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Les députés français ne saisissent pas la portée de ce qu’ils viennent de commettre

Les députés français ne saisissent pas la portée de ce qu’ils viennent de commettre(info # 010312/14)[Analyse]

 

Par Stéphane Juffa © MetulaNewsAgency

 

Au lendemain du vote du parlement français sur la Palestine, le moment n’est pas à jouer les vierges effarouchées ni à multiplier l’usage des adjectifs. On pourrait certes refaire des "J’accuse", ou parler, comme le fit le Président Franklin Roosevelt après Pearl Harbor, d’un "jour frappé du sceau de l’infamie", et tout ce qu’on écrirait serait parfaitement légitime, mais cela a été trop souvent fait et n’a plus beaucoup d’impact.

 

Mieux vaut restreindre le débat en traitant de l’essentiel et avec précision si l’on entend servir à quelque chose, et rien n’est plus facile à faire :

 

La gravité de l’acte commis par les députés français, n’est pas, comme ils voudraient le faire croire, dans leur reconnaissance de l’Etat de Palestine. Certes, le moment est très mal choisi, hormis pour les socialistes en pleine débâcle, dans leur dessein de récupérer au moins la sympathie des électeurs d’origine maghrébine. Ce, car une majorité d’Israéliens – mais pas de Palestiniens, tous les sondages l’indiquent – se déclarent toujours, en principe, favorables à la création de la Palestine aux côtés de leur Etat, et qu’ils y voient la solution à terme d’un conflit dont, avec leurs voisins, ils sont les principales victimes.

 

Le texte que les députés ont voté est inadmissible en cela qu’il entend imposer à Israël un règlement urgent et définitif du conflit passant par l'établissement d'un Etat palestinien aux côtés d'Israël, "sur la base des lignes de 1967".

 

Or le différend entre Israéliens et Palestiniens est foncièrement d’ordre territorial et le point d’achoppement majeur consiste en leur désaccord sur le tracé de leur future frontière. Si on le délimite à leur place, on enlève jusqu’à la raison d’être de négociations entre eux.

 

Plus encore, l’une des deux conséquences indirectes de l’injonction parlementaire française participe d’une marginalisation irresponsable des autres sujets sur lesquels les parties doivent impérativement s’entendre, à savoir les questions sécuritaires, la nature du futur Etat palestinien et celle de ses relations avec l’Etat hébreu ainsi que la question du partage de l’eau.

 

Ces aspects du différend doivent être solutionnés avant que de pouvoir se mettre d’accord sur le tracé de la frontière, ou, plus spécifiquement encore, pour obtenir la capacité de le définir. Mais voilà qu’en voulant commencer par la fin, les députés tricolores ont enlevé toute obligation, de la part des Palestiniens, de devoir chercher des compromis avec leurs adversaires. Or, en l’absence de négociations, on ne parvient pas à la paix mais à la guerre.

 

Seconde conséquence : l’effet du vote d’hier est ainsi diamétralement opposé à ce qu’a prétendu l'écologiste François de Rugy, cristallisant le faux message des tenants du oui, soit "une invitation au dialogue et à l'apaisement".

 

C’est tout le contraire qui est vrai : le scrutin d’hier participe d’une invitation faite aux Palestiniens de ne pas négocier avec Jérusalem, puisqu’on leur promet d’obtenir, quel que soit leur comportement politique et les concessions qu’ils sont dorénavant libres de ne pas faire, le but qu’ils s’étaient fixé pour les discussions avec leurs voisins occidentaux.

 

Le vote français ne coïncide en aucun cas avec ceux des parlements britannique et ibérique, qui se sont délibérément abstenus de tenter d’imposer aux parties les termes de la conclusion des pourparlers qu’ils sont tenus d’entreprendre ; les représentants de ces peuples circonscrivant leur choix à la reconnaissance des Palestiniens à disposer d’un Etat et à appeler les antagonistes à entreprendre des discussions sans plus tarder. 

 

Ce que j’expose ici n’a pas échappé à la plupart des députés français du centre et de droite qui sont intervenus pour affirmer qu'une reconnaissance de la Palestine ne pouvait intervenir qu’au terme de négociations.

