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Mes villes : PARIS, JERUSALEM, par Jose Boublil

 Mes villes : PARIS, JERUSALEM, par Jose Boublil

 

Paris. Jérusalem. Deux villes en principes d'une beauté inouie. Pour Paris, le monde entier l'a plébiscitée "la plus belle ville du monde".

Pour Jérusalem, les juifs chauvins en ont dit "il y a dix mesures de beauté qui ont été données au monde. Neuf pour Jérusalem".

Qui croire? Comment concilier ces contradictions.

J'ai vécu environ 35 ans à Paris , si je compte les journées de Poker, les nuits en boite de nuit , alors que je vivais trois années à la cambrousse.

Paris est une ville qui éblouit n'importe quel esthète, n'importe quel amoureux des belles choses. Par un immeuble ne dépareille avec son voisin.

Les sculptures aux façades sont dignes des plus grands maîtres, bien souvent. Quant au coordinateur de cette majesté, Monsieur Haussman , a réussi le temps d'une vie , à transformer sa ville disparate , sans direction, ni réel urbanisme,malgré des bâtiments sublimes , en une organisation militaire de la beauté architecturale.Ce renouveau étonnant de simplicité et d'originalité s'est même poursuivi après sa mort, un peu comme si tout le monde avait fait allégeance à ce génie de l'urbanisme . Ainsi, on peut voir ces merveilleux bâtiment de style Art nouveau, du célèbre Guimard , d'autres de style Art déco . Et même les immeubles très contemporains s'inscrivent dans cette logique d'alignement, de blancheur régulière grâce aux ravalements, de hauteur limitée etc...

Paris est également cette ville où chaque place, des plus grandes aux plus petites sont là pour vous couper le souffle. La concorde, cette arène de voitures décorée de bâtiments somptueux de plusieurs époques, dont l'épicentre est un obélisque ciselé par les premiers écrivains publics. Et puis, trois directions dont les seuls noms appellent tant l'Histoire:les Champs-Elysées, la rue Royale, l'entrée du jardin des Tuileries.Un autre site, place du Trocadero, pour voir apparaître l'alignement des cascades des bassins du lieu, puis au loin notre chère Tour Eiffel, tantôt considérée comme ringarde, tantôt comme avant-gardiste,en tous cas prouesse technologique, et symbole éternel de Paris. Cette grande dame de fer est installée sur le Champ de Mars , jardin magnifique bordé des plus beaux appartements de la capitale.Des places plus petites, comme celle des Vosges , et la Maison de Victor Hugo. La place du tertre et ses peintres, parmi les plus kitch du monde, mais sur laquelle on rêve de voir sortir un Maurice Utrillo, un Gen Paul,ou en Lucien Genin. 

 Au fond, cette capitale du monde, a peu de défauts sur le plan esthétique; mais surtout accumule tout le génie du monde  depuis plus de 3 siècles sur quelques kilomètres carrés.

Face à cela, que j'ai passé des années à apprécier, à aimer du fond du coeur, comment aurais-je pu imaginer un jour une once d'infidélité ?

Car en effet, voilà près de douze ans que ma nouvelle capitale se nomme Jérusalem, Yerushalayim.

Des tas de visiteurs de toutes sortes viennent passer un peu de temps ici, pour comprendre cette ville qui fait plus parler d'elle que toutes les autres villes du monde réunies.

Quelle réponse rationnelle peut-on apporter à l'un des mystère des civilisations?

Cette ville est-elle vraiment si belle que ça? Je réponds objectivement que non. Certes il y a des endroits magnifiques, inclassables, qui s'appellent la vieille ville, l'intérieur des murailles. Il y a aussi le marché central, dont l'énergie vous emporte et vous montre la beauté des mosaiques de couleurs. Il y a le quartier allemand-la Moshava Guermanit- qui vous transporte parfois au fin fond de l'Italie du Sud, parfois en Turquie, ou encore chez les templiers blonds de coeur de l'Allemagne puritaine du 19è siècle. L'un des plus extraodinaires quartier est celui qui mélange sans heurts juifs et arabes, Abu Thor.

