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Le chercheur saoudien Abdelhamid Hakim : “Une Jérusalem capitale israélienne avec une gestion palestinienne des lieux saints musulmans est une occasion de paix”

Le chercheur saoudien Abdelhamid Hakim : “Une Jérusalem capitale israélienne avec une gestion palestinienne des lieux saints musulmans est une occasion de paix”

 

Le chercheur saoudien Abdelhamid Hakim, directeur général du Centre d’études stratégiques et juridiques du Moyen-Orient basé à Djeddah, a déclaré que les Arabes devaient reconnaître que Jérusalem est « aussi sainte pour les Juifs que La Mecque et Médine le sont pour les musulmans ». S’exprimant sur la chaîne télévisée Al-Hurra, Hakim a déclaré qu’Israël est « le produit du droit historique des Juifs dans la région ». 

Concernant la récente déclaration sur Jérusalem du président américain Trump, Hakim a déclaré qu’elle pourrait renfermer une chance de paix, si Jérusalem était la capitale d’Israël et si les Palestiniens recevaient la gestion des lieux saints musulmans. Il a suggéré que l’Arabie saoudite aide les Palestiniens dans cette tâche, et appelé les Arabes à ne pas manquer cette occasion. Hakim a également appelé les Arabes à revoir leur culture de haine envers les Juifs, qui domine leurs programmes scolaires et leurs chaires islamiques. L’interview a été diffusée le 15 décembre 2017. Extraits :

Abdelhamid Hakim : Nous devons comprendre et reconnaître que Jérusalem constitue un symbole religieux pour les Juifs, et qu’elle est aussi sainte pour eux que la Mecque et Médine le sont pour les musulmans. Par conséquent, la mentalité arabe doit être affranchie de l’héritage nassérien, et de l’héritage de l’islam politique – tant sunnite que chiite – qui, pour des raisons purement politiques, ont semé la culture de haine envers les Juifs et du déni de leurs droits historiques dans la région. […]

Les Juifs font partie intégrante de l’histoire de cette région, et Israël est le produit du droit historique des Juifs dans la région. Si nous rencontrons les négociateurs israéliens, en les considérant comme des partenaires de l’histoire de cette région – qu’il s’agisse des dirigeants, des peuples ou des élites intellectuelles – cela facilitera les choses et apportera une certaine flexibilité au processus de paix. Quant à Jérusalem, je pense que nous devons être réalistes et nous adapter à la nouvelle réalité politique de la région. Si les négociateurs palestiniens, soutenus par les Arabes, parviennent à obtenir seulement une partie de Jérusalem-Est, et si les lieux saints sont placés sous administration palestinienne – je pense que ce sera le plus grand gain politique que les négociateurs israéliens [sic] peuvent réaliser aujourd’hui. Nous devons tirer des leçons de notre histoire pour pouvoir prendre la bonne décision. Au cours du conflit israélo-arabe, les Arabes ont manqué beaucoup d’occasions. […]

Les Arabes ont manqué des occasions – depuis 1956, lorsque le défunt président Gamal Abdel Nasser a pris les choses en main… Ils ont perdu l’occasion d’avoir un Etat palestinien en Cisjordanie et à Jérusalem. Lorsque Habib Bourguiba a présenté son initiative de paix, sous le slogan « Prenez [ce que vous pouvez] et demandez [le reste plus tard] », il a été qualifié de traître et son initiative a été rejetée. Lorsque le président Sadate a lancé le processus de paix, lui aussi a été considéré comme un traître. Gamal Abdel Nasser a utilisé le conflit arabo-israélien comme un moyen pour légitimer sa dictature en Egypte, et comme une arme pour combattre ses rivaux dans la région. L’islam politique, bien qu’il soit en total désaccord avec les régimes nassériens, acquiesçait sur un point : faire de la paix un crime. […]

Quand l’Arabie saoudite a lancé l’initiative de paix arabe, elle a malheureusement été dédaignée. Je pense que la décision de Trump renferme une chance de paix, mais que les Palestiniens doivent unir leurs rangs et prendre les décisions dans le cadre palestinien. […]

Lorsque j’ai visité Ramallah, j’ai parlé à des gens dans un centre de recherche palestinien. Je leur ai dit : Vous ne savez pas vous adresser aux citoyens israéliens. Votre rhétorique ne convainc pas les citoyens israéliens que la paix leur procurera la légitimité et la sécurité dans la région. Les Israéliens ressentent la culture de la haine parmi leurs voisins. Cela a commencé avec Gamal Abdel Nasser, qui a affirmé que nous jetterons les Juifs à la mer, et cela continue jusqu’à ce jour – dans les programmes scolaires, depuis les chaires des mosquées et dans les symposiums culturels. La culture de la haine envers les Juifs est profondément enracinée dans notre monde arabe. […]

Si nous, Arabes, souhaitons vraiment trouver un règlement, nous devons faire notre examen [de conscience] et mener une révolution idéologique dans la façon dont nous traitons les Juifs. Nous devrions croire que les Juifs font partie intégrante de la région, et que la paix est le meilleur moyen de libérer la région de décennies de conflits qui ont épuisé la région et appauvri ses ressources. […]

Ma proposition est que l’Arabie saoudite, en tant que pays doté de ressources économiques substantielles, et en tant que pays ayant une importante expérience historique dans la gestion des lieux saints, peut aider à gérer les lieux saints [à Jérusalem], si nous parvenons à placer les lieux saints sous administration palestinienne, tandis que Jérusalem sera la capitale d’Israël. Si nous parvenons à en arriver là, je crois que cela constituera un gain politique pour la lutte palestinienne, et en retour, il y aura un Etat palestinien, et les souffrances des Palestiniens à Gaza, à Ramallah et dans les camps de réfugiés à l’étranger prendront fin. Mon opinion est que les vies humaines sont plus chères aux yeux d’Allah que des étendues de terre.

Source : MEMRI | Photo : DR

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