 

C’est notamment ce qu’a très clairement expliqué à la tribune M. Philippe Vigier, le président du groupe parlementaire de l’Union des Démocrates et Indépendants (UDI). Avec les cent-cinquante autres membres de l’hémicycle ayant rejeté la motion socialiste, Philippe Vigier a préservé un peu de l’honneur de la France, de même que la prévalence de l’intelligence et de l’intégrité politique. Les critiques que nous formulons dans cet article ne les concernent pas.

 

Mais qui, dans l’Hexagone, a-t-il eu le privilège d’écouter les sages propos de M. Vigier ? A part les téléspectateurs de la Chaîne parlementaire LCP qui diffusait la séance en direct, strictement personne.Les Français n’ont eu droit qu’aux résumés folkloriques et sans nuances des grandes chaînes TV et des media main stream.

 

Aucun d’entre eux n’a, par exemple, souligné l’absence cependant remarquable, lors du vote, du ministre des Affaires Etrangères, Laurent Fabius, ainsi que du 1er ministre Manuel Valls. Lequel avait activement participé, peu auparavant, à l’exercice des questions au gouvernement.

 

Le 1er ministre, celui des Affaires Etrangères, sont pourtant, avec le président Hollande, les dépositaires du pouvoir régalien de la France en matière de politique étrangère, et non l’Assemblée nationale qui s’en est emparée de manière inconstitutionnelle, à en croire nombre d’intervenants.

 

Qu’est-ce donc que cette nouvelle forme d’interférence, déguisée sous l’appellation trompeuse d’ "invitation" adressée au gouvernement de reconnaître l'Etat palestinien ? Comme l’a fait remarquer le représentant de la Haute-Corse, le radical de gauche Paul Giaccobi, même si, au Palais Bourbon, on s’exprime le plus souvent en langage feutré, inviter quelqu’un à faire quelque chose, en français, signifie l’enjoindre à s’exécuter, le prier ou lui commander de le faire.

 

Ce que nous ne pouvons que confirmer, observant avec regret que M Giaccobi a finalement décidé de ne pas prendre part "volontairement" au scrutin, à l’instar de Messieurs Gérard Charasse et Roger-Gérard Schwartzenberg, entre autres.

 

Les députés français s’expriment en langage châtié. Nous, c’est un luxe que nous ne pouvons nous permettre, vu que c’est sur l’avenir de nos enfants et de notre pays que glosent ces sentencieux de bord de Seine. Ainsi, s’il nous prenait la drôle d’idée, ce mercredi, de réaliser ce qu’ils ont décrété hier, nous ne pourrions plus emprunter l’autoroute qui mène de Tel-Aviv à notre capitale, ni même le train, puisqu’ils traversent quelques kilomètres de zones qui appartenaient à la Jordanie avant 1967.

 

J’espère que ce seul exemple aide à fournir quelque substance à la discussion de café du commerce qui s’est déroulée hier dans leur Assemblée nationale. Les députés français ne saisissent pas la portée de ce qu’ils viennent de faire ; et leur prétention selon laquelle leur vote n’aurait qu’une portée symbolique, loin d’atténuer leur méfait le caractérise.

 

Car tout ce que l’Etat français peut arrêter concernant notre avenir ne saurait, par définition, qu’être purement symbolique, et n’aura jamais la moindre influence sur ce que nous allons décider.

 

Dans ces conditions, force nous est de constater que les répercussions concrètes de ce scrutin symbolique vont uniquement se faire sentir sur le territoire français, ce qui était d’ailleurs, de l’aveu de Benoît Hamon, l’un des parrains de la proposition socialiste, l’objectif de cette sinistre mascarade.

 

Cet été, des dizaines de milliers d’islamisants, tous voiles dehors, descendaient les boulevards en scandant "mort aux Juifs !", et en ce début décembre, au lieu de leur signifier qu’ils ne le toléreraient pas, les parlementaires bleu-blanc-rouge viennent d’ajouter "à bas Israël !", en tentant de se faire passer pour des humanistes. Les bigres !

