Maroc : les femmes dans la rue pour lutter contre le viol
Plusieurs associations féminines ont organisé samedi un sit-in devant le parlement marocain pour réclamer la réforme d’une loi discriminatoire envers les femmes, une semaine après le suicide de la petite Amina
Le suicide, le 10 mars dernier, de la jeune d’Amina Al Filali, 16 ans, mariée de force à son violeur, a choqué le Maroc. La population et la presse appellent à une réforme de la loi loi qui joue en faveur du violeur, lui permettant d’épouser sa victime pour échapper à la justice.
Des manifestations des femmes et des mouvements féministes
« Nous sommes des Amina », « Halte aux violences contre les femmes », « Abrogez la loi » scandaient les femmes qui ont répondu nombreuses à l’appel des associations, afin de défendre leurs droits face à la loi inscrite dans la Constitution.
Les femmes, manifestant dans la rue, brandissaient des banderoles et demandaient la suppression de l’article du code pénal. Cet article permet le mariage forcé de la victime d’un viol avec son bourreau, afin que le violeur échappe à la prison.
« Amina martyre », « La loi m’a tuer », « Mettons fin au mariage des mineures », scandaient les femmes, rassemblées à l’initiative de la Fédération de la ligue démocratique des droits des femmes. « Amina et les autres, victimes de l’article 475 du code pénal », brandissait une femme sur une pancarte, avec le mot « Anaruz », qui signifie « espoir » en berbère. Anaruz est un le nom d’une association d’écoute des victimes d’agressions sexuelles conjointement avec l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM).
« En 2008, le gouvernement avait déposé un projet, qui est resté lettre morte, pour réclamer la refonte du code pénal en vue de mettre fin à la discrimination et à la violence », informe Houda Bouzil, la présidente du d’un bureau de l’ADFM.
La mère aurait forcé elle même sa fille a épouser le violeur
« Je ne voulais pas aller avec eux chez le juge pour les marier. Mais ma femme m’y a obligé. Elle m’a dit qu’il fallait le faire pour que les gens arrêtent de se moquer de nous, pour faire taire la honte », a déclaré le père de la victime, Lahcen Al Filali, qui prend part également aux manifestations. « Est-ce qu’on peut imaginer qu’un homme qui force une fille à le suivre avec un couteau et qui la viole peut ensuite vouloir l’épouser? », demande le père.
Le Maroc, entre archaïsme et modernité
Le gouvernement du Maroc a promis d’examiner cette loi archaïque.
Ce drame met en lumière les contradictions d’une société qui, à la fois aspire à des évolutions vers la modernité, mais reste encore archaïque à cause de certaines lois inchangées qui demeurent et des mentalités traditionnelles encore ancrées chez une partie de la population. En effet, à côté de cette loi archaïque, la nouvelle Constitution adoptée en juillet dernier par le Maroc, prévoit l’égalité entre hommes et femmes et bannit « toute discrimination ».
« C’est la loi, une règle sociale absurde, grotesque, que celle qui veut remédier à un mal, le viol, par un autre encore plus répugnant, les épousailles avec le violeur (…) Qui punissons-nous au final, la victime ou son bourreau? », demande le journal Al Sabah.
Le violeur de l’adolescente, entendu par la police, se trouve cependant toujours liberté.
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