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Le sacrifice d'Isaak (Akéda) ... au Japon

 

Le sacrifice d'Isaak (Akéda) ... au Japon

 

 

 

On raconte dans le Coran (sourate XXXVII) qu’Abraham, lassé par les disputes entre ses deux femmes, Agar et Sarah, se dirigea vers le désert de la péninsule arabique [sans doute pour y trouver la paix de l’âme que l’on ne trouve que dans le désert]. Quand il revint sur les lieux où il avait laissé Agar et son fils Ismaël [autrement dit en terre de Canaan], Dieu lui fit traverser une pénible épreuve. Lorsque Ismaël fut en âge d'accompagner son père, celui-ci dit : « O mon fils, je me suis vu moi-même en songe, et je t'immolais; qu'en penses-tu? » Réponse d’Ismaël : « O mon père! Fais ce qui t'est ordonné. Tu me trouveras patient si Dieu le veut! » Au moment d’immoler son fils, un bélier fut substitué à l'enfant. Et des années plus tard Abraham édifia le sanctuaire de la Kaaba, la "Maison sacrée", sur l'emplacement indiqué par Dieu où, selon la tradition, Ismaël faillit être sacrifié [La tradition place cet évènement près de La Mecque, à l'emplacement nommé Mina]. Le Hadj (pèlerinage) fut ainsi institué en ce lieu. Aid El-Adh'ha est la fête qui correspond à la prière du pèlerinage, la commémoration du presque sacrifice, par lequel le croyant manifeste sa soumission à Dieu Tout Puissant. Le choix de la bête à sacrifier est  important, parce qu’il faut choisir la plus belle bête à offrir en sacrifice à Dieu. Ce sacrifice n’est pas obligatoire pour ceux qui ne disposent pas de moyens. Elle est appelée la grande fête (Aïd El kébir) et elle est célébrée 70 jours après l’Aïd El Fitr, (appelée la petite fête), la fête de la rupture du jeûne. Cet évènement est célébré du 10 au 13 e dhou al-hijja dans le calendrier musulman.

 

Les Hébreux présentent une autre version du même évènement : D.ieu ayant déjà éprouvé par neuf fois Abraham, le soumet à une ultime épreuve : il lui demande de lui offrir "son fils unique qu'il aime", Isaak [précisons qu’Isaak était alors âgé de 37 ans et n’était donc plus un enfant, et que, bien évidemment, Abraham ne lui raconte pas à l’avance le motif de son voyage].  Abraham n'hésite pas et il répond Hinéni, me voici, prêt à tout ce que Tu me demandes. Il se met en route pour se rendre au lieu du sacrifice que D. lui indique. C'est au bout de 3 longs jours qu'il reconnaît le Har Hamoriah, la montagne de Moriah. Arrivé en haut de la montagne il prépare un bûcher et attache Isaak (d’où le mot Akéda qui signifie « ligature »). Lorsque le couteau se trouve déjà sur sa gorge, un ange intervient et retient la main d’Abraham. D.ieu lui enjoint d'en rester là, et lui promet que par le mérite de son obéissance Il ne l'éprouvera plus et qu'Il respectera à tout jamais Son alliance avec les descendants d'Abraham. En se retournant, Abraham aperçoit un bélier entremêlé dans un buisson, il libère l'animal et le sacrifie à la place de son fils. Cet épisode selon la tradition juive se passe le Premier du mois de Tishri, soit le jour du Nouvel an juif, Rosh Hashana

 

Bien évidemment les deux versions diffèrent : il ne s’agit pas du même fils, ni du même lieu (Mont Moriah situé à l’emplacement de la future Jérusalem pour les uns, la Mecque dans le désert d’Arabie pour les autres) ni de la même date, mais enfin, les deux histoires se ressemblent singulièrement.

 

Vous pensiez sans doute que la Bible et le Coran avaient épuisé le sujet et que ces deux versions - irréconciliables - d’un  même quasi sacrifice étaient les seules qui existassent, eh bien vous vous trompez.

 

Dans la préfecture de Nagano, au Japon, il est un sanctuaire shinto nommée Suwa-Taisha. Un festival traditionnel appelé Ontohsai est tenu chaque année le 15 Avril. Et ce festival, qui se perpétue depuis des temps immémoriaux, illustre l'histoire d'Isaak tel qu’elle est racontée, non pas dans le Coran, mais dans le chapitre 22 de la Genèse. A côté de l'autel Suwa-Taisha, il y a une montagne appelée, tenez vous bien,  Mont. Moriya ("Moriya-san" en japonais). Les gens de la région de Suwa appellent le dieu du mont Moriya, Moriya no kami,  qui signifie «le dieu de Moriya." Lors du festival, un garçon était attaché par une corde à un poteau en bois, et placé sur un tapis en bambou. Un prêtre shintoïste préparait un couteau tranchant, mais un messager; en l’espèce, un autre prêtre, l’en empêche et le garçon s’en sort indemne. Lors de cette fête, 75 cerfs sont sacrifiés,et parmi eux, un chevreuil dont on aura sculpté l’oreille.  Même dans les temps les plus anciens, les Japonais pensaient que cette coutume du sacrifice cerf était étrange, parce que le sacrifice d’animaux n'est pas une tradition shintoïste. Les autochtones nomment cette fête "le festival pour Misakuchi ; sachant que "Misakuchi" pourrait être "mi-Isaku-chi." "Mi" signifie "grand" et "Isaku" n’est autre que Isaak  

 

Aujourd'hui, cette coutume de l'enfant sur le point d'être sacrifié, puis libéré, n'est plus pratiquée, mais on peut encore voir le pilier en bois appelée "oniye-Basira» qui signifie «sacrifice des piliers." De nos jours les Japonais  utilisent des animaux en peluche au lieu d'effectuer un sacrifice animal réel. En effet, ligoter un garçon puis sacrifier des cerfs était considéré comme particulièrement barbare par la dynastie Meiji (il y a  environ 100 ans). Ces coutumes ont été abandonnées, mais le festival Ontohsai continue à se perpétuer.

 

Le festival des Ontohsai est organisé par une famille nommée ….. Moriya qui perpétue le festival depuis 78 générations. La famille Moriya considère le dieu de Moriah, soit "Moriya-no-kami" comme le dieu de leurs ancêtres.

 

Il existe donc, non deux versions du sacrifice par Abraham de son fils, mais trois, dont l’une au pays du Soleil levant, où Juifs et Musulmans s’accordent à le dire, Abraham n’y a jamais mis les pieds.

 

Il serait hasardeux de se perdre en conjectures sur l’origine exacte de cette célébration : Tribus perdues au delà du fleuve Sambation (selon la tradition rabbinique: rivière infranchissable au delà de laquelle furent exilés les Dix tribus d’Israël par le roi assyrien Shalmaneser V), fils d’Abraham envoyés par son père dans l’Orient le plus extrême, comme nous l’avons expliqué dans un précédent article, peu importe. Les faits seuls comptent : Une famille japonaise qui port le nom du Mont Moriah sur lequel fut bâti le temple de Jérusalem a perpétué pendant des siècles, un épisode on ne peut plus biblique, mettant en scène Abraham et Isaak, avec sacrifice de bêtes à cornes qui plus est, ce qui est incompatible avec le Shintoïsme.

 

La prochaine fois, B.H je vous parlerai d’une autre coutume japonaise qui consiste à porter des téfilin

 

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