulent, quand elles ont lieu, quels sont les sujets abordés, les propositions étudiées et quel est leur degré d'avancement.

 

Lorsqu'elles avaient débuté, il y a quelques mois, plusieurs ministres des Affaires Etrangères des 5+1, notamment ceux des Etats-Unis et de la France, se montraient très optimistes quant à la possibilité de conclure un nouveau traité sous quinzaine.

 

Mais c'était il y a longtemps. Ils étaient à nouveau tombés dans le traquenard persan. Depuis, on entend surtout exprimer des doutes et de l'impatience.

 

Ce qui gêne bon nombre d'observateurs dans l'organisation de ces négociations, c'est que le secret qui les entoure est dirigé contre les Israéliens et le Mossad, afin qu'ils ne puissent pas connaître précisément de leur niveau d'avancement, et éventuellement tenter de les torpiller ou de préparer des frappes militaires s'ils jugent les engagements de Téhéran insuffisants.

 

Jérusalem pourrait également être tentée d'alerter l'opinion publique mondiale dans ces conditions, y compris les deux chambres du Congrès américain, très attentives aux évolutions de ce dossier.

 

Ce qui insupporte à ce chapitre, c'est que les grandes puissances protègent par le secret des négociations le cancre qui, se moquant du monde, attente à sa sécurité en développant la bombe le plus rapidement possible, contre le Superman de la Planète, Israël, qui se soucie de sa protection.

 

L'Etat qui connaît le mieux le dispositif nucléaire du régime pratiquant le terrorisme atomique, et qui est celui qui l'a empêché par des actes de se trouver déjà en possession d'une bombe est laissé sur la touche. Alors que la communauté internationale passe tous leurs caprices aux Iraniens.

 

Ne nous faisons cependant pas de soucis exagérés, nous sommes certains que le Mossad est précisément renseigné en temps et en heure de l'état d'avancement des discussions. Tous ceux qui y participent n'étant pas inconscients.

 

De plus, il est beaucoup question lors des entretiens bilatéraux USA-Israël d'instaurer un système par lequel Jérusalem pourrait faire entendre sa voix aux négociateurs yankees. Benny Gantz, le ministre israélien de la Défense, en a abondamment parlé avec ses interlocuteurs durant sa dernière visite à Washington, il y a une dizaine de jours.

 

Mais on n'y croit pas trop. Joe Biden, à l'instar de Barack Obama, semble vouloir clore le dossier du nucléaire iranien pratiquement à n'importe quel prix. Sans que, comme à l'époque d'Obama, cette démarche soit compréhensible ou même raisonnable.

 

Si une chose est certaine, c'est que l'Etat hébreu, quelle que soit la progression de la négociation, ne permettra pas à la Théocratie chiite d'obtenir la bombe atomique. Jérusalem a déjà averti ses amis des 5+1 dans ce sens : premièrement, elle ne sera pas contrainte par un traité qu'elle n'a pas signé. Deuxièmement : Israël, s'agissant d'une question de survie, interviendra militairement même au prix d'une dispute majeure avec la Maison Blanche.

 

Nous ne savons pas à quelle distance-temps la Théocratie se trouve de la confection d'une bombe. Mais nous ne doutons pas que le Mossad le sache précisément.

 

Cela dépend de son avancement dans la conception de l'arme-bombe, plus que de l'uranium disponible désormais. Ce que l'on m'indique depuis la rédaction de Métula, c'est qu'il s'agit d'un nombre de mois et non d'années, ce qui refléterait la conviction des experts de Tsahal.

 

Ce qui est certain est que, normalement, la dictature chiite doit effectuer des explosions-tests avant que l'on puisse considérer qu'elle maîtrise le nucléaire-militaire. Et ces essais ne peuvent pas passer inaperçus, c'est techniquement impossible.

 

Certes, dans un accès de déraison, Khameneï et compagnie pourraient, même si cela n'a jamais été tenté, lancer en direction d'Israël une bombe qui n'aurait pas été testée préalablement. Mais ils risqueraient de se voir rayer de la surface de la Terre sans avoir réellement posé de menace concrète à Israël, ce qui ne serait somme toute pas très futé.

 

On sait donc, qu'en principe, il devrait y avoir un ou plusieurs tirs d'essais avant qu'il faille considérer que l'Iran dispose de l'arme atomique.

 

On peut espérer que dans ce cas, certains Etats parmi les 5+1 prendraient leurs responsabilités. Et imaginer que c'est ce que le Secrétaire d'Etat américain [le ministre des Affaires Etrangères]  Antony Blinken promet sans cesse aux Israéliens.

 

Qui ne doivent pas manquer à leur tour de lui rétorquer que rien n'empêcherait les Iraniens de mettre tout en place pour réaliser ces tests, y compris des bombes opérationnelles à un stade avancé d'assemblage. Ils se trouveraient alors à quelques semaines de leur objectif et pourraient dissimuler les prototypes en des lieux secrets, séparés géographiquement les uns des autres et, partant, difficiles à éliminer.

 

A la rédaction de Métula, on m'indique que Tsahal n'attendra pas que l'ennemi parvienne à cette extrémité pour intervenir.

 

On ajoute que Tsahal interviendrait par une série de premières frappes, étendues mais pas très compliquées à réaliser, suivie de raids d'entretien, comme Jean Tsadik l'a évoqué au sujet de Gaza dans son article de mercredi.

 

Les connaissant un peu, je jurerais que les Israéliens ont pris toutes les dispositions nécessaires afin de pouvoir intervenir à partir de l'Arabie Saoudite, des émirats du Golfe, ou, alternativement, depuis l'Azerbaïdjan, voire le Turkménistan, le Kazakhstan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan. 

 

De plus, Jean Tsadik a affirmé que, du point de vue technique, Tsahal a déjà réalisé des opérations autrement plus complexes et délicates. Et que l'Armée de la junte chiite ne disposait pas - du moins pour le moment - des moyens pour empêcher l'Etat hébreu d'agir.

 

 

Notes :

 

1 Il y avait 5 060 centrifugeuses IR-1, installées dans 30 "cascades". Une centrifugeuse est constituée d'un rotor qui tourne à très grande vitesse (plus de 70 000 tours/mn) afin de pouvoir séparer par centrifugation les deux principaux isotopes de l'uranium mis sous une forme chimique gazeuse (l'hexafluorure d'uranium, UF6). Alors que l'uranium 238, l'isotope le plus lourd et de forte teneur (99,28%) est plaqué par la force centrifuge contre la surface interne du rotor, l'isotope le plus léger (l'uranium 235) qui est le seul fissile mais à faible teneur (0,72%) est progressivement prélevé au centre du rotor.

 

Le flux d'UF6 très légèrement enrichi de chaque centrifugeuse alimente la centrifugeuse suivante, et le flux appauvri retourne vers l'alimentation de la centrifugeuse précédente. C'est le principe du travail en cascade.

 

Pour des raisons pratiques, les centrifugeuses ne sont pas toutes en ligne, mais regroupées en plusieurs lots travaillant en cascades. Une possibilité qui favorise les détournements de matière nucléaire à usage militaire.

 

2 Urenco est une entreprise anglo-germano-néerlandaise, dont le siège se trouve dans le comté de Buckinghamshire, U.K., dont les activités sont liées à l'enrichissement d

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