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Les idéologies meurtrières sont aux portes des démocraties - David Bensoussan

Les idéologies meurtrières sont aux portes des démocraties

David Bensoussan

7 octobre

Pour l’armée israélienne, les capacités du Hamas étaient connues. Mais tout était perçu comme une question du choix du moment. 18 000 Gazaouis travaillent chaque jour en Israël ; il était prévu d’augmenter ce nombre à 120 000 et rien ne laissait supposer une attaque imminente. Israël subissait des attaques terroristes et des attaques de missiles qu’il « gérait. »

De fait, depuis la fondation de l’État, chaque kibboutz ou localité en Israël avait sa garde civile et les villes étaient quadrillées pour coordonner les actions de la garde civile des différents secteurs. Après la guerre des Six Jours, cette garde fut totalement désarmée et la sécurité confiée à l’armée : l’État d’Israël aspirait à être une société civile « normale. »  La mauvaise lecture de la situation sécuritaire a, tout comme la guerre de Kippour en 1973, causé des pertes humaines et matérielles importantes qui auraient pu être évitées. Les responsables de l’armée et du renseignement qui ont fait confiance aux senseurs électroniques pour gérer la sécurité de la frontière gazaouie ont été pris de court lorsque ceux-ci furent ciblés en premier…

Gaza

Gaza n’est pas un territoire occupé, Israël s’en est retiré depuis 2005. Pas un seul israélien n’y habite. Le bien-être des Gazaouis est le dernier souci du Hamas qui a pour priorité de construire des milliers de roquettes et des dizaines de kilomètres de tunnels fortifiés.

Gaza jouit de la commisération internationale en raison d’un prétendu boycottage, les médias omettant de mentionner que l’Égypte a également une frontière avec Gaza.

Il est clair que le Hamas souhaitait une réaction très forte d’Israël à l’attaque du 7 octobre. Qu’importe la souffrance de la population gazaouie. C’est justement sur des images de détresse que le Hamas compte pour émouvoir les masses arabes et entretenir le mythe du pauvre palestinien.

Un pogrom pur et simple

Le 7 octobre, c’était l’idéologie radicale islamiste d’Al-Qaeda qui se manifestait dans toute sa barbarie. De fait, la condition des Palestiniens est le dernier souci du Hamas. Comme l’a souligné l’écrivain Tahar Ben Jelloun, « le Hamas est l'ennemi, pas seulement du peuple israélien, mais aussi du peuple palestinien. Un ennemi cruel et sans aucun sens politique, manipulé par un pays où l'on pend de jeunes opposants pour une histoire de voile sur la tête. »

Le radicalisme islamique est un mouvement bien financé qui a commis des attentats à Londres, New York, Bali, Madrid, Benghazi, Israël et qui a causé la mort de dizaines de milliers de musulmans au Moyen-Orient. C’est un mouvement suicidaire doté de moyens de propagande ultramodernes. Son idéologie est celle des dirigeants du Hamas.

Ce qui s’est passé le 7 octobre relève du pogrom pur et simple. Tout comme ce fut le cas à Hébron en 1929. Les personnes qui ont commis des atrocités sans nom étaient employées par les kibboutz frontaliers qui, en signe de paix, se préparaient à faire fleurir le ciel de cerfs-volants des deux côtés de la frontière le soir du 7 octobre. La réjouissance hystérique des Gazaouis et leur maltraitance des otages israéliens, tout comme les manifestations de joie dans des capitales arabes devant le spectacle de juifs massacrés, ont rappelé les razzias du passé (Fès au Maroc 1912, Constantine en Algérie 1935, Farhud en Irak et Tripoli en Libye 1941...) et mis à jour un autre visage, celui d’un antisémitisme arabe.

Il en va de même pour l’Occident qui a été surpris par les célébrations pro-Hamas immédiatement après la prise de connaissance de la sauvagerie anti-israélienne qui n’est autre que la célébration des massacres perpétrés dans la pure tradition de l’État islamique. Fêter la barbarie c’est l’inviter à s’instaurer dans le pays d’accueil. De fait, on prend tout juste conscience que plusieurs décennies d’enseignement de la haine ne disparaissent pas sitôt qu’on a acquis une nouvelle nationalité.

L’Iran

L’Iran qui tire les ficelles de la violence dans la région a pris conscience de la faiblesse des États-Unis qui s’en sont désintéressés pour se concentrer sur le Pacifique. L’Amérique a réagi militairement à 3 des 83 attaques qu’elle a subies de la part des milices iraniennes. L’administration Biden n’a pas cessé de faire des concessions à l’Iran afin de  faire revivre l’accord des 5 +1 sur le nucléaire iranien. Dans les faits, les sanctions américaines contre l’Iran ont été relâchées. Des voix s’élèvent aux États-Unis pour faire cesser l’aide à l’Ukraine. Un échange de 6 otages de nationalité américaine pour une rançon de 6 milliards versée à l’Iran est perçu comme un autre signe de faiblesse.

