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Papa, «un personnage de roman...», par Victor Delouya

Papa, «un personnage de roman...», par Victor Delouya

Aujourd’hui j’ai une pensée très émue pour toi papa, car nous aurions pu fêter tes 95 ans et la chose était tout à fait dans tes cordes car elle ne dépendait que de toi ayant mené une vie saine, équilibrée, sobre et sans véritable excès, mais travaillant courbé sur tes clients plus de 54 heures par semaine sans avoir jamais pris de vacances.
Tu étais né le 20 janvier 1924 à Marrakech dans une famille bourgeoise de propriétaires terriens et tu étais le cinquième d’une fratrie de neuf enfants dont deux sœurs.
Marié à l’âge de 20 ans (maman avait tout juste 15 ans) tu as choisi le métier de barbier et de coiffeur pour hommes que tu maîtrisais à la perfection dès l’âge de 14 ans après avoir interrompu ta courte scolarité.
À l’âge de 35 ans tu es venu à Paris parfaire tes connaissances en coiffure masculine et dans les nouvelles coupes de cheveux et tu en as profité pour apprendre la coiffure pour femmes, la coupe, la technique, les permanentes, les mises en plis et les couleurs avant de revenir à Marrakech chargé de diplômes de l’Oréal de Paris.
Élu Président des coiffeurs de Marrakech et du Sud marocain, tu as ouvert plusieurs salons de coiffure et accepté de prendre en charge la gestion du salon de coiffure de la Mamounia où tu as coiffé entre autres célébrités coutumiers du palace dont ils ont bâti l’histoire, le Duc et la Duchesse de Windsor mais aussi Winston Churchill, époque où mon frère Arrik et moi allions te prêter main forte pendant nos vacances scolaires et les week-ends à faire les shampoings pour gagner notre premier argent de poche en pourboires.
Coquet et élégant, mais surtout connu pour ton sens élevé de l’amitié, de l’hospitalité et du partage, tu as été un grand amoureux des femmes qui confiaient à tes mains habiles et à tes ciseaux leur cheveux mais surtout de maman que tu as épousé deux fois et que tu revenais courtiser alors alors qu’elle s’était remariée en troisièmes noces.
Grand bémol dans tout cela et malgré tous les amours que tu as vécu, tu avais un petit cœur fragile mais pouvant tenir longtemps la route encore selon ton cardiologue à condition de le ménager.
Tombé dans le coma en 1996 à Paris, tu en es miraculeusement sorti après deux/trois jours mais c’est dans la maison de convalescence que tu nous as quitté définitivement le 8 septembre de la même année à l’âge de 72 ans.
Malgré les mises en garde des médecins et des infirmières de l’établissement, tu te levais très tôt chaque matin pour faire seul ta toilette, pour te raser, te parfumer, te coiffer et t’habiller avant de revenir t’asseoir fier et sans aucune aide dans le fauteuil de ta chambre.
Mais ce matin du 8 septembre 1996, ta coquetterie à vouloir recevoir les visites de tes infirmières et des aides soignantes déjà douché, coiffé et élégamment habillé t’aura perdu car elles t’ont trouvé inanimé dans ta salle de bains, décédé depuis plus d’une demi heure déjà.
Tu nous as fait vivre un double choc en cette fin d’été 1996 après ta sortie du coma, nous laissant mes quatre sœurs, mon frère et moi prostrés avec pour seul repère te concernant ta vie de personnage de roman.
Nous t’avons tellement aimé, admiré, respecté mais aussi craint pour l’autorité éducative que tu exerçais sur nous mais autant pour l’amour débordant dont tu nous as couverts, que nous resterons marqués à jamais par ton empreinte.

Yehi zikhro baroukh
‎יהי זכרו ברוך
Baroukh dayane haémeth
‎ברוך דיין האמת
Simon DELOUYA ben Simha

Que ton âme papa chéri connaisse la paix et le repos éternel pour tous tes accomplissements, mérites et actions.
Difficile papa de faire l’impasse sur ta vie, notre vie à tous (tes six enfants, tes onze petits enfants et tes vingt arrière-petits-enfants) tout en revivant les moments ce 20 Janvier 2019, de tristesse collective vécue depuis que tu nous a quitté mais aussi en rouvrant l’album de famille, de reprendre un bain de tous les bons souvenir qui remontent à la surface en ce jour anniversaire de ta naissance il y a 95 ans, pour ta perte irremplaçable, restée inconsolable.
Avec tout mon amour pour toi et mes tendres et délicates pensées affectueuses pour ta mémoire.
Ton fils aîné VICTOR

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