LE QUARTIER JUIF ET L’ENSEMBLE MAROCAIN
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Dans son livre “Le Mellah de Marrakech : L’espace juif et musulman dans la ville rouge du Maroc”, Emily Gottreich décrit le quartier juif du Mellah de Marrakech :
En décembre 1863, Moses Montefiore, l’éminent philanthrope, homme d’État et défenseur autoproclamé du judaïsme mondial, est venu au Maroc. Comme il l’a fait lors de plusieurs voyages précédents dans le monde musulman, sa visite actuelle a été motivée par des informations faisant état de mauvais traitements graves infligés à ses coreligionnaires. Dans ce cas, trois Juifs de la ville côtière de Safi avaient été faussement accusés d’avoir conspiré au meurtre d’un percepteur d’impôts espagnol.
(…) le mellah est une invention purement marocaine, à tel point qu’il est devenu synonyme de judaïsme marocain lui-même, même si toutes les villes marocaines n’en contiennent pas réellement une. Les premiers quartiers juifs fortifiés sont apparus dans les capitales royales, à commencer par Fès en 1438, puis Marrakech au XVIe siècle, Meknès au XVIIe siècle, et plusieurs petites villes au début du XIXe siècle.
Dans chacun de ces endroits, l’impulsion de déplacer la communauté juive locale des quartiers religieusement mixtes vers un quartier séparé et le degré d’intégration du nouveau mellah dans la vie urbaine avaient tout à voir avec les exigences immédiates et les circonstances locales et relativement peu à voir avec les préceptes islamiques définis comme tels. (Les juristes musulmans eux-mêmes sont largement en désaccord sur la question de la ségrégation non musulmane, certains faisant valoir que c’est précisément par des contacts quotidiens et étroits avec les musulmans que les minorités religieuses peuvent être incitées à convertir l’Islam).
Mais ces divergences ne préoccupent guère les partisans de la ville islamique. Pour eux, le Mellah, avec ses murs épais et sa porte qui était fermée la nuit et tout au long du sabbat juif.
Avec l’image du Mellah en tant que société et entité physiquement introvertie ainsi fermement imposée de l’extérieur, il n’est pas surprenant que la plupart des études des relations judéo-musulmanes au Maroc trouvent leur évidence en dehors de l’isolement supposé du quartier juif (dans la mesure où cette relation est traitée en termes structurels plutôt que purement sociaux, autrement dit), en se concentrant sur l’acculturation de groupes minoritaires dans les paramètres généraux de la société musulmane marocaine, un processus dont le dénouement est généralement appelé “symbiose” ou “syncrétisme”.
Si l’utilisation et la compréhension de l’espace musulman par les Juifs est sans aucun doute un facteur important dans l’histoire des relations judéo-musulmanes au Maroc et sera traitée en détail ici, elle ne l’est qu’en relation avec son complément, à savoir l’utilisation et la compréhension de l’espace musulman.
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