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La spoliation des biens juifs de France

La spoliation des biens juifs de France

Emmanuel Amara

En 2000, la mission Mattéoli avait estimé à plus de 5 milliards de francs de l’époque le montant de ces dépossessions en France, dont 90 % ont été aujourd’hui restituées ou ont fait l’objet d’une indemnisation.

Entre 2000 et 2010, 26.841 requêtes ont en outre été adressées à la Commission d’indemnisation des victimes de spoliation. Des villes comme Bordeaux ou Lyon avaient déjà dressé un inventaire en vue de la restitution des biens. La municipalité de Grenoble, elle, a souhaité aller au-delà, en décortiquant le mécanisme complet de cette aryanisation économique, et ses conséquences concrètes. L’historien Tal Bruttmann, en charge de cette commission d’enquête, a passé dix ans en immersion dans les archives municipales, départementales, régionales et nationales. Il présente aujourd’hui le fruit de ce travail aussi fastidieux que passionnant.

Il démontre comment la dépossession des « biens juifs », décidée par la loi d’aryanisation de l’été 1941, a été mise en œuvre au quotidien par les fonctionnaires français, comme n’importe quelle politique d’Etat. « Cette spoliation est une étape dans le recensement et le marquage des Juifs, destinée à les extraire de la vie économique et sociale », ajoute l’historienne Annette Wieviorka, ancien membre de la mission Mattéoli. L’enquête de Grenoble révèle ainsi que la plupart des victimes sont des gens modestes. Sur les 500 familles et 130 entreprises recensées en Isère, l’historien n’a noté que quatre grosses entreprises – les chaussures André par exemple – et une vingtaine de marchands ambulants. Le reste, l’immense majorité, sont des propriétaires de petits commerces, type bonneterie, épicerie, quincaillerie ou magasin de vêtements, soudain privés de leur outil de travail et donc vulnérables. Plus d’un millier de Juifs seront arrêtés en Isère. Au fil de l’exposition Spoliés !, qui s’ouvre demain à Grenoble, le grand public pourra découvrir des traces de leur histoire. Des documents administratifs, sur lesquels un simple mot peut signer la vie ou la mort d’une famille.

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