LA RÉSOLUTION 2334 ET LE DISCOURS DE JOHN KERRY FACE À L’HISTOIRE PAR JEAN-FRANÇOIS STROUF
Favorables à la reprise du processus de paix et à la solution à deux Etats, sachant comme l’a dit ce 28 décembre John Kerry (qui le reprend de discours historiques antérieurs d’autres hommes d’Etat au travers de l’Histoire récente), que cette solution « est la seule voie pour assurer à Israël l’avenir d’un Etat juif et démocratique vivant en paix et en sécurité avec ses voisins », nous serions censés être totalement d’accord, totalement favorables à ce discours, MAIS…
MAIS à la lecture de ce bel unanimisme à isoler Israël, plus important qu’un empressement à être d’accord intellectuellement sur des affirmations idéologiques et géopolitiques, en confrontant ce texte à 3000 ans d’Histoire, un profond malaise s’empare de notre conscience, de notre éthique et de notre sens de la Justice.
Pourquoi n’ont-ils pas vu cela ?
Nous sommes face à un Conseil de Sécurité des Nations Unies qui vient de laisser commettre cyniquement en Syrie un véritable génocide durant des semaines et des semaines en direct des télévisions du monde entier, avec comme Etat génocidaire, aux côtés du régime syrien, de l'Iran et du Hezbollah, l’un de ses membres permanents, « la Fédération de Russie » qui a utilisé son droit de veto pour empêcher toute condamnation de ses propres crimes. Et sans états d’âme, sans vergogne, des pays censés défendre les Droits de l’Homme, à l’instar de la France et des Etats-Unis votent avec ladite Fédération de Russie une résolution condamnant Israël, parce que cet Etat ne se conformerait pas aux résolutions des Nations Unies, allant même jusqu’à citer dans les promoteurs de la paix, cette « Fédération de Russie », qui a arraché de deux pays souverains, dont les frontières étaient reconnues par les Nations Unies, la Géorgie et l’Ukraine, une partie importante de leur territoire national.
Une résolution qui fait table rase de l’Histoire
La résolution 2334 du Conseil de Sécurité des Nations Unies adoptée le 23 décembre dernier … « Réaffirme que la création par Israël de colonies de peuplement dans le Territoire palestinien occupé depuis 1967, y compris Jérusalem Est, n’a aucun fondement en droit et constitue une violation flagrante du droit international et un obstacle majeur à la réalisation de la solution des deux États et à l’instauration d’une paix globale, juste et durable…»
Après une série de résolutions de l’UNESCO qui ont toutes remis en cause le lien indéfectible du peuple juif avec Jérusalem, c’est une nouvelle atteinte à ce lien, c’est une nouvelle négation de l’Histoire. La résolution négationniste du 16 avril 2016 prise à l’UNESCO rappelle notamment Israël à ses devoirs “eu égard à son statut et à ses obligations en vertu de la Convention de La Haye pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé (1954) ;”
Parlons justement de cette année 1954, en pleine période d’occupation de Jérusalem par la Transjordanie qui, après une annexion unilatérale du territoire sur la rive ouest du Jourdain n’a cessé de porter atteinte aux Lieux saints juifs et a transformé les tombes juives du Mont des Oliviers en latrines pour ses soldats. De 1949 à1967, aucune organisation internationale n’a entrepris de sauvegarder le patrimoine juif, alors que la volonté d’annihiler toute présence juive à Jérusalem était à l’œuvre depuis les premières heures de l'occupation jordanienne. A cette époque, pour s’assurer qu’aucun Juif de diaspora, et à plus forte raison d'Israël, ne puisse se rendre à Jérusalem, la puissance occupante imposait aux non-musulmans la présentation d’un certificat de baptême et la France, déjà, se conformait à cette mesure anti judaïque. Les autorités allèrent jusqu’à proposer hypocritement au Grand Rabbin Jacob Kaplan de lui en fournir un !
Oui ce que nous affirmons ici n’est certes pas géopolitiquement correct aux yeux des adeptes d’un consensus mou et sans conscience mais les images de l’histoire de la synagogue Hurva à Jérusalem qui suivent, nous confortent bien davantage dans notre position que les assurances d’Etats ou d’organisations internationales qui ont toujours démontré leur incapacité à s’opposer à des violations flagrantes d’accords internationaux.
