De Berlin aux côtes caribéennes. Un itinéraire peu banal suivi par des milliers de Juifs entre 1938 et 1941 qui trouvèrent refuge dans la ville de Sosua, en République Dominicaine. Tout commence en 1938 lorsque le président américain Roosevelt lance une conférence internationale à Evian. Son but : trouver une solution aux milliers de réfugiés juifs fuyant l’Allemagne nazie. Les 32 nations présentes refusent alors d’augmenter leur quota de réfugiés, exceptée une : la République Dominicaine. Dans l’objectif de redorer le blason de son pays, le généralissime et dictateur Trujillo décide de délivrer 5 000 visas aux Juifs d’Europe. L’opération DORSA est lancée.
« Libres de construire une identité plurielle »
Le web-documentaire « Shalom amigos » revient sur les premiers moments difficiles de ces exilés traumatisés par la guerre et nostalgiques de leur pays et famille laissés derrière eux. Mais très rapidement, c'est le coup de foudre pour ce lieu que chacun surnomme « le paradis ».
Car l’histoire de Sosua, c’est aussi l’histoire d’une rencontre réussie entre deux peuples et entre deux cultures différentes. Mariages mixtes entre Juifs et Dominicaines, intégration sans accrocs, absence d’antisémitisme, conservation des traditions et pratiques religieuses. Presque trop beau pour être vrai, et pourtant.
« La troisième génération revendique cette double-appartenance, ils se sentent à la fois très juifs et très dominicains, souligne Adrien Walter, l’un des auteurs du web-documentaire. Ils ne sont pas l’un ou l’autre mais l’un ET l’autre. Ils sont très attachés à l’histoire et à la culture de leur grand-père, tout en étant fiers de leur héritage dominicain. C’est un exemple de fusion absolument remarquable. Il y a évidemment du racisme en République Dominicaine mais c’est une culture de tolérance et d’ouverture comme j’en ai rarement vue. Les gens se sentent libres de construire une identité plurielle ».
Kippa sur la tête ou étoile de David autour du cou, les enfants et petits-enfants de migrants juifs évoquent leur gratitude envers la République Dominicaine pour avoir accueilli leurs aïeux et leur permettre de vivre leur identité sans discriminations, si bien que même le maire de la ville, Ilana Neumann, est descendante d’un réfugié juif. « Aujourd’hui, on compte une cinquantaine de membres dans la communauté juive de Sosua, poursuit Adrien Walter. Il y en a beaucoup plus sur le reste de l’île et à Miami car de nombreux jeunes font le choix d’aller étudier à Saint-Domingue ou aux Etats-Unis. Mais même en allant étudier ailleurs, ils passent une bonne partie de l’année à Sosua, ils y sont très attachés. Il y a une école juive, une synagogue, un rabbin et ils se retrouvent tous pour les fêtes juives. C’est comme une grande famille ».
► Le web-documentaire « Shalom amigos » est disponible en ligne sur www.ina.fr/web-documentaire
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