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Et si, réellement, la France sans les Juifs, ce n’est pas la France, eh bien, tant pis pour la France !

Et si, réellement, la France sans les Juifs, ce n’est pas la France, eh bien, tant pis pour la France !(info # 011405/15)[Analyse]

Par Stéphane Juffa © MetulaNewsAgency

 

Ce n’était qu’une question de temps de savoir quand les relations entre les gouvernements français et israélien allaient exploser. Il n’était pas difficile de le prévoir et nous n’avons ainsi que peu de mérite à l’avoir fait. Cela procède d’un engrenage qui s’était mis en marche à l’Assemblée nationale avec la reconnaissance de l’Etat palestinien à une forte majorité ; on savait que c’étaient les prémices d’une vaste offensive diplomatique franco-arabe diligentée par Laurent Fabius et visant le Conseil de Sécurité de l’ONU.

 

La semaine dernière, tout a éclaté, à Jérusalem, à l’occasion du dialogue stratégique annuel réunissant traditionnellement les experts des ministères des Affaires Etrangères des deux pays. Et ça a pété fort, de l’avis des diplomates des deux délégations, puisqu’on en est presque arrivé aux insultes entre les représentants israéliens, emmenés par le Directeur Général des Affaires Etrangères, Nissim Ben Shitrit, et l’imposante ambassade tricolore, dirigée par le Secrétaire Général du Quai d’Orsay, Christian Masset.

 

D’habitude, en cette occurrence, on laissait de côté les désaccords pour se concentrer sur les points communs existant entre les deux politiques étrangères. Mais la semaine dernière, les participants comprirent, dès les premiers échanges, que cela allait, cette fois, se passer beaucoup moins sereinement.

 

Les divergences s’articulent autour du projet de Laurent Fabius de présenter au Conseil de Sécurité une proposition de résolution dont l’objectif avoué est de mettre un terme au contentieux israélo-palestinien.

 

Un premier jet du brouillon de la motion avait été vigoureusement rejeté par l’Autorité Palestinienne, il y a plusieurs mois, parce qu’il mentionnait clairement la reconnaissance d’Israël en sa qualité d’Etat juif.

 

Ce qui n’a pas découragé le ministre français des Affaires Etrangères, puisque ce dernier remet ces jours l’ouvrage sur le métier, et qu’il en est déjà à discuter de phraséologie avec ses homologues arabes, palestinien, de même qu’avec d’autres Etats membres permanents du Conseil.

 

Fabius, à qui les Américains ont demandé d’attendre avec son initiative que les négociations avec l’Iran se terminent, reste résolu à présenter son texte avant la fin de la session de septembre à Manhattan.

 

Or le Quai discute du contenu de sa résolution avec tout le monde, sauf avec l’Etat hébreu, qui est, évidemment, l’une des parties intéressées en premier lieu par cette initiative. Son ébauche de formulation circule entre de nombreuses capitales, alors que Jérusalem n’en a pas encore officiellement vu la copie, ni même n’a été informée de ses grandes lignes, ce que l’on assimile ici à un comportement catégoriquement hostile. Hostile, au point que l’on s’interroge sur l’intérêt de poursuivre un dialogue stratégique avec Paris, quand la discussion est intentionnellement évidée de son plus important sujet.

 

C’est grâce à des diplomates amis d’Israël que nous nous sommes finalement procurés un exemplaire officieux du document qui pourrait influencer la survie de notre pays. Vous parlez d’un détail…

 

Nissim Ben Shitrit a ouvertement protesté contre le mode opératoire de ses hôtes, leur reprochant de "parler avec le monde entier de votre initiative, sauf avec nous", leur lançant aussi : "Vous semblez avoir oublié que nous sommes également partie prenante à cela et que vous avez l’obligation de nous y impliquer aussi".

 

La délégation française a copieusement menti, répondant à Ben Shitrit qu’aucun brouillon détaillé n’avait été soumis aux Palestiniens ni aux pays arabes, et promettant qu’ "on se trouvait uniquement à un stade préliminaire, et que, lorsque nous aurons rédigé quelque chose, nous vous le montrerons".

 

Christian Masset a tenté en vain de convaincre ses interlocuteurs que le processus en cours se déroulait à leur profit, et que Paris essayait de parvenir à une formule qui soit acceptable par les deux camps et qui permettrait la reprise des négociations.

 

Chercher un phrasé qui conviendrait à Israël sans lui en parler ? Que voici une étonnante démarche, surtout si le Quai utilise les compétences des ennemis déclarés de l’Etat hébreu afin de le rédiger.

