Lectures de Jean-Pierre Allali - Qui-vive, par Valérie Zenatti
Mathilde Karsenti, Mama pour les intimes, est enseignante, professeur d’histoire-géographie. Entourée de son compagnon, Julien et de sa fille, Lola, elle devrait avoir tout pour être heureuse. Mais ça n’est pas le cas. Mathilde, qui exècre Donald Trump et la famille Le Pen, est mal dans sa peau. Elle est insomniaque et a perdu le sens du toucher.
Heureusement qu’il y a les tubes de Leonard Cohen pour lui remonter le moral. Mathilde est la petite fille de François Karsenti, dit Fraji, né le 1er juillet 1924 au Kef, en Tunisie, marié le 19 septembre 1943 à Tunis à Mathilde Ayad, dite Maïssa. Un grand père qui quittera sa terre natale pour rejoindre la France le 30 juin 1968, pays dont il obtiendra la nationalité en 1981 et où il exercera la profession de manutentionnaire dans le Sentier puis à Rungis. À la mort de Fraji, Mathilde découvrira un étonnant cahier où son grand-père évoque sa passion pour la musique et la pratique du violon.
Désorientée, Mathilde décide de quitter la France et, sans indiquer à ses proches sa destination, elle s’envole pour Israël. Tel Aviv, Jérusalem, Netanya, Capharnaüm ou Kfar Nahum, le « village de la consolation », Cana, Nazareth, Gaza, les territoires palestiniens, Jéricho… Elle retrouve d’une certaine manière Leonard Cohen qui donna un concert mémorable en Terre Sainte et qui est omniprésent dans ce livre. Mathilde se crée de nouveaux amis : Ofek de l’association Makam, Raphy et son chien dénommé Louis, la très accueillante Edna, Constance Kahn, metteur en scène qui s’intéresse de près aux travaux de Flavius Josèphe et à sa guerre des Juifs finalement toujours actuelle.
On assiste à une représentation théâtrale mouvementée qui tourne au drame, mais tout est bien qui finit bien. Une lecture qui nécessite de rester sur le qui-vive.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions de l’Olivier, janvier 2024, 176 pages, 19,50 €.
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