Share |

LES ENFANTS D’«AL-ANDALUS» : LE MAROC SUR LES TRACES DE SES RACINES ANDALOUSES

LES ENFANTS D’«AL-ANDALUS» : LE MAROC SUR LES TRACES DE SES RACINES ANDALOUSES

Écrit par Jihane BOUGRINE

En marge du Festival des andalousies atlantiques, Rick Leeuwestein et Hicham Ghalbane sont à l’affût d’histoires sur l’Andalousie. Et pour cause, ils font un travail de fond depuis 2 ans baptisé «Les enfants d'Al-Andalus» en rencontrant les héritiers de l’Andalousie afin de ne pas oublier leurs histoires, leurs souvenirs et surtout leurs visages.

L’un est photographe, l’autre est plus dans la recherche et dans les interviews. Ils sont amis et ont la même passion pour l’Andalousie. Hicham Ghalbane et Rick Leeuwestein sont deux Hollandais qui sont à l’affût de l’histoire. Pour Hicham Ghalbane, d’origine marocaine, il y a l’appel du pays, ce mystère qui provient de cette proximité entre la cuisine, la danse, les odeurs, les traits. «Je ne suis pas directement lié à l’Andalousie, je n’ai pas d’ancêtres andalous à ma connaissance mais j’ai toujours senti l’Andalousie quand je retournais au Maroc, enfant et cet attrait que les gens ici ont toujours eu avec le sud de l’Espagne», confie le photographe marocain d’origine hollandaise qui sait capter l’émotion du regard et des souvenirs.

Quand à Rick Leeuwestein, son lien avec l’Andalousie se résume à un stage dans le Sud de l’Espagne et des recherches personnelles pour se convertir à l’Islam. «Je faisais des études de tourisme et on m’a proposé d’effectuer un stage en Andalousie, je ne connaissais rien de l’Espagne si ce n’est le flamenco. Je suis tombé amoureux du sud de l’Espagne ! J’y suis resté 9 semaines seulement mais c’était assez pour être hypnotisé par le mystère de cette région et cette authenticité», explique celui qui approfondit ses recherches pour devenir musulman. Des recherches qui l’ont mené à l’histoire de l’Andalousie et à sa connexion avec l’Afrique du Nord et le Maroc en particulier. «La présence d'une forte continuité historique du musulman andalou et d'un héritage juif au Maroc après leur expulsion en 1492 a fourni une histoire dominante dans laquelle les communautés exilées pourraient s'intégrer. La curiosité sur le passé et le présent d'Al-Andalus a conduit les gens à traverser les Détroits (jusqu'à ce jour) et chercher des réponses au Maroc où les musulmans andalous et les juifs conservent leur héritage et patrimoine vivant», continue Rick Leeuwestein qui soutient que Le Maroc est encore très ouvert aux autres traditions religieuses, comme au temps d'Al-Andalus et embrasse cette diversité avec fierté. «La culture andalouse est très appréciée des Marocains, du monde arabe et européen en général. Les communautés andalouses - Al-Andalusiyoun en arabe - incarnent la diversité culturelle du Maroc. Ils se considèrent avant tout comme des Marocains», complète Hicham Ghalbane.

Avec le documentaire «Les enfants d'Al-Andalus», les deux amis ont pour mission de récolter toutes ces histoires du passé et mettre en photo cet héritage. «Il y a beaucoup d’ouvrages sur cette partie de l’histoire mais il n’y a aucun bouquin qui raconte les histoires de ces gens !». Au Maroc, le nombre des descendants des Morisques est estimé à plus d'un million. Jusqu'à maintenant, ces descendants ont gardé une mémoire vivante de leur identité andalouse et depuis quelques années la culture andalouse est reconnue officiellement comme faisant partie de l'identité nationale. «En raison de la présence de traditions juives et chrétiennes dans leur patrimoine, les Andalous au Maroc portent toujours une «convivencia», le modèle de la société pacifique entre Musulmans, Juifs et Chrétiens. Le Maroc est une bonne métaphore du transfert de connaissances entre les Arabes, les Juifs et le Monde européen. Le patrimoine andalou offre une identité avec une référence culturelle, ethnique, linguistique, artistique et historique», continue le duo de chercheurs qui, d’aventures en aventures et au gré des rencontres font leur tout premier voyage pilote en avril 2017 au Maroc. Ils vont à la rencontre d’une quinzaine de familles musulmanes et juives andalouses qu’ils interviewent et photographient. Ils se retrouvent face à des histoires incroyables qui ont besoin d’être partagées avec le plus grand nombre. «Nous espérons que ce livre photo international servira de lien entre le Maroc et l’Europe afin de préserver l’héritage culturel andalou au Maroc et qu'il pourra ainsi inspirer, activer et encourager les jeunes à apporter une contribution positive à leur société». 

Commentaires

Publier un nouveau commentaire

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.
CAPTCHA
Cette question permet de s'assurer que vous êtes un utilisateur humain et non un logiciel automatisé de pollupostage (spam).
Image CAPTCHA
Saisir les caractères affichés dans l'image.

Contenu Correspondant