Le Troisième Temple, par YISHAÏ SARID
Le Troisième Temple, c’est celui qui doit être reconstruit à la fin des temps, quand le Messie arrivera, que les morts ressusciteront et que la paix la plus absolue régnera sur le monde. Telle est la croyance traditionnelle juive : un horizon d’utopie, un messianisme sous forme d’attente et de promesse.
Inaugurant un genre qu’on pourrait qualifier d’anticipation biblique, et sous les atours du conte cauchemardesque, l’auteur du Poète de Gaza imagine la reconstruction de ce troisième temple, pour mieux en prophétiser la destruction.
Dans un avenir au goût de retour en arrière, après l’éradication de la ville de Tel-Aviv par l’ennemi amalécite, le peuple d’Israël revient au Livre au pied de la lettre et court à sa perte. À travers le sidérant récit du fils infirme du roi, sourd aux avertissements d’un ange qu’il prend pour le diable, se joue l’éternel combat de la foi en Dieu et de la confiance en l’homme.
Hypnotique dans sa restitution des rituels, saisissant dans le jusqu’au-boutisme de l’engrenage, Le Troisième Temple est une expérience de lecture extrême. Parce qu’une certaine frange minoritaire de la droite dure israélienne prône actuellement ce retour aux sources bibliques, parce qu’il n’exagère finalement rien et se contente de déplier l’utopie dans le détail, le roman de Yishaï Sarid, entre charge politique et démonstration par l’absurde, peut se lire comme l’avertissement inquiet d’un observateur contemporain dont la mémoire est le gouvernail.
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