 

Un jour avant que les représentants du peuple français ne palabrent, quai d’Orsay, sur le thème de la création d’un Etat n’ayant jamais eu aucune existence physique ou politique jusqu’à ce qu’il déclare la guerre aux Israélites, trois hommes cagoulés agressaient un jeune couple dans leur appartement de Créteil. Créteil où survit, sous les menaces quotidiennes, les quolibets, les provocations et la violence, la plus grande concentration de Juifs du Val de Marne. Le couple a été malmené, dévalisé et les assaillants ont violé la femme.

 

Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, après que la police ait mis la main sur les suspects, a décrété que "le caractère antisémite" de l’agression de lundi "semble avéré".

 

Nous n’allons assurément pas expliquer ici que les deux évènements sont forcément liés, ni même que les trois criminels étaient au courant de ce qui se déciderait le lendemain dans l’hémicycle. En revanche, à force de voir les media tricolores, désormais relayés par les élus de la nation, évoquer avec nostalgie l’existence famélique d’un Etat de Palestine ainsi que de son "peuple" qui auraient existé avant l’avènement des envahisseurs, occupants, colonialistes, sanguinaires tueurs d’enfants sionistes, l’esprit de vengeance "légitime" contre leurs frères ou leurs cousins français ne prend pas la direction de l’apaisement, bien au contraire.

 

Le Monde, dans sa narration du vote d’hier, mentionnait le parlementaire UDI Meyer Habib, opposé à la résolution, comme un député franco-israélien. Le Monde collabore à l’instauration de l’environnement putride antijuif et ces temps, il déchaîne ses partis-pris à longueur de pages. Quand donc lira-t-on dans la même presse les exploits de Madame Rachida Dati, "maire franco-algéro-marocaine du 7ème arrondissement de Paris" ? Le jour où la presse main stream communiquera les noms et les origines des voleurs-violeurs de Créteil ?

 

Et ce qui s’est passé hier à l’Assemblée marque le franchissement de la dernière ligne rouge, du dernier garde-fou. Une vaste majorité de députés français vient de livrer un Etat clés en main à Mahmoud Abbas, le président d’une entité qui nie l’existence historique du temple de Salomon à Jérusalem, et prétend que lorsque les Juifs visitent ses ruines, ils souillent le sol sacré du troisième lieu saint de l’islam.

 

Ces députés viennent de livrer un Etat à une entité dont la moitié du gouvernement est formée par une organisation appelant ouvertement à l’assassinat de tous les Israélites, prônant leur génocide et évoquant toute forme de négociation avec eux comme une perte de temps.  

 

Car pour prononcer autant d’imprécisions et de mensonges qu’on en a entendu résonner lundi sur les bords de la Seine, il faut vraiment être en guerre, et ce "combat historique" est dirigé contre les Juifs, puisque les Israéliens sont hors d’atteinte des arrogants du Palais Bourbon.

 

Et si certains députés socialistes ne participent pas à cet affrontement, disons qu’ils ne tiennent pas les Juifs et leurs intérêts en très haute estime, guère plus que la vérité historique qui les concerne.

 

Sans peut-être s’en rendre compte, les représentants de la nation française ont abrogé hier les règles du jeu en décidant d’imposer à Israël comme frontière permanente avec les Palestiniens, une ancienne ligne d’armistice avec les Jordaniens.

 

Les Israélites n’ont rien à faire dans un pays dont les élus se comportent de la sorte. Parmi les votants, 50 pour cent d’antijuifs et l’autre moitié d’imbéciles, dans un monde explosif où la bêtise ne saurait faire office de circonstance atténuante ni de gilet pare-balles.

 

Aucune communauté n’est capable de vivre au milieu de tant de haine, désormais officialisée au niveau parlementaire. Ceux qui croyaient encore au rêve français, et dont les ancêtres ont fréquenté les Gaulois, sont en train de ficeler leur bagage. Ce matin, tous les vols à destination de la colonie de Tel-Aviv, en territoire palestinien occupé et annexé, en provenance de France étaient pleins à craquer. Et je vous assure que dans les semaines à venir, il faudra ajouter des avions.

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