 

A ce moment de la réunion, le ton monta, les disputes et la confrontation prirent le dessus, jusqu’à ce que les fonctionnaires présents ne purent que constater que l’atmosphère de cette rencontre traduisait fidèlement l’état des relations entre les deux capitales, et que l’on se trouvait même au plus profond d’une crise majeure qui n’allait probablement que s’amplifier encore.

 

Pour saisir la colère des Israéliens, nous, de dévoiler que le plan Fabius – à l’instar de la reconnaissance de la Palestine par l’Assemblée nationale - prévoit que le Conseil de Sécurité appelle Jérusalem à se replier sur ce que le Quai nomme "les frontières d’avant 67". La proposition précise que toute modification ou échange territorial devra être accepté par l’Autorité Palestinienne.

 

Cela aurait pour conséquence de couper Jérusalem de Tel-Aviv, l’autoroute reliant les deux villes empruntant brièvement un tronçon situé au-delà de la "ligne verte", et de placer la frontière de l’Etat de Palestine, à son extrémité occidentale, à 14.3 kilomètres de la mer, exactement entre Tel-Aviv et Netanya, au cœur névralgique d’Israël.

 

Dans cette formulation, Paris confond intentionnellement la ligne d’armistice, temporaire par définition, qu’Israël avait conclue avec la Jordanie au terme de la Guerre d’Indépendance et une prétendue frontière avec une entité palestinienne, qui n’existait pas avant 1967.

 

D’un strict point de vue stratégique, compte tenu de l’instabilité politique et sécuritaire régnant dans la région, de la présence du Hamas en Cisjordanie, qui prône l’anéantissement d’Israël et des Israéliens, et de la poussée djihadiste, qui s’exerce massivement depuis quelques années, nous pouvons objectivement tirer deux conclusions émanant de la proposition française :

 

<!--[if !supportLists]-->1.     <!--[endif]-->Au-delà de tout doute sensé, le retrait de l’Etat hébreu sur la ligne d’armistice, sans modification de son tracé, affaiblirait considérablement la situation stratégique d’Israël, en attentant notablement à sa capacité à défendre sa population côtière, qui représente environ cinq millions d’habitants sur les sept et demi que compte ce pays.

 

<!--[if !supportLists]-->2.     <!--[endif]-->En prenant comme référence une période d’un demi-siècle qui suivrait le retrait exigé par Fabius, ce qui constitue une durée très courte en matière de géopolitique, en observant les cinquante années qui l’auront précédé, ainsi que l’évolution de la violence et de l’interprétation des textes sacrés durant ce laps de temps, il est possible d’en déduire que l’on se dirige vers l’exacerbation des conflits et non l’accalmie.

 

Dans ces conditions, si ce retour à la ligne d’armistice devait se réaliser, on peut techniquement prévoir que les risques de massacres, voire de génocide, visant la population israélienne s’en verraient considérablement augmentés.

La proposition Fabius ne se borne pas à demander à Jérusalem de s’exposer volontairement à des risques mettant en cause sa survie, elle l’exige, de plus, et la menace de sanctions si elle ne s’exécute pas.

 

Ainsi, le projet du Quai entend-il délimiter la période durant laquelle les parties devraient s’entendre sur les détails de l’application de la résolution qui serait votée au Conseil de Sécurité ; de par la manière dont cette motion est présentée, et de par son contenu, il serait plus précis de parler de période laissée à Israël pour décider de se suicider.

 

Passé ce délai, le projet du ministère tricolore des Affaires Etrangères prévoit l’introduction de sanctions internationales contre Israël, qui seraient, assurément, de nature à la faire plier ou à l’asphyxier financièrement et militairement.  

 

L’éventualité de la convocation d’une conférence internationale pour décider de l’avenir des relations israélo-arabes est également envisagée par les divers brouillons de l’initiative Fabius. A raison de sept millions d’Israéliens pour un milliard et demi d’Arabo-musulmans, la tenue d’une conférence de ce type équivaut à l’organisation d’un match de football qui opposerait un joueur israélien à onze propalestiniens, aux arbitres et au public. C’est à peu près la signification de l’instauration de la jurisprudence internationale à la force du plus grand nombre ; cela donne accessoirement des présidents iraniens, pakistanais ou saoudiens à la tête du Conseil des droits de l’homme ou de l’Assemblée générale de l’ONU. On dit ensuite que Jérusalem ne respecte jamais la législation internationale…

 

La proposition française est catastrophique, et la France du Maréchal Pétain n’aurait probablement pas rechigné à la présenter elle-même à l’ONU. Elle a, de plus, un effet pernicieux et méphitique sur la situation entre Palestiniens et Israéliens ; d’abord, parce que, connaissant le libellé de la résolution que Paris prépare, Mahmoud Abbas devrait être carrément sioniste pour rouvrir sérieusement les pourparlers de paix avec Netanyahu avant de voir, dans quatre mois tout au plus, si elle est acceptée ou refusée à New York.

