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Vol AF 072. Un voyage pas comme les autres, par Victor ihyia Assouline

                         Vol AF 072. Un voyage pas comme les autres.

                                                              Victor ihyia Assouline

                                         Le hasard, c’est Dieu qui voyage incognito. A Einstein

A Marrakech, les  professeurs Aziz  Kharchafi et  Mahmal Lahoucine sont d’accord.

 Les dommages subis dans la moelle osseuse dus à un problème sanguin sont énormes et doivent être remédiés le plus vite possible.

La médecine au Maroc est excellente mais les soins sont couteux donc je dois  prendre la décision de me faire soigner à Los Angeles. Nous sommes le jeudi 3 décembre.

Le Maroc ferme ses frontières devant une résurgence de Covid mais il y a un vol spécial le 5 décembre pour Paris. Et un siège restant.

Tous mes amis de la résidence s’affairent. Zineb et  Lahcen s’occupent des billets et Hasna me remplit un petit sac avec un minimum de choses. Rien de lourd, je ne peux rien porter.

De toute façon je rentre bientôt. N'est ce pas ?

Leila ma muse numero 1, elle, s’occupe de mes passeports et surtout de la petite trousse de médocs que je prendrai en cas de crise. La morphine en pilule me rassure.

Bien sûr, j’ai le dos fracassé en mille morceaux.

Elles organisent un lunch d’adieux ou plutôt d au revoir. C’est ce que tout le monde me dit.

Victor soigne toi vite et reviens nous. Sans prétention je sens beaucoup d’amour autour de moi. Nous sommes devenus une petite famille.

Salades libanaises, tangia, une énorme pastilla au poulet, tiramisu et mignardises de chez Amoud.

Une trentaine d’amis en tout qui me souhaitent un bon départ. Je rêve.

A l’aéroport, mes trois muses pleurent. Elles étaient avec moi chez les docteurs, elles savent que ça ne va pas être un voyage de plaisance ni un court séjour.

Une chaise roulante est réservée pour moi. Tiens. ! ! J’ai dû vieillir d’un coup.

Tout le monde porte des lunettes noires, ça cache les larmes plus facilement.

J’ai beaucoup voyage dans ma vie  mais ce voyage prend des allures d’adieux.

La chevauchée fantastique

A Paris, Claudia m’attend. C’est notre voisine d’été à Marrakech. Elle vient du fond de sa Bretagne pour m’aider dans la deuxième phase du voyage. C’est les ordres qu’elle a reçu des autres muses. Elle a réservé un hôtel en face de l’aéroporté la chaise roulante m’attend. 

Contrôle de police française. La jeune fille qui me pousse donne mon passeport marocain et ma carte verte.

Le douanier me dit que je n’ai pas de visa pour la France. Je lui dis que la carte verte sert de visa. Il me dit que non et que je ne peux pas aller plus loin sans ça.

J’ai toujours eu des problèmes de papiers dans ma vie. Depuis ma désertion en 68.

Je sors un vieux passeport israélien, périmé depuis 2012 et le temps à la fille. Le douanier a de la sympathie pour ce monsieur au visage secoue par la douleur. C’est évident. Il me regarde avec pitié, me rend les deux passeports et me fait signe de passer. Il n’a rien tamponne.

Je passe la nuit tant bien que mal. L’estomac me dérange et nous voilà à l’aéroport pour mon Paris los Angeles. Une chaise est là. Claudia va attendre que je sois dans l’avion pour prendre son TGV vers Rennes.

La douanière prend mon passeport Marocain.

 Vous êtes rentré comment en France, vous voulez sortir d’accord mais vous êtes rentré comment ?

 Je donne mon antique passeport israélien. Non seulement il est périmé mais il n Ya aucun tampon d’entrée. Mes yeux la suppliaient. Le temps  interminable

D’un geste, elle prend les deux passeports, les tamponne et me dit avec un sourire

Aujourd’hui je fais la cruche, bon voyage.

Les choses se simplifient enfin.

Le black qui poussait ma chaise avait tout vu, tout entendu. C’est votre passe partout  en pointant du doigt mon passeport Juif. Je n’ai rien compris

Pour une raison que je ne comprends toujours pas, il se trompe. On prend un train. Il revient à la case départ, on passe la securite.il me dit que le vol 072 n’a pas de porte aujourd’hui, qu’il va falloir descendre, prendre un bus et la, ma crise commence. Ils appellent ça frénétique je crois. Des couteaux me transpercent de toutes parts. J entend le black dire que c’est la fin de son service et me plante au beau milieu de tout, en marmonnant je ne suis pas ton larbin, on dirait qu’il  aime l’expression et la répète encore et encore…. Je suis pas son larbin moi…

 Et c’est là que Dieu Intervient en la personne d’un jeune marocain de Fez

Sidi, un beau gaillard, qui n’a pas encore les mauvaises manières des maghrébins francises. Lui c’est un vrai marocain  respectueux. Je t’amène à l’avion, ne t’en fais pas.

On sort sur le tarmac, un engin spatial nous attend. Mi ascenseur mi grue. On s’élève. Et la une course à la montre avant la fermeture des portes nous fais traverser les bas-fonds de l’aéroport de Roissy. On évite des avions, emprunte un souterrain. L’engin galactique arrive à la hauteur de l’avion. Des gens parlent.

Vous êtes sûr de pouvoir voyager. Ils ne vont pas me foutre dehors quand même. Sidi me porte la courte distance jusqu’ au siège 18 c. La morphine finit par faire de l’effet. Je sors un billet de 100 dollars,  il m’a sauvé la mise  Sidi. Il m’embrasse le front.

Baslâma khouya. Trek salama.

Assis, je me rends compte qu’en l’espace de 24 heures j’ai ressenti la gamme  entière de la nature humaine  Du meilleur et du pire.

Du coup, je m’aperçois que j’ai perdu mon chapeau akura, cadeau d’un grand ami, je m’en fous.

J’arrive à los Angeles, j attend que l’avion se vide, la chaise roulante m’attend. Elle se faufile dans les labyrinthes du Homeland Security. Je présente mon passeport marocain et ma carte verte. J’ai passé plus de deux ans en dehors des US donc elle n’est plus valide, je le sais, mais j’ai un ré entry permit. Bon à savoir pour ceux qui ne le savent pas. Une forme de passeport qui  permet de rester deux ans  en dehors. Je n’ai pas le permis lui-même mais un scan, le document lui est chez ma sœur. Pas valable me dit le philipino devenu citoyen, devenu haute autorité de mon sort. Il nous faut le document lui-même. C’est pas vrai ce cauchemar.

Je suis relégué dans un office au fin fond de l’aéroport. Ou je passe 2 heures.30 à poiroter. On appelle mon nom. Je me traine jusqu'au comptoir.

 On me rend mes papiers. La prochaine fois il faut avoir le document sur vous. Welcome home.

Epilogue

Avant de quitter Marrakech j’avais appelé notre amie Vanessa de Loya en lui demandant de me trouver un endroit pas loin des hôpitaux Cedars Sinai et des docteurs. Bob Oré s'est proposé car il est justement en déplacement, que chez lui est tout près des hôpitaux et qu’il m’offre sa maison  le temps  de voir plus clair

Je suis dans un état second quand j’arrive chez Bob. Son chauffeur est là. Il a préparé une tisane qui me réchauffe le corps et le cœur et se dit être à ma disposition pour quoi que ce soit. Il s’en va.

Et là je me retrouve devant un spectacle sensoriel d’objets, de peintures, de multitudes de livres, de gout.

L’âme de l’artiste est là. Le tout faisant un désordre artistique qui ferait rougir les meilleurs Internet designers.

Je suis serein, je ne dors pas de la nuit mais je m’en fous.

Je pense à ma famille de Marrakech, mes muses Leila, Zineb, Hasna, Claudia et à ma famille ici. Mes amis Vanessa et Bob, Maurice, Jaco, Armand.

Je pense à leur amour inconditionnel envers moi et je pense qu’avec tout ce monde derrière moi. Leur générosité et leur compassion me permettra d’affronter  l’avenir.

 Les scans, mri, et les problèmes administratifs vont m’occuper jusqu’ au 4 Janvier date à laquelle le professeur Hamburg rendra son verdict. Quoi qu’il en soit j’ai la foi en Dieu et mon ange gardien sera là, à ouvrir le chemin.

 Chacun de nous a son propre ange gardien. Mais vous le saviez déjà !!

victorassouline48@gmail.com

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