Ainsi donc, la reconstruction à Jérusalem de lieux juifs détruits par une armée d’occupation étrangère ou la réinstallation d’habitants juifs chassés comme ceux du quartier de Rov Hayehudi, par cette même armée seraient au regard des organisations internationales « illégales » parce qu’elles modifieraient le caractère de Jérusalem ? Ce serait en substance donner force de loi à des faits accomplis en 1948 et 1949 par la Transjordanie contre les habitants et les lieux juifs de Jérusalem !
Un très large consensus sur l’unité de Jérusalem
C’est peut-être aussi ce qui explique que, dans l’opinion israélienne elle-même, s’il y a de fortes oppositions entre partisans et adversaires des implantations, il y a un très large consensus autour de la question de Jérusalem. Nous l’avons d’ailleurs largement démontré [lien vers http://www.judaiqual.org/post/151986465247/unesco-dans-les-poubelles-de-lhistoire ] en reprenant les propos très fermes des dirigeants de l’opposition israélienne à l’encontre des différents votes sur Jérusalem à l’UNESCO. Et brusquement il suffirait d’accoler dans une résolution internationale l’expression « Jérusalem Est » au mot « implantations » pour oser s’imaginer la fin de ce consensus sur l’unité de Jérusalem ?
'autres objections nous font rejeter à la fois cette résolution et le discours de John Kerry :
1/ On remarquera que dans la 2334, les accusations anti-israéliennes sont formulées sans la moindre réserve, mais les incitations à la haine et à la violence par l'Autorité palestinienne sur ses chaînes de télévision, dans sa presse, dans les manuels scolaires qu'elle édite, la prise en charge par l'Autorité palestinienne des familles des “martyrs” selon la formule qui désigne les terroristes qui dans l'écrasante majorité des cas s'en prennent à des civils de tous âges, ne sont jamais clairement énoncées.
2/En substance, Israël devrait faire unilatéralement les frais de la volonté tardive de Barack Obama et de John Kerry de laisser leur nom dans l'Histoire, alors que ces mêmes noms devraient être conspués pour avoir abandonné, sans véritable volonté de s'opposer à ce massacre, les enfants d'Alep aux mains de leurs assassins.
3/Les attaques du Hamas et d'autres groupes terroristes à l'aide de missiles et de tunnels contre le territoire israélien à partir de la bande de Gaza n'ont jamais cessé, alors qu'Israël avait totalement évacué ce territoire en démantelant toutes les implantations qui s'y trouvaient. Ce qui prouve par ailleurs :
- Qu'aucune implantation n'est irréversible
- Que le démantèlement des implantations n'a pas incité les organisations palestiniennes à cesser leurs attaques.
4/ Nous avons l'intime conviction que les condamnations à répétition d'Israël dans telle ou telle enceinte internationale, (en vérité dans toutes les enceintes possibles !) n'ont jamais contribué à favoriser un processus de paix, bien au contraire ! L'isolement d'Israël et son affaiblissement diplomatique sont en revanche des gages donnés aux plus extrémistes des Etats arabes et des organisations terroristes. En effet dans le même temps qu'on exige d'Israël qu'il se conforme aux résolutions internationales, aucun Etat, aucune organisation internationale n'a fait le moindre effort pour désarmer le Hezbollah qui ne cesse au contraire de se renforcer, malgré les accords de désarmement de toutes les milices libanaises.
5/ Imagine-t-on un seul instant qu'un processus de paix puisse être fondé sur la négation de l'Histoire d'un peuple, telle que nous percevons la volonté internationale d'annihiler le lien entre le peuple juif et Jérusalem.
Alors oui, nous sommes conscients que la solution à deux Etats est la seule viable. Oui, nous soutenons avec force et détermination la nécessité de reprise du processus de paix, fondé sur la négociation librement consentie entre Israéliens et Palestiniens.
Nous avons conscience que notre meilleure manière d'encourager ce processus est de refuser une solution imposée aux deux parties, de rejeter les extrémistes de tous bords qui ont tout à gagner à un pourrissement de la situation.
Mais nous avons le devoir de rappeler à tous nos interlocuteurs que le retour à un statut discriminatoire à l’encontre des Juifs à Jérusalem fera lui aussi l’objet d’un rejet massif des Juifs de diaspora comme de ceux d’Israël. C’est pourquoi dans six mois nous célébrerons solennellement le jubilé de la réunification de Jérusalem qui a rétabli le droit de tout juif du monde d'accéder librement à nos lieux saints.
Jean-François Strouf
Président de JudaïQual – Réparons Le Monde
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