 

A ce titre, c’est indubitablement l’initiative diplomatique de l’Hexagone qui bloque tout progrès, non seulement en direction d’une éventuelle entente entre les protagonistes, mais même dans la réalisation d’avancées minimalistes.

 

Ensuite, parce qu’il est exclu qu’Israël participe à ce processus ou qu’elle accepte de se plier à l’éventuelle résolution qui couronnerait de succès les efforts de Paris. Si les électeurs hébreux étaient consultés sur ce sujet, ils la repousseraient à plus de 80 pour cent de leurs suffrages.

 

Or, même si ce processus occasionnait des souffrances certaines aux populations israélienne et palestinienne, l’ONU n’est pas aujourd’hui en mesure d’imposer sa volonté à Jérusalem. Ce que l’on peut envisager, contrairement aux intentions de M. Fabius, c’est un renforcement du camp des faucons, entraînant un durcissement sévère de la politique israélienne à l’égard des Palestiniens, et, plus que probablement, l’annexion définitive de la Cisjordanie.

 

Voici, brièvement énumérées, les seules perspectives concevables de l’initiative française. Avec elle, les Palestiniens ont moins de chances d’obtenir un Etat que sans elle, et les lourds contentieux franco-israélien et franco-juif sont en train de se creuser irrémédiablement.

 

Cela peut sembler étrange que cette nouvelle crise – peut-être la plus grave – éclate à l’initiative d’un Laurent Fabius, descendant de l’une des plus prestigieuses familles juives d’Alsace-Lorraine, petit-fils d’Elie Fabius, un célèbre antiquaire, arrière-petit-fils d’Emmanuel Fabius, dont le propre grand-père, Joseph, changea son nom de famille de Léon à Fabius, en 1808, lorsque les Juifs français obtinrent enfin le privilège de porter un nom de famille. Ca fait du monde à se retourner dans sa tombe !

 

Jusqu’à présent, pendant qu’on crie "Mort aux Juifs !" sur les grands boulevards, et "Juif, fous le camp, la France n’est pas à toi !", devant une France impassible, pendant qu’on brise la stèle d’Ilan Halimi, comme si les tortures qu’on lui a infligées ne suffisaient pas, le gouvernement, en paroles au moins, prenait le parti des Juifs.

 

Jusqu’à Manuel Valls, qui répétait, la semaine dernière, que l’antisionisme est la face cachée de l’antisémitisme. Valls, dont on a bien remarqué qu’il n’a participé ni à la discussion, ni au vote ayant conduit à la proclamation, par l’Assemblée nationale, de l’Etat de Palestine.

 

Même si la sympathie du 1er ministre ne fait pas de pli, son amitié est, cette fois, nettement insuffisante, et s’il compte sauver les meubles, il faudrait qu’il ne tarde pas à se rappeler qu’il est le chef du gouvernement, car on est entré dans le temps additionnel précédant le divorce final.

 

Et si, réellement, la France sans les Juifs, ce n’est pas la France, eh bien, tant pis pour la France ! Aucun Israélite digne de ce nom n’acceptera que Paris se batte pour mettre Jérusalem en danger existentiel. D’ailleurs leur migration s’accentue, même avant la parution de cet article ; chaque semaine, on reçoit un coup de téléphone d’Ashdod ou de Netanya, d’une connaissance, née en France, dont on n’aurait jamais pu imaginer qu’elle puisse la quitter.

 

Mais Dreyfus, ça suffit, les lois d’exception de Vichy, les policiers français impunis de Drancy, qui poussaient les enfants vers les chambres à gaz pendant que nous défendions l’honneur de la France à Bir Hakeim et sur le plateau des Glières ! On n’a pas oublié le "Ils étaient restés tels qu'ils avaient été depuis tout temps : un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur", pas plus que l’accusation d’infanticide lancée par France 2 à Nétzarim, torrents de boue vert-gris, qui se sont mués en fleuve d’hostilité et de haine permanente.

 

A tel point que les sociétés israéliennes installées en France déménagent les unes après les autres, que les familles de nos footballeurs évoluant pour des clubs tricolores les poussent à partir parce qu’elles ont peur – il n’y en a d’ailleurs plus aucun dans le championnat de France. A tel point que l’on risque des coups quand on annonce qu’on est israélien en Hexagone.       

 

Mais prendre la tête d’une charge à même de mettre en danger la pérennité d’Israël, nous faire courir le risque d’une nouvelle Shoah, signifiera la fin d’une présence juive significative en France. Une fois de plus, nous vous aurons avertis.

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