Rabbi Yaacov ABIHSSIRA
Le saint et vénéré Maître Rabbi Yaacov Abihssira (que son souvenir soit béni) est né à Tafilaleth (Maroc) en l’an 5567 (1807). Au moment de sa naissance, une grande clarté illumina la chambre, Rabbi Messod (son père) et toute la Communauté en furent heureux. Ils savaient qu’un enfant prodige venait de voir le jour.
En grandissant, Rabbi Yaacov montra un goût particulier et une aptitude peu commune pour l’étude de la Torah. Son père l’initiait dans les différentes disciplines et le jeune homme témoignait d’une grande capacité de compréhension. Rabbi Yaacov devint bientôt un homme, son amour de la Torah allait en s’accroissant. Il devint bien vite un Cabbaliste et un Hassid renommé pour sa grande piété. Il dormait très peu et passait toute la semaine, nuit et jour, dans le Beith Hamidrach en s’adonnant à l’étude de notre sainte Torah. Il n’en sortait que la veille du Chabbath pour se rendre chez lui. Quand cela était nécessaire, il se déplaçait de ville en ville pour collecter des fonds en faveur des déshérités et des malades. Dérangé même en plein nuit, il ne protestait jamais. C’était un homme généreux, sa maison était ouverte à tout venant. On venait de partout le consulter et il était soucieux de faire régner la paix entre les différents membres de sa Communauté. Il avait un sens aigu de la justice même si, en apparence, ses décisions surprenaient parfois. Ainsi, un Rabbin qui séjourna chez lui une année entière eut l’impression que Rabbi Yaacov jugeait les cas de façon peu conforme au Din (Loi Juive), et il en était fort étonné. Mais à chaque fois, la vérité éclatait et il s’avérait qu’il avait vu juste dés le premier instant. On dit que la vérité lui était révélée par le Ciel, et que D-ieu lui évitait le moindre désagrément.
Rabbi Yaacov Abihssira était pénétré du Rouah Hakodech (l’Esprit Saint) et avait le pouvoir d’accomplir des miracles. Les exemples en sont nombreux et sont illustrés par les récits authentiques qui se sont perpétués à travers le temps. Son corps, disait-on, était rattaché au sol, tandis que son esprit voguait dans les sphères supérieures.
Rabbi Yaacov Abihssira est l’auteur de nombreux ouvrages. Certains y trouvent une allusion dans le verset : «Les fils de Yaacov furent au nombre de douze» (Berechit 35,23). Parmi ses livres: Pitouhé Hotam, Mahsof Halavan et Lévona Zacca (commentaires sur la Torah), Yorou Michpatékha Léyaacov (Responsa), Dorech Tov (recueil de commentaires), Bigdé Hassérad et Ginzé Hamélèkh (Cabbale). Ils ont tous été imprimés après la mort du Tsaddik.
Un jour, son fils, Rabbi Messod, demanda à son père l’autorisation de publier ses écrits. Rabbi Yaacov lui répondit : «Mon fils ! Tu ne les imprimeras qu’après que j’ai rejoint l’autre monde. Là, je verrai s’ils ont l’agrément de D-ieu et je te le ferai savoir en rêve». Effectivement, après la mort du Tsaddik, Rabbi Messod vit son père dans un songe qui lui demandait de publier ses ouvrages, car il savait maintenant qu’ils étaient agréés par D-ieu.
Son amour pour la Terre Sainte était profond. A plusieurs reprises il manifesta le désir de tout quitter pour s’y rendre mais la Communauté ne voulut jamais se séparer du Tsadik. Quand il eut atteint un âge avancé, il informa son entourage que le moment était venu pour lui de partir. Il se sentait poussé par une force supérieure mais n’était pas sûr de pouvoir réaliser son rêve. Il réussit à parvenir jusqu’en Egypte, dans la ville de Damanhour, prés d’Alexandrie. Cette localité devrait être la dernière étape de son long voyage. Une veille de Chabbath, tandis qu’il s’apprêtait à réciter le Kiddouch, une bougie s’éteignit soudainement, sans raison apparente. Il s’exclama alors : «Bien ! Que l’âme retourne d’où elle est venue et que le corps aille là où il doit aller», ceux qui entendirent ces propos en restèrent perplexes.
Le lendemain matin, Rabbi Yaacov tomba malade et son état empira tout au long de la semaine, au point que le jeudi suivant il se trouva à l’article de la mort. M. Saroussi (son hôte) fit venir un médecin, un homme pieux, qui annonça qu’il n’y avait, hélas, plus rien à faire pour lui et que le Rabbi décéderait dans la nuit. Quand le médecin fut parti, Rabbi Yaacov se leva et demanda à son hôte ce qu’avait dit le praticien, mais M. Saroussi ne voulut pas lui révéler la teneur de ses propos. Sur l’insistance du Rabbi il finit par lui dire. «Je dois vivre encore jusqu’après Chabbath, rectifia ce dernier, car j’ai certaines réparations à y effectuer». Vendredi matin, lorsque le médecin revint pour y constater le décès, -car il était convaincu que le Rabbi était déjà mort-, il fut stupéfait de voir le Rabbi, nettement mieux, un livre de Torah à la main.
Dimanche matin, de nombreux commerçants de la ville, se présentèrent pour recevoir sa bénédiction. Il leur dit : «Aujourd’hui, vous n’irez pas à votre commerce, car le moment est venu pour moi de quitter ce monde». Puis il les observa un à un, et appela parmi eux deux Rabbins à qui il demanda s’ils étaient disposés à s’occuper de sa toilette après sa mort. Il les prévint toutefois, qu’ils ne lui survivraient pas longtemps. Les deux érudits acceptèrent. Alors le Rabbi commença à réciter le Cantique des Cantique, le Vidouï et d’autres prières, pour implorer le pardon de ses fautes. On lui demanda ensuite s’il souhaitait être enterré à Damanhour et il accepta, à condition que ce soit dans un cimetière juif. Enfin, il récita le Chema et confia son âme à D-ieu. Ce fut le Dimanche 20 Téveth 5640 (4 Janvier 1880).
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