L’Iran craint le succès des Accords d’Abraham et du traité de paix en veille d’être signé entre Israël et l’Arabie saoudite. Il n’en demeure pas moins que la route de la soie chinoise évite de traverser l’Iran considéré comme problématique. Continuer à armer le Hezbollah libanais et le Hamas gazaoui et rallumer le conflit israélo-arabe est une dernière carte iranienne pour tenter de s’imposer dans la rue arabe comme la puissance qui va éliminer Israël et tenir tête aux États-Unis.

Cette perception de faiblesse américaine accompagnée de celle qui a vu la société israélienne divisée comme jamais elle ne le fut à la suite de la réforme judiciaire du gouvernement Netanyahou a fait pencher la balance pour une action lors d’un jour de fête religieuse juive.

Sacrifier un million de Gazaouis sunnites ne dérange pas l’Iran. Lancer le Hezbollah chiite en guerre risque de faire intervenir les États-Unis. Sans couverture russe ou chinoise, il est fort peu probable que l’Iran déclenche les hostilités au Liban. Les États-Unis ont d’ailleurs averti qu’ils interviendraient militairement si tel était le cas. Mais il faut garder à l’esprit que le régime iranien est toutefois un régime à la merci d’un idéologue islamiste qui glorifie le martyre.

La conjoncture géopolitique

L’Iran cherche à rallier la Russie et la Chine dans un bloc qui effriterait l’hégémonie américaine. Il se pourrait que ces pays cherchent à saboter la consolidation d’un accord israélo-saoudien afin de diminuer l’influence américaine et augmenter la leur. De fait, la Russie et la Chine n’ont pas condamné le Hamas et leurs médias officiels sont critiques d’Israël, ce qui laisse penser qu’ils comptent attiser le sentiment propalestinien des sociétés arabes pour les attirer dans leur camp. Le conflit latent entre les démocraties occidentales et les pays autoritaires pourrait prendre corps. Or, la Russie de Poutine est empêtrée et pour longtemps en Ukraine. La Chine recherche la stabilité au Proche-Orient d’où elle retire 40% de ses besoins en pétrole.

Les grands pays occidentaux ont manifesté leur soutien à Israël. La crainte de voir l’idéologie de l’islam radical prendre pied en Europe les inquiète au plus haut point.

Seuls les pays arabes qui ont des relations diplomatiques avec Israël ont condamné publiquement les massacres du Hamas. Ce fut l’occasion manquée d’autres leaders arabes de se démarquer des extrémistes.

Les organismes internationaux dont l’Union européenne devraient revoir leur financement : les fonds d’aide internationale sont détournés pour entretenir l’enseignement de la haine. C’est d’ailleurs ce facteur qui attise les extrémismes et qui bloque toute évolution des Palestiniens et des Israéliens vers la paix.

 

Démocratie déchainée

Le fait que des manifestations pro-Hamas se soient tenues aux États-Unis a choqué l’Amérique. La majorité des démocrates américains, le président Biden en premier, se rallient à Israël de façon non équivoque.

Des critiques sont formulées au grand jour contre des universitaires américains dont l’idéologie a teinté l’enseignement et qui ont cherché à miner la liberté académique lorsque celle-ci ne s’exprime pas comme eux l’entendent. Il y a déjà des sanctions des grands donateurs et des grandes compagnies envers les campus qui n’ont pas sévi contre les manifestants pro-Hamas.

La clarté amorale des libertés individuelles poussées à l’extrême est aujourd’hui mise à nu.

La réaction d’Israël

Il est évident qu’Israël ne peut laisser le Hamas bombarder les villes israéliennes aveuglément et qu’il est devenu impératif de le désarmer. L’homme d’État Henry Kissinger disait : « Dans la lutte qui oppose un État au terrorisme, une victoire partielle de l’État constitue une victoire totale pour les terroristes. » Ce message, Israël l’entend aujourd’hui.

Il faut s’attendre à des moments difficiles. Le Hamas ne changera pas d’idéologie. Il ne faut pas compter sur une évolution du Hamas vers la modération : la ville de Dresden fut éradiquée par les Alliés durant la Seconde Guerre mondiale et on y compta près de 100 000 victimes. Cela ne changea pas d’un iota la volonté d’Hitler de poursuivre son carnage. Il sera demandé à Israël de faire preuve de modération – étrangement, personne ne fait la même demande aux Ukrainiens.

Les médias abondent généralement en images de victimes palestiniennes en ignorant les victimes israéliennes. Ils n’ont pu le faire après les évènements du 7 octobre. La sympathie envers Israël est exprimée lorsque des Israéliens sont massacrés, pas lorsqu’ils se défendent.

On ne pourra plus penser que le Hamas abandonnera ses buts génocidaires en améliorant la condition économique des Gazaouis. Israël ne pourra plus se permettre de rester sur la défensive, d’accrochage en accrochage. C’est une politique qui a échoué.  Nettoyer Gaza des terroristes sera une entreprise complexe et longue. Il faudra conserver la tête froide et les nerfs à vif.

Aussi garder le cœur chaud pour que s’établisse à long terme un autre paradigme de coexistence.

Cet article vient de paraître dans la revue montréalaise La voix Sépharade du mois de décembre 2023

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