Les Israéliens et les Juifs marocains, par Jamal Berraoui
Pour couper court à toute interprétation de cette chronique, ma conviction est qu’Israël n’est pas pérenne parce que c’est un Etat construit uniquement autour d’une religion, ce qui en fait un Etat occidental en plein Orient. Mais je n’éprouve que de l’incompréhension, chaque fois qu’il y a une poussée d’urticaire parce qu’un Israélien a foulé le sol national. On l’a vu avec la présence de Bronstein, que les palestiniens qualifient d’homme de paix au congrès du PJD, ou le film documentaire de Tinghir à Jérusalem, ou encore le tournage d’un film Israélien à Ouarzazate. Politiquement, le Maroc est dans la logique des deux Etats, conformément à la proposition de paix arabe, mais aussi des choix de l’OLP, représentant du peuple palestinien. Face à l’intransigeance Israélienne, Rabat limite son intervention diplomatique au soutien aux palestiniens, alors que partie prenante, même discrète, du processus initié à Barcelone qui a abouti aux accords d’Oslo.
Humainement, les Juifs marocains installés en Israël sont toujours Marocains par le droit, puisque la nationalité est réputée inaliénable, mais aussi parce que c’est leur choix et qu’ils se considèrent en majorité, une diaspora comme une autre. Par leur biais, il y a des échanges entre le Maroc et l’Etat Juif, c’est une réalité que seuls des hypocrites peuvent nier et seuls des niais peuvent les croire. Les jusqu’au-boutistes de l’anti-normalisation mènent un combat d’arrière-garde. «Israël est membre de toutes les instances internationales. Les palestiniens, y compris le Hamas, négocient avec cet Etat. Les Frères Musulmans égyptiens maintiennent les accords de paix sans rechigner. Des produits sortis des colonies Israéliennes en Cisjordanie sont vendus dans des pays du Moyen-Orient, pourtant hantres du refus de la colonisation.
Quand le boycott ressemble à du gruyère de manière aussi flagrante, il est ridicule de vouloir l’imposer à la culture. Dans la société Israélienne, les Sépharades et essentiellement la diaspora marocaine jouent un rôle important. S’ils votent majoritairement à droite, c’est pour des raisons internes, la gauche étant la propriété des Ashkenazes historiquement. Des travaux comme ceux de feu Haïm Zafrani constituent le substrat d’un rapprochement, d’abord parce qu’ils prouvent que la coexistence a été possible en terre d’Islam. Ces forces peuvent peser en faveur d’une reconnaissance du droit du peuple palestinien à un Etat indépendant.
Encore faut-il qu’on n’exige pas d’eux qu’ils brûlent leur passeport Israélien. Le soutien à la cause palestinienne doit retrouver sa dimension réelle. C’est parce que c’est une cause juste qu’il faut la soutenir, pas parce que ce sont des Arabes contre des Juifs. Ce soutien ne peut se faire au détriment d’intérêts marocains, surtout s’ils concernent la véritable première question nationale, c’est-à-dire le Sahara. Parce qu’il faut le dire clairement, le lobby juif marocain est aussi nationaliste sur cette question. Ceux qui voudraient nous faire croire que le tournage d’un film à Ouarzazate renforce l’Etat hébreu, se trompent de dimension. Les divisions palestiniennes et le soutien inconditionnel des USA ne peuvent être comparés à un tournage.
Les Israéliens et les Juifs marocains, par Jamal Berraoui
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