L'ORIGINE DE LA FORTUNE DU ROI SALOMON
Les analyses d'une mission archéologique de 2013 contribuent à prouver l'existence d'un camp minier vieux de 3000 ans en Israël, contemporain des rois bibliques, qui pourrait expliquer la richesse légendaire du fils de David.
Le roi Salomon est célèbre pour sa sagesse légendaire, mais aussi pour son incommensurable richesse. Fortune que l'on rapproche souvent aux mythiques «mines du roi Salomon», qui déborderaient, selon la légende, d'or et de diamants.
Une récente mission archéologique, révélée par National Geographic, pourrait contribuer à révéler l'orgine d'une telle fortune. Des excréments, particulièrement bien conservés grâce au climat arride de la vallée Timna en Israël (au Sud-ouest de la mer Morte), découverts en 2013, ont depuis été datés au carbone 14. Ils seraient vieux du dizième siècle avant l'ère chrétienne, et donc contemporains des rois d'Israël: David, et son fils, Salomon qui aurait régné de 970 à 931 av. J.-C.
La présence de ces excréments d'ânes et d'animaux d'élevage, dans une région parsemée de mines de cuivre et de camps de fonte, toujours selon le magazine scientifique, pourrait conduire à penser que les mines légendaires du troisième roi d'Israël se situaient dans cette région.
Salomon est également connu pour avoir érigé le Temple de Jérusalem, tout d'or et de bronze, qui abrita, quelques années après le début son règne, les célèbres Tables de la loi récupérées par Moïse. Une construction mythique très coûteuse et exigeant des minéraux précieux, qui a longtemps été rapprochée de ces mines légendaires.
Un roi légendaire quelque peu idéalisé
Peu de preuves tangibles et beaucoup de légendes, donc, que distingue Dany Nocquet, docteur en théologie et auteur de l'ouvrage Le Roi Salomon, un héritage en question (Éditions Jésuites). «Contrairement à David, on ne connaît aucune trace historique de Salomon, en dehors de la Bible. Mais cela ne veut pas dire qu'il n'a pas existé», explique-t-il d'emblée.
Le théologien précise également que le royaume d'Israël n'est au Xe siècle av. J.-C. qu'un tout petit royaume indépendant mais peu puissant, qui tombera sous la domination assyrienne trois siècles plus tard. Il eut une certaine influence sur le Sud et transportait des caravanes de minerais vers la Mésopotamie et la Phénicie, mais n'a pu mener un commerce de grande envergure. Des mines sont donc bien à l'origine de la richesse, quoique modeste, du royaume.
Mais si, dans cette région, on relève l'existence de plusieurs opérations minières, elles n'étaient pas l'apanage des Israélites, et servaient aussi au royaume voisin d'Édom. Il s'agissait, qui plus est, exclusivement de cuivre. «Ces histoires de mines de diamant relève du fantasme pur», affirme Dany Nocquet. «Cela vient peut-être des archives assyriennes faisant mention d'un trésor et de minéraux précieux au-delà du désert.» Selon lui, il n'y a «aucun lien» entre ces prétendues richesses et le Temple de Jérusalem, qui a plus vraisemblablement été commencé sous le règne de David.
«Salomon est un personnage qui a été peu à peu idéalisé au cours des siècles. Même au sein de la Bible, son portrait évolue. L'histoire en a fait l'archétype du roi assyrien, qui allie sagesse et richesse. Mais tout cela reste du domaine du mythe», conclut le spécialiste.
Tout comme la fuite d'Égypte ou l'Arche d'Alliance, les mines du roi Salomon représentent un épisode de l'Ancien Testament qui n'a depuis cessé d'exercer de vives fascinations, et s'est inscrit dans la culture populaire. Le roman de l'écrivain britannique Henry Rider Haggard en 1885, Les Mines du roi Salomon, a ainsi été adapté une dizaine de fois au cinéma, et ce dès 1919.
Source : Le Figaro
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