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Mohammed El Aissaoui, ambassadeur du patrimoine judéo-marocain aux Etats-Unis

Mohammed El Aissaoui, ambassadeur du patrimoine judéo-marocain aux Etats-Unis

Depuis son immigration aux États-Unis en 2006, Mohammed El Aissaoui s’est intéressé à la promotion du patrimoine marocain, notamment l'héritage judéo-marocain, à travers l'organisation de rencontres et d'activités culturelles. 

C’est à Salé, dans les années 80, que le Marocain Mohammed El Aissaoui a vu le jour et a poursuivi ses études primaires et secondaires, avant d’immigrer aux Etats-Unis en 2006. Diplômé d’une licence en économie de l'Université Mohammed V puis administrateur adjoint au sein de la préfecture de Salé, il avait démissionné de son poste pour continuer ses études à l’Université de New York.

A son arrivée au pays de l’Oncle Sam, il s'intègre sans difficultés majeures. «New York est un État unique qui rassemble des immigrés de tous les pays, donc l'intégration a été facile pour moi. Ici, vous ne vous sentez pas étranger et il y a aussi une importante communauté arabe et notamment marocaine», confie-t-il à Yabiladi. Il y rencontrera d'ailleurs son épouse. Le couple a donné naissance à une petite fille âgée aujourd’hui de sept ans.

Peu de temps après son arrivée aux États-Unis, Mohammed a aussi réussi à former un groupe d'étudiants marocains pour se connaître et s'entraider. «C’était un moyen pour nous de nous connaître et de surmonter ensemble l'ghorba (l'exil) ; nos familles étant loin de nous», ajoute-t-il.

Une amitié qui se développera au-delà des bancs de l'université, car ces Marocains maintiendront la relations et élargiront le groupe pour inclure d'autres MRE aux États-Unis. Mohamed et ses amis organiseront des activités liées à la culture marocaine, y compris judéo-marocaine.

 

Un intérêt ravivé par le geste d’une Marocaine de confession juive

C’est notamment grâce à cette première expérience que le Slaoui créera, plus tard, une association de Marocains de confessions juive et musulmane. Comme dans le premier groupe, cette association a commencé à organiser des activités pour présenter l'héritage judéo-marocain et célébrer des fêtes comme la Mimouna.

Et cet intérêt de Mohammed pour une partie de la culture marocaine remonte à son enfance à Salé. «J’ai grandi dans un quartier à côté d'un cimetière juif. Les juifs venaient nombreux pour visiter ces tombes avant qu’ils ne cessent de venir. Je me demandais pourquoi ils sont partis et pourquoi ils ne vivaint plus à nos côtés», se rappelle-t-il. C’est aussi grâce à la solidarité affichée par une juive marocaine lors de sa recherche d’emploi que cet intérêt ressuscitera.

«J'avais eu un entretien d'embauche avec une femme, et j'avais des difficultés avec la langue anglaise. Après la fin de l'entretien, j'ai été déçu et je pensais que je ne serai pas retenu. Elle était alors venue vers moi pour demander d’où je venais avant de me révéler qu’elle est elle-même Marocaine originaire d'Essaouira. Elle m'a alors annoncé que je devais me préparer pour le job. Elle a toujours été là pour moi.»

Evoluant aujourd’hui au sein d’une organisation non gouvernementale dans l'État de New York, Mohammed explique que son association s’est alliée, par un partenariat, à l'American Sephardi Federation, une grande organisation de juifs séfarades aux États-Unis. Un partenariat qui a permis l'organisation d’un certain nombre d'activités principalement liées au patrimoine judéo-marocain, visant à promouvoir la coexistence entre musulmans et juifs dans le royaume pour les nouvelles générations.

Mohammed El Aissaoui rappelle, à cet égard, comment le conseiller royal André Azoulay a entendu parler des activités organisées par l’ONG. «Il avait exprimé son désir d'y assister et nous l'avons invité en 2017. Il était ravi de voir des musulmans et des juifs marocains sous un même toit, comme c'était fréquent au Royaume, où tout le monde vivait en harmonie», confie le Marocain. «Il avait alors passé plus de trois heures avec nous.»

La solidarité entre Marocains de différentes confessions aux Etats-Unis

C’est grâce aux activités de l’ONG que Mohammed a réussi à tisser plusieurs relations avec des juifs originaires du Maroc. «Les deuxième et troisième générations sont tous liés à la patrie de leurs parents et grands-parents», insiste-t-il.

Et en plus de promouvoir la culture marocaine dans le pays de l'oncle Sam, l'association a également monté des projets pour aider les habitants des villages reculés des montagnes de l'Atlas au Maroc. Des initiatives ont ainsi vu le jour en 2013, avec une opération de collecte de vêtements pour les envoyer dans le Moyen Atlas. «Nous étions un groupe de jeunes et nous avons loué un minibus. Dès le premier jour, le véhicule était plein et nous avons pensé alors louer un dépôt», se rappelle-t-il. Des amis les dirigent ainsi vers un homme disposant d’un grand dépôt.

«Lorsque nous lui avons parlé de notre initiative, et la raison pour laquelle nous voulons louer le magasin, il n'a pas voulu être payé. Lorsque nous avons insisté, il nous a dit, la main sur le cœur et en colère: "Je suis un juif marocain et le Maroc est mon pays donc je n’accepterai pas d'argent de vous".»

Pendant la crise sanitaire actuelle, Mohammed et les membres de l'association tentent d'aider les Marocains bloqués aux États-Unis après la fermeture des frontières du royaume, en leur fournissant abri et nourriture.

«Je devais me rendre au Maroc au cours du mois de février mais j'ai reporté mon voyage», précise ce Marocain qui veut continuer à dépoussiérer l'histoire du royaume et mettre sous les feux des projecteurs ces juifs marocains qui restent attachés au royaume, la patrie de leurs aïeux.

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