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UN FILS ÇA COMPTE ENORMEMENT - Par Bob Oré Abitbol

UN FILS ÇA COMPTE ENORMEMENT

Par Bob Oré Abitbol

À Simon mon fils

Il y avait une fois un garçon pas comme les autres !

Il lisait, écrivait, créait, inventait du matin au soir et du soir au matin : des films, des livres, des bandes dessinées, des désirs désordonnés et des désordres désirés.

Des films et des livres et des songes songés et des idées éclatées… Il ne s’arrêtait que lorsque ses yeux se fermaient et qu’il n’en pouvait plus.

Quelquefois il allait s’allonger, s’endormait et rêvait.

Des montagnes et des vallées lui apparaissaient, des plumes qui volaient, qui tombaient comme de la pluie un soir d’été, des paysages lunaires et des gens se promenant au milieu de cauchemars organisés.

Ainsi C.i.e.l.o (un anagramme) naquit et Lunacy aussi.

Depuis sa plus tendre enfance, il fabriquait des contes à dormir debout, des histoires sens dessus dessous, surtout quand il était saoul de joies et de tendresse.

Il réinventait le monde, mettant en scène toutes celles et tous ceux qui passaient ou tous ceux et toutes celles qu’il rencontrait.

Après avoir avalé des milliers et des milliers de feuilles, il s’asseyait, il fumait et sortait un beau bouquin bien rond de sa tête carrée de zombie décontracté.

Après il se sentait mieux, mais tout de suite après l’envie le reprenait. Il fallait qu’il sorte de sa tête de son corps, de son cœur tout ce qui s’accumulait sans compter. Il était comme ça !

Après il se sentait mieux. Vidé, mais il se sentait mieux ! affamé aussi. Affamé de lectures, affamé de savoir, avide de connaître, curieux par nature, heureux de raconter, de réinventer la vie et l’espace et le temps et tout ce qui lui faisait envie parce qu’il était comme ça et l’on ne pouvait pas le changer.

Et lui était heureux d’être ainsi, différent, fou et sage, raisonnable et déraisonnable, lunaire et terrien à la fois et il aimait ça

Alors il lisait encore et sortait un paquet de pages bien rondes ou flyées selon les jours ou les années. 1,2,3…

Et quand tout était comme il le voulait, il dansait une ronde effrénée, il chantait, il jouait.

Trompette et caramboulette, un jour il poussa un cri de joie qui fit trembler tout son quartier tranquille normalement : bientôt c’était son anniversaire !

Il décida de lire encore plus, d’écrire encore d’avantage pour grandir encore plus et ne pas vieillir.

Alors il se mit à écrire encore et encore, à inventer et réinventer et un jour miracle : 10 livres, 20 films, des bandes dessinés, des albums à colorier, des moustaches d’officier, une barbichette de pompier : un … deux… trois !

et l’oiseau s’est envolé.

Ainsi passait le temps et passaient les années : chaque saison un projet de plus, une idée géniale qui poussait l’autre et qui l’envoyer valser dans un petit coin, comme un point de côté.

Tout le monde était muet d’admiration devant tant de créativité, d’ingéniosité et voulurent l’embrasser mais lui voulait juste jouer et danser et vivre et rire comme on rit quand on a dix huit ans et qu’on ne veut pas grandir, qu’on ne veut pas vieillir.

Puis il se mit à compter toutes les œuvres qu’il avait lui-même créées

1,2,3 jusqu'à 49 mais pas moyen d’arriver jusqu'à 50.

Il compta ses amis, il compta sa famille, il compta ses voyages et même ses petites amies. Il s’aperçut qu’après avoir accumulé pendant des années, il fallait maintenant soustraire. Il allait à l’avant de l’arrière sans se mettre en colère, recréer la terre, le ciel et l’univers et vivre à l’ endroit de l’envers à l’envers de l’univers et vivre d’avant en arrière ce qu’il avait jusqu’ici vécu d’arrière en avant sans être amer!

49, 48, 47, jusqu'à zéro.

Il comprit finalement le zéro, il comprit que rien ne compte sinon soit même. Qu’il faut s’aimer pour aimer les autres, qu’il faut apprendre à donner si on veut apprendre à recevoir, qu’il faut aimer sans compter car seul l’amour compte et cet amour, moi son père, qui l’aime depuis qu’il est né, je le lui donne sans compter !

simon ore

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