Bon, tout ça c'est bien, il existe de très beaux endroits. Mais comment certains osent avancer que Jérusalem est la plus belle ville du monde? Après Paris, on voit Rome, Prague, Vienne, ou d'autres. Sans parler des villes plus modestes, comme Montauban, Aix-en-Provence, ...Ou bien, les rabbins ont pris leurs désirs pour des réalités.

J'ai dû réfléchir longuement à ce mystère-là. En commençant par une question triviale: lorsque vient le soir, et que je promène mon regard vers ma ville , que je me souviens de mon autre ville, qu'est-ce qui me plait le plus?

Je peux aussi me poser la question de l'art: suis-je plutôt attiré par un tableau de David, merveilleux néo-classique, ou par Goya, ou Fussli, ou encore Jerôme Bosch? En fait la réponse est instantanée: le beau avec si peu d'âme ne m'attire pas, ou plus. Cet alignement, cette justesse des tonalités, cette propreté , est magnifique, immaculée, mais prétentieuse trop souvent.

Ma ville aujourd'hui me fait vibrer à cause du vent qui passe à toute allure dans les couloirs de nos douze collines.

Ma ville m'émeut quand je sais que sa reconstruction est si récente, au fond, mais que les femmes et les hommes ont planté des arbres, des plantes et des fleurs avant de poser la première pierre de leur bâtisse. Là, partout, je sens les odeurs du printemps, je vois ces petites touches rouges ou jaunes. Je reconnais mes jasmins de Sidi Bou Said, sauvages,qui montent sur les toits et les murets. Pas une once de désert , pas un mètre sans écologie au sens véritable, pour faire la nique à tous les verts d'hypocrisie car nous sommes le pays le plus écologique du monde: seul pays où le désert recule au lieu d'avancer.

Ma ville est belle par cette lumière qui me rappelle les plus beaux des Rembrandt, comme le Philosophe.

Qu'il fasse jour, lorsque les murs reflètent la violence de cette reverbération, ou nuit où les lampes de la ville semblent donner aux rues ces tonalités qu'on imagine de l'accès au paradis .

Ma ville respire la vie, malgré les tentatives journalières de nous détruire. Car nous l'aimons tellement que des jeunes viennent la sauver, la protéger , protéger la vie . Il y a tant de cités dans le monde qui sentent la fin, fin de civilisations, de joies, de prouesses.

Fin de la vitalité des siècles des lumières, ou d'autres époques . Ici, dans ma ville, tout bouillonne.

Des gens sortis du 18è siècle sont prêts à relever les défis de la modernité ; et ils y sont presque.

D'autres arrivés de leurs tribus d'Ethiopie se frayent doucement un chemin. Les métèques comme moi, de Tunisie ou d'ailleurs , ont déjà la fronde d'engager des études pour leurs enfants, et continuent de chanter leurs vieux chants de Pessah ou de Kippour , qui semblent tellement anachroniques . Tous les mélanges, de couleurs des yeux ou des cheveux, vivent ici pour préparer l'impossible, une ville en Paix. 

Je rêve de cette prochaine étape , d'une Paix qui commencera par celle entre les juifs. Non pas que l'autre Paix soit sans importance, mais il me semble clair qu'aucune évolution solide ne pourra se faire tant que nos voix seront si discordantes. Pour rayonner, Israel doit aimer Israel.  Nous n'avons pas le choix. Vous pouvez croire que nous en sommes loin . Mais je suis intimement persuadé qu'il y a énormément de malentendus , de questions d'ego de tel ou tel, de manière imprécise de poser les questions.

Ma ville attend avec impatience cette nouvelle étape , qu'on peut appeler sagesse du peuple , pour embellir ma ville .

Car ma ville est un être vivant, une âme brillante, dont l'essentiel n'est pas la parure mais la beauté intérieure , qui me fait vibrer lorsque, seul, à 1h du matin , je me promène dans les rues désertes . Rien ne peut égaler cet avant-goût de Gan Eden.

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