WASHINGTON (JTA) – La représentante républicaine de Géorgie Marjorie Taylor Greene, qui a été critiquée dans le passé pour ses alliances avec des tropes et des influenceurs antisémites, a expliqué son vote contre un projet de loi visant à définir l’antisémitisme en disant qu’il rejette « l’évangile » selon lequel « les Juifs » ont livré Jésus à ses bourreaux.
L’opposition de Greene au projet de loi adopté mercredi par la Chambre des représentants des États-Unis intervient à un moment où de nombreux conservateurs embrassent de vieilles théories chrétiennes antisémites.
Ainsi, Candace Owens, une influenceuse conservatrice, a récemment mis fin à sa collaboration avec Ben Shapiro, un juif orthodoxe qui dirige un média conservateur, en partie à cause de ce qui semblait être l’adhésion d’Owens à des tropes antisémites chrétiens, notamment l’idée que les juifs boivent du sang.
Le projet de loi définit l’antisémitisme dans le but de l’utiliser pour traiter les plaintes adressées au gouvernement fédéral concernant les violations des droits civils des juifs. Il a suscité certaines des critiques les plus sévères de la part des milieux progressistes, qui craignaient qu’il ne restreigne de manière inappropriée toute critique à l’égard d’Israël, telle, selon eux, les manifestations organisées sur les campus pour protester contre la guerre entre Israël et le Hamas.
Cependant, dans une publication sur X, Greene a exprimé une préoccupation tout à fait différente : le projet de loi menacerait l’expression chrétienne.
« L’antisémitisme est répréhensible, mais je refuse de voter aujourd’hui pour l’Antisemitism Awareness Act of 2023 (H.R. 6090) en vertu duquel un chrétien peut être condamné pour antisémitisme parce qu’il croit à l’Évangile selon lequel Jésus aurait été livré à Hérode pour être crucifié par les Juifs », a-t-elle déclaré. « Lisez le texte du projet de loi et les exemples contemporains d’antisémitisme comme le numéro 9. »
Greene a publié deux images dans son tweet : L’une montre la partie du projet de loi qui adopte dans le cadre de sa définition de l’antisémitisme les 11 « exemples contemporains d’antisémitisme » dans la définition de l’antisémitisme établie par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA).
La deuxième image présente le neuvième exemple, à savoir « l’utilisation de symboles et d’images associés à l’antisémitisme classique (par exemple, l’affirmation selon laquelle les Juifs ont tué Jésus ou la diffamation du sang) pour caractériser Israël ou les Israéliens ».
Son collègue républicain d’extrême droite, le député Matt Gaetz de Floride, a expliqué qu’il avait lui aussi voté contre dans des termes similaires sur la même plate-forme. « L’Évangile lui-même répondrait à la définition de l’antisémitisme selon les termes de ce projet de loi ! », a écrit Gaetz, qui a ensuite cité des passages du Nouveau Testament où les Juifs sont accusés collectivement d’avoir tué Jésus.
Dans les années qui ont suivi la Shoah, de nombreuses communautés chrétiennes ont minimisé ou, dans certains cas, répudié la croyance entretenue pendant des siècles selon laquelle les Juifs étaient et restent collectivement responsables du meurtre de Jésus. L’accusation de déicide a toujours été considérée comme l’un des moteurs les plus puissants de la violence antisémite et, en 1965, l’Église catholique a formellement rejeté l’accusation selon laquelle les Juifs avaient tué Jésus.
Ces dernières années, on a cependant assisté à la réapparition de cette accusation comme une cause à défendre parmi certaines sectes chrétiennes d’extrême droite. Elle a inspiré le film de Mel Gibson « La Passion du Christ », sorti en 2004, qui a suscité l’indignation des juifs.
En 2021, le pape François a restreint l’utilisation de la messe en latin, une forme de liturgie privilégiée par les catholiques traditionalistes qui appelle à la conversion des Juifs et qui, jusqu’en 2008, faisait référence à la « cécité » des Juifs. Il a invoqué la popularité croissante de cette messe, craignant que cela ne porte atteinte à Vatican II.
Ce ne sont pas les premiers démêlés de Greene avec des organisations juives. Dans le passé, elle a été critiquée, entre autres, pour avoir adopté une théorie selon laquelle la famille Rothschild utilisait des lasers spatiaux pour allumer des incendies en Californie, et pour avoir vaguement invoqué la Shoah pour décrire ce qu’elle percevait comme des injustices commises à l’encontre des conservateurs. Elle a également pris la parole lors d’une conférence organisée par Nick Fuentes, un négationniste et un antisémite reconnu.
Au total, 21 républicains et 70 démocrates ont voté contre le projet de loi sur l’antisémitisme mercredi. Elle a été défendue par le président de la Chambre des représentants, le républicain Mike Johnson, que Greene a déclaré qu’elle essaierait d’évincer la semaine prochaine.
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