Nous entamons une série de reportages sur la communauté juive au Maroc: son histoire, sa culture, son rôle économique, son influence… Ce deuxième épisode est consacré au musée du judaïsme marocain de Casablanca. Souvent méconnu du grand public, ce dernier vaut le détour: il est le premier musée juif dans le monde arabe et renferme une importante collection d’objets de culte juifs marocains.
Ce jour-là, nous avons rendez-vous avec Zhor Rehihil, conservatrice du musée du judaïsme marocain de Casablanca depuis 2002. Elle nous ouvre les portes de l’espace, fermé depuis le premier confinement en mars dernier, comme la plupart des lieux culturels (cinémas, bibliothèques, etc). Passionnée par la « judaïca marocaine » (objets de culte du judaïsme marocain), Zhor Rehihil refait pour nous l’histoire du premier musée juif dans le monde arabe.
« A l’origine, le bâtiment était un orphelinat juif construit en 1948 qui porte le nom de « Home d’enfants Murdoch Bengio ». Il a fonctionné jusqu’aux années 1970, puis dans les années 1980, il a été remplacé par une yechiva (centre d’étude de la Torah, ndlr). Le projet de création de ce musée a commencé entre 1995 et 1997″, détaille notre interlocutrice.
L’édifice qui s’étend sur une superficie de 600m2, a été réaménagé par l’architecte Aimé Kakon en 1995-1996.
L'orphelinat fut construit en 1948 par Célia Bengio (en noir sur la photo) à la mémoire de son défunt époux Murdock Bengio.
Célia Bengio, en compagnie d'éducatrices et d'enfants.
Crée et géré par la Fondation du Patrimoine Culturel Judéo-Marocain, ce musée existe « surtout grâce à l’initiative de quatre fondateurs: feu Simon Lévy, feu Jacques Tolédano, feu Boris Tolédano et Serge Berdugo », tous les quatre des personnalités importantes de la communauté juive marocaine.
Répartie en trois salles, l’exposition permanente du musée rend hommage au patrimoine juif marocain à travers une série d’objets de la judaïca marocaine, ainsi qu’à la diversité des synagogues marocaines et leur intérieur.
Hors période covid-19, le musée et sa fondation « travaillent beaucoup avec la société civile, les écoles marocaines et les écoles juives, les collèges, les lycées, les universités ». « On travaille beaucoup avec les étudiants marocains car aujourd’hui dans presque toutes les universités marocaines, il y a des départements dédiés au patrimoine marocain. On reçoit souvent des étudiants marocains qui travaillent sur le judaïsme marocain », informe Zhor Rehihil.
Et d’ajouter: « Depuis 1997 jusqu’à l’année dernière, nous avons réalisé une série d’expositions d’arts plastiques, de photos, de peintures, des projections de films, des expositions qui ont un lien avec les fêtes et les traditions juives. On a essayé d’expliquer les cérémonies judéomarocaines religieuses au public marocain de confession musulmane et aux touristes étrangers. Plusieurs conférences sur l’histoire des juifs du Maroc ont été organisées dans des villes, des villages, des universités au Maroc, mais aussi à l’étranger, en Europe, aux Etats-Unis… Partout dans le monde, on a monté des journées et des semaines sur le judaïsme marocain ».
Aujourd’hui, le musée reste tristement fermé en raison des dispositions prises dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire. Il reste toutefois disponible à la visite sur rendez-vous.
Adresse: 81, Rue Chasseur Jules Gros, Oasis-Casablanca. Tél: 05 22 99 49 40.
E-mail: fondationmusee@yahoo.fr / casajewishmuseum@gmail.com.
Tarif: 50DH/personne.
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