Delphine Horvilleur : "Peut-être qu'être une femme puissante est subversif"
Appelez-la Madame le Rabbin ou Madame la Rabbine, c'est comme vous voulez les deux lui vont. Il y en a trois comme elle en France. Seulement trois dans un monde d'hommes. Elle est devenue la porte-voix des juifs en France. Delphine Horvilleur défend la tolérance, la raison, et la nuance.
Elle ne cesse d'interroger la place des femmes dans les religions. Ses conférences font salles combles à rendre jaloux ses détracteurs qui disent d'elle qu'elle serait la rabbin des people. Elle s'en moque.
La rabbin reçoit reçoit dans un appartement chaleureux rempli de livres et de jeux d'enfants sur un fauteuil un peu élimé par les griffes du chat. Delphine Horvilleur habite le Marais, un quartier qu'elle connaît bien qu'elle apprécie pour son côté "village". C'est situé à l'intersection entre "la partie gay et la partie juive, un lieu de rencontre, de passage, et il y a encore une ambiance à la "Rabbi Jacob" (le film de Gérard Oury de 1973 avec Louis de Funès) parfois" dit-elle. Avant d'avouer qu'elle fait la danse du film parfois avec ses enfants.
La rabbin a un sourire avenant et elle parle viteLes femmes soffrent du syndrome de l'imposteur
Delphine Horvilleur
Moi, une femme puissante ? Je sursaute un peu. Ce n'est pas du tout comme ça que je me serais qualifiée. Puissant, c'est un adjectif que je trouve toujours suspect. Il y a une certaine grâce de l'impuissance. Les femmes ont souvent été de ce côté-là. Et elle y ont trouvé de la force. Donc c'est un adjectif dans lequel je ne me reconnais pas vraiment.
Si les femmes ont du mal avec le concept d'être puissantes, c'est peut-être parce qu'on apprend très tôt aux femmes que c'est suspect explique-t-elle. Comme si être une femme puissante était quelque chose de subversif. Et elle croit que beaucoup de femmes souffrent du syndrome de l'imposteur : l'impression qu'elles ne sont pas à leur place, qu'il y aurait quelqu'un de plus habilité qu'elles à se trouver là où elles se trouvent. Nous sommes tous un peu des imposteurs, précise Delphine Horvilleur mais c'est un mot qui n'existe pas